Confinement – Jours 8, 9 et 10

Journal d’un isolement

Se confiner : S’enfermer, être enfermé dans un lieu (Larousse). La seconde semaine de confinement démarre. Avec son lot de nouvelles habitudes. Et parfois une colère. Journal des jours 8, 9 et 10 de l’isolement.

Jour 8

Lundi 23 mars

En perte des repères habituels – école, rendez-vous pro – je m’emmêle dans le décompte des jours de confinement. Légalement ce lundi 23 mars n’est que le jour 7 de l’isolement. Mais pour nous il a commencé le lundi 16 mars car c’était le premier jour sans école. Et pressentant le confinement, c’était aussi une journée particulière pour trouver de la nourriture et réussir à faire venir Yuri de Bordeaux. C’est donc bien le 8ème jour de cette période surréaliste pour nous…

La semaine commence comme un lundi, par le travail. À distance. Et c’est une mission complexe. C’est difficile car je continue de travailler sur des projets qui ne verront peut-être jamais le jour si la crise sanitaire perdure et si la crise économique se confirme. La motivation s’en trouve légèrement diminuée… Malgré cela, j’avance en m’accrochant à mon bullet journal où je continue de lister les tâches. Dès que mon esprit divague ou ralentit, je m’y plonge pour exécuter une à une – presque machinalement – les missions inscrites. A priori, tout le monde n’est pas dans cette dynamique : la plupart de mes mails restent sans réponse. Cela n’aide pas pour avancer…

Trouver du sens

Mais la difficulté majeure réside dans le sens même de mon activité au sein de cette crise. Je ne sauve pas des vies, je ne participe pas à l’effort avec un travail nécessaire à la survie. Je bosse dans la communication… Un secteur non essentiel aujourd’hui. Une activité en pause. Une action bien futile aujourd’hui. Mais pour ne pas perdre la tête, je continue. Jusqu’à quand ?

La bonne nouvelle de la journée, c’est la livraison de ma Vrac Mobile préférée. J’ai passé commande hier via leur site et j’avais compris que la livraison serait le lundi suivant (en 8 comme disent les plus de 45 ans !). Plutôt logique quand on passe une commande un dimanche, jour non travaillé et veille de la livraison hebdo. Et bien non ! Ces jeunes femmes formidables qui défendent une autre manière de vivre, de consommer. Qui s’accrochent à ce paradigme coûte que coûte, sans compter leurs heures de travail, ni leurs faibles revenus… Ces héroïnes ont préparé ma commande et j’ai eu la chance d’être livré hier ! Un geste réconfortant : elles sont formidables. Un ravitaillement qui me libère de la réalisation de menus avec le peu qui nous restait : nous sommes riches en farine, pâtes, quinoa, semoule, produits d’entretien, graines, poudre d’amande, papier toilette !

Jour 9

Mardi 24 mars

90% de mes mails envoyés hier sont toujours sans réponse. Une interview par téléphone a été annulée. Une autre est reportée jusqu’à la fin de la crise… Je me réunis donc avec moi-même et décide de ne pas travailler aujourd’hui !

Pour ne pas me laisser envahir par des pensées angoissantes, je me concentre sur les petites choses agréables de la vie. Mon père qui comprend qu’il doit me faire une photo de la fenêtre de sa maison alors que je pensais à celle de son ordi vu que l’on parlait logiciel. Le soleil sur mon dos pendant la promenade du poilu. Ses manies ridicules. Comme tenter de grimper à un arbre pour chasser un écureuil… S’il n’existait pas, il faudrait l’inventer.

Choisir c’est renoncer

Le reste de la journée, je prends de grandes décisions. Je ne regarderai plus les actus à la télé. Nous mangerons curry de volaille et légumes ce soir accompagné de riz et naans maison. Je m’attèle à la tâche. Avec la poudre d’amandes livrée la veille par la Vrac Mobile, j’essaye aussi la recette de cake au chocolat trouvée sur le site Papilles et pupilles et tiré de Pâtisseries Maison de Florence Edelman. On se régale. Son site regorge de recettes très pratiques en temps de disette : que faire avec une boite de thon ou de sardines par exemple. Et comme je ne travaille pas, je fais en plus une compote. Les enfants ne mangent pas de fruits. C’est générationnel selon les études sociologiques que j’ai mené auprès de mon entourage. Qu’a t-on manqué dans notre éducation alimentaire ?!

JOUR 10

Mercredi 25 mars

Je pars en mission ! Au supermarché… Car nous manquons de frais et les services « drive » propose des créneaux dans plusieurs jours… Au supermarché, nous sommes cantonnés dans le hall à attendre. L’un des employés nous fait entrer au compte-gouttes. J’attends mon tour. Les visages sont fermés. À l’intérieur, les rayons ne sont pas trop vides. Excepté pour la levure boulangère et les ferments lactiques. Dommage quand on fait son pain et ses yaourts… Il m’en reste un peu. J’improviserai plus tard.

Un gouvernement en or

Si je ne regarde plus la télé, je lis encore la presse en ligne. Et ça me met en colère. Quel que soit notre bord politique, nous pouvons comprendre qu’une telle crise doit être difficile à gérer. Mais ils pédalent bien dans la semoule quand même. Le dévouement des services médicaux ne suffit pas à pallier le manque de moyens financiers, logistiques, humains de notre système de santé. Ce n’est pas faute d’avoir été alerté par le corps médical depuis des années.

Et où sont les masques ? Ce n’est pas malheureusement pas le titre d’une nouvelle chanson de Patrick Juvet. J’aurai préféré… Quant aux contradictions aussi fulgurantes que l’élocution de Madame Pénicaud… Les ouvriers du BTP doivent travailler, les employés d’Amazon aussi mais pas les libraires ? Je vous conseille cette tribune signée de nombreux auteurs, directeurs de maison d’édition, libraires : Pour le boycott d’Amazon ! Pour un soutien massif au secteur du livre ! Ce texte exprime parfaitement ma pensée. Surtout, Il a le mérite – contrairement à mon ressenti – de ne pas employer de gros mots.

Va tousser dans ton coude !

Pour distraire ma colère, je me motive pour reprendre le boulot. C’est parti pour envoyer des mails auxquels personne ne va répondre ! Avec des temps de pause tricot, scrabble via l’appli avec ma cousine Co ou mon amie Laurence, couture (la baleine, la baleine !) et broderie. La délicieuse Lucile aka Brode pute, qui m’a convertit à la broderie avec ses textes brodés malpolis ou féministe, a mis en ligne une grille fleurie téléchargeable gratuitement pour broder : Va tousser dans ton coude. Tout est dit ! J’ai commencé à la suivre sur Instagram suite aux bons conseils de ma copine Blanche. Je vous conseille d’en faire autant pour égayer vos journées confinement. Et pourquoi pas vous mettre à la broderie. Il suffit d’un fil, d’une aiguille et d’un bout de tissu. Prenez soin de vous.

Grille borderie brode pute

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