Journal d’un isolement
Se confiner : S’enfermer, être enfermé dans un lieu (Larousse). Devoirs sous contrôle, travail en progrès, réapprovisionnement organisé. On commence à être au point pour cette quatrième semaine de confinement. Enfin, presque…
Jour 22
Lundi 6 avril
La quatrième semaine de confinement (déjà ?!) démarre par de la pluie. En plus de la reprise du boulot ET des devoirs, cela fait beaucoup pour la pauvre petite confinée que je suis… Attendu que le poilu se moque bien du taux d’humidité, je finis par aller le promener après avoir un peu bossé. J’utilise l’attestation en ligne mise en place par le gouvernement. Très pratique. Je ne suis pas dupe, je sais que cette dématérialisation fait mouliner des serveurs et n’est donc pas sans impact sur l’environnement. La démarche a le mérite d’économiser de l’encre et du papier de millions de personnes. Quant au risque de collecte de mes données… Ils ont mon nom, mon adresse, ma date de naissance et le jour et heure de ma sortie. J’espère pour eux qu’ils ont des informations plus importantes à collecter…
La positive attitude
Comme toujours la balade a le don de dégourdir nos pattes mais aussi me rafraichir les idées. Je réalise que la pluie représente une bonne nouvelle car elle a le mérite de :
- Arroser les plantes du jardin
- Nettoyer les voitures et les extérieurs du pollen jaune déposé ces dernières semaines.
- Reporter la tonte de la pelouse et l’épilation de mes jambes envisagés après ces quelques jours de beau temps.
- Garder confinés à l’intérieur les enfants du voisinage.
- Garder confinés les idiots qui n’ont pas compris la définition de confinement.
Bref que des incidences positives !
Sans Violette, la journée s’organise autour de mon travail et des devoirs de Joseph. Le planning écrit semble fonctionner, je pense que nous sommes à jour. Pourtant, je reste inquiète d’oublier une consigne, un exercice et de recevoir un nouvel appel de professeur. Cette angoisse ne déborde pas sur Joseph qui reste détendu. La routine.
Bilan de la journée
Yoga : 1. Et cette reprise fait du bien à mon corps trop souvent stationnaire devant un écran.
Boulot : la durée du confinement a le mérite paradoxal de réveiller certaines personnes qui se remettent au travail. Donc ça avance !
Réapprovisionnement : 1. Le lundi, c’est la livraison à domicile de la Vrac mobile. Fruits secs, percarbonate de soude, pâtes, farine, vinaigre blanc et rouleaux de PQ, productions locales et bio sans emballage, tout en respectant le confinement et les gestes barrière.
Cuisine : régressive avec un bon jambon-purée des familles. Une purée maison, mon accompagnement préféré.
Digression culinaire
Je n’ai jamais compris la difficulté pour certaines personnes de réaliser une purée maison. Il suffit d’éplucher des patates – 5 mn et effet apaisant garanti. De les faire cuire dans de l’eau salée – 10 à 15 mn que l’on peut occuper à autre chose. Puis les écraser à l’aide d’un presse-purée avec une bonne cuillère de beurre et / ou de crème. Qu’est-ce qu’il y a de long ou de difficile ? Je n’ai jamais acheté de sachet de purée lyophilisé car j’aime la vraie purée. Une fois, Yuri m’a demandé d’en acheter pour les jours où il déjeune seul. Évidemment, je lui ai répondu avec toute la mesure qui me caractérise : « Moi vivante, aucun sachet de purée industrielle ne franchira le seuil de cette maison ! ».
Jour 23
Mardi 7 avril
Levée tôt. Le temps est gris mais reste sec pour notre tour en forêt avec le poilu. Je me remets au travail. Certains jours, c’est très facile. D’autres plus compliqué. J’ai l’habitude du télé-travail. Et j’aime cette manière de faire. Ma maison est mon cocon donc je suis heureuse d’y rester. L’espace bureau aménagé sous l’escalier est à mon image : colorée, organisé et bien occupé. J’aime être seule. Et l’absence de collègues et de distraction augmente indéniablement l’efficacité.

J’ai appris aussi au fil des années à écouter mon humeur de travail. Désormais j’arrive sans culpabiliser à lâcher l’ordi pour faire autre chose si je n’arrive pas à avancer. Tâches ménagères, cuisine, lecture, balade avec le chien… Ces temps de pause professionnels me permettent de prendre du recul sur un article en cours, une idée, une organisation. Combien de fois, j’ai écris les premiers mots d’un texte dans ma tête en pleine forêt alors que je butais dessus depuis de longues heures face à l’écran ! Bien plus efficace que de faire semblant vissée à mon bureau à attendre que l’inspiration revienne.
Travailler moins pour mieux bosser
Évidemment, il faut rester vigilent pour que les temps de pause ne soient pas plus importants que les plages de travail. Et suivre un minimum des horaires conventionnels. Lorsque j’étais journaliste indépendante plus jeune, je pouvais travailler le soir et les week-end. Cela m’arrive encore parfois en période chargée mais j’essaye d’éviter. Car finalement, cela revient à bosser du matin au soir et 7/7 jours. Dans ce cas l’indépendance ne représente plus un luxe mais de l’esclavage. Et j’ai enfin compris après 20 ans de pratique que les coupures permettent vraiment de se ressourcer. De se vider la tête. De laisser poser les projets. Et par conséquent d’y retourner avec plaisir avec un cerveau frais et dispo.
Confinement et travail
Ce délicat équilibre – travailler de 9h à 18h, 5 jours par semaine – est encore plus difficile à tenir aujourd’hui. L’angoisse de l’après, les devoirs des enfants, les projets menacés… Difficile de rester concentrée plusieurs heures. Parfois j’y arrive. Mais pas toujours. Dans ce cas, je multiplie les courtes pauses. Pour ne pas ruminer mon inefficacité. Afin de ne pas faire souffrir encore plus mon esprit malmené par les perturbations de cette période inédite. Je m’accroche à mon bullet journal où je liste dans des plannings journaliers, hebdomadaires et mensuels ma To do list. Cliquer, écrire, faire, cocher, prendre une pause. Comme un robot. Parfois.
Modeste participation à l’économie française
Comparé à la mission des soignants ou au travail de ceux qui nous nourrissent, je me suis interrogée sur le sens de mon boulot dans la communication. Cette remise en cause participe certainement à mon manque de motivation. Comme pour tous les travailleurs à distance. Nous ne sauvons pas de vies. Nos missions ne sont pas essentielles à notre survie. Pourtant, nous participons à notre manière à la poursuite de la vie, au maintien de l’économie.
Je travaille par exemple sur la réalisation d’un magazine à paraître. Si je ne le fais pas, l’imprimeur n’aura pas ce travail. Je bosse aussi pour la communication d’un surf camp. Qui en aura bien besoin au moment de la reprise ! Et cette crise a le mérite de me faire réfléchir sur le sens à donner à mes projets de communication. L’information à outrance, la désinformation, le marketing providentiel que nous subissons depuis quelques semaines me poussent encore plus à me tourner vers l’authenticité des messages.
Matin et soir
Je me suis rendue compte que mon max de concentration se situait en ce moment tôt le matin ou en fin de journée. Le matin, les enfants dorment, je peux en profiter. Quant au second créneau, il est propice au travail lorsque je n’ai pas Violette. Car à ce moment-là, elle a fini ses devoirs. Elle est donc en ébullition d’idées d’activités. Construire des trucs dans le jardin et me demander des outils toutes les 2mn, faire de la gym en regardant la télé. Je ne sais pas si elle est hyperactive. Mais elle s’occupe toujours en faisant 2 choses à la fois. Et en parlant. Donc difficile de bosser à côté… D’ailleurs, elle revient ce soir. J’arrête donc de travailler !
Bilan de la journée
Yoga : 1. Je m’étire, je m’étire de ce confinement.
Cuisine : 0. Yuri s’est chargé du repas ce soir. Le préféré de Violette pour son retour. Le plus industriel de tous nos menus… Le cordon bleu – coquillettes ! Elle est contente, je me repose. Ne nous jugez pas.
Pain en cocotte : 4 ! Pas chez nous mais chez vous ! Merci pour vos retours et vos photos, j’adore. J’ai presque l’impression que l’on cuisine ensemble. C’est bon pour le moral. Comme j’ai été légère dans la restitution de la recette, voilà le lien pour suivre la vidéo du pain magique à la cocotte 😉
Lecture : je poursuis la lecture de mon roman. Et je me suis replongée dans un livre qui m’avait beaucoup marquée il y a quelques semaines : Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce. Cet essai prend encore plus son sens pendant cette crise. Le sous-titre – Réflexions sur l’effondrement – peut faire peur. Pourtant, il s’agit d’un livre inspirant et optimiste. Qui m’a fait du bien au cœur de la crise.
Très réussi ton coin bureau! Mais comment arrives-tu à faire autant de choses dans une journée! Je t’admire! Bon week-end de détente.
Haha je ne sais pas ! Peut-être un penchant hyperactif 😉 Bon week-end aussi !