Confinement / jours 26, 27 & 28 : Vive la famille

Journal d’un isolement

Se confiner : S’enfermer, être enfermé dans un lieu (Larousse). Presque un mois que les enfants et moi sommes isolés du reste du monde. Comme le reste du monde. Avec des effets sur la cellule familiale plus qu’inattendus… Journal de ce confinement en famille.

Jour 26

Samedi 11 avril
Pas de boulot, de devoirs et un grand soleil ! Nous passons la journée dans le jardin ! Enfin, surtout Violette et moi, les garçons dorment…
Dans l’après-midi, Joseph s’installe aux fourneaux pour réaliser la nouvelle recette de son cours de cuisine : une charlotte aux fraises. C’est le premier effet positif et inattendu du confinement. Leur prof de cuisine leur demande de réaliser une recette par semaine. Ainsi, Joseph passe beaucoup plus de temps hors de sa chambre – et donc avec nous – qu’à l’accoutumée.

boudoirs Joseph cours de cuisine

Miracle du confinement 1 : Joseph parle

Il commence par la réalisation des biscuits à la cuillère. Le prof ne leur a pas donné de recette, ils doivent se débrouiller… J’avais déjà tenté celle de La cuisine de Bernard. C’était l’une des premières recettes postée sur ce blog. Ils étaient bons mais raplapla. On fouille ensemble sur le net et il choisit la recette de Mercotte. Je lui conseille de diviser les quantités pour ne pas se retrouver avec des centaines de biscuits. Et malgré cela, la pâte est conséquente !

Mon apprenti pâtissier galère à dresser la pâte sur la plaque de cuisson avec la poche à douille et me demande de l’aider. Voilà encore un effet positif inhabituel du confinement (et de la cuisine) : plutôt solitaire et taiseux, Joseph s’ouvre, discute, échange. Je ne relève pas ce changement. Je me contente d’en profiter.

Miracle du confinement 2 : ensemble

Quand je ne l’aide pas en cuisine, je poursuis, installée dans le jardin, ma broderie Fuck you de Brode Pute. Tandis que Violette fait des pirouettes dans le jardin ou joue avec son lapin. Le soleil brille. J’appuie sur le bouton pause pour savourer cet instant. Nous sommes ensemble, chacun à s’affairer. Tout en discutant cuisine, salto et pissenlits. C’est tellement bon.

Habituellement, le samedi, je fais le taxi pour Violette qui enchaine les activités tandis que Joseph reste dans sa chambre ou va voir un copain. Ce confinement représente une vraie pause dans nos vies trop remplies. Je sais qu’il provoque d’importantes souffrances pour de nombreuses personnes. Mais je m’autorise à savourer les effets bénéfiques qu’il peut aussi engendrer.

Miracle du confinement 3 : Yuri nous rejoint

Est-il vraiment utile de préciser que lorsque Joseph se met à jouer au ballon avec Violette et le poilu pendant la cuisson de chaque fournée de biscuits, je suis au bord des larmes ? Plusieurs fois, je manque de me prendre le ballon en pleine tête. On est tellement bien.

Je tente de prolonger cette communion familiale en proposant de louer un film après le diner. Tout le monde est partant. Y compris Yuri – qui s’est réveillé entre temps. Je trépigne de joie intérieurement. Les enfants choisissent le dernier opus de Jumanji. Avec le maïs bio acheté aux Jardins de Castelnau, je fais du pop corn sucré et caramel en suivant la recette de Papilles et Pupilles. Très facile et excellent ! On se régale. Les enfants se moquent de moi car je ne comprends pas qui est qui dans le film. Depuis le début du confinement, la situation inédite et surréaliste nous donne parfois l’impression d’être dans un mauvais rêve. Ce soir aussi à l’échelle de ma famille. Mais le rêve est doux.

Jour 27

Dimanche 12 avril
Violette est repartie chez son papa et les garçons dorment. Le repas familial de Pâques s’annonce calme. Peu importe, nous l’avons déjà célébré la veille du lancement du confinement en partageant l’agneau !

Dimanche Cocktail

Le dimanche, nous avons l’habitude de faire un brunch pour déjeuner tous ensemble à l’heure espagnole. À 13h30, je propose à Joseph de remplacer notre traditionnel smoothie maison par un cocktail qu’il doit réaliser pour son cours de service au lycée. Après la recherche d’une recette, nos échanges sur les ingrédients et leurs combinaisons, les pesées, la réalisation, la présentation et la photo pour rendre son devoir… Il est 16h ! Toujours pas de brunch mais encore un excellent moment en cuisine avec mon fils.

cocktail sans alccol made by Joseph
Sirop de grenadine, jus frais orange, pamplemousse, banane, sorbet de citron vert.

Je le découvre curieux, patient, perfectionniste. L’apprentissage de la cuisine le transforme. Et il grandit. Pour façonner leur panoplie d’adulte, les adolescents retiennent ce qu’ils veulent de notre éducation. Et ils ajoutent leur « pâte ». Parfois avec de bonnes et mauvaises surprises. Comme un nouveau miracle de la nature, cette transformation est toujours magique pour un parent. Jusque là, tout va bien.

Omelette de Pâques

On finit par ressentir la faim donc je me mets à préparer le brunch. Comme c’est Pâques, je remplace nos traditionnels œufs brouillés par une omelette à l’aillet. C’est la première fois que j’en cuisine. Je les ai acheté lors de ma commande aux Jardins de Castelnau. J’essaye d’acheter le plus local possible. Et ces légumes-tige, jeunes pousses d’ail que l’on ne laisse pas arriver à maturité en faisaient partie. Leur culture est répandue en Aquitaine.

En cherchant des recettes à réaliser, je suis une nouvelle fois tombée sur le site de Papilles et Pupilles qui proposait une omelette à l’aillet, traditionnellement réalisée pour Pâques. Parfait pour remplacer le gigot d’agneau et pour le brunch, avec les œufs également achetés aux Jardins. Et c’était délicieux. Tout comme le cocktail – sirop de grenadine, jus frais oranges, pamplemousse, banane, sorbet citron vert – de Jo en apéro !

Brunch avec homemade pain, cocktail, omelette à l'aillet

En déjeunant à 16h30, l’après-midi se termine vite. Nous vaquons à nos occupations puis nous finissons par dîner à 22h… Le manque de contact avec l’extérieur et l’absence d’enfants en bas-âge accentuent la perte de repère chronologique. C’est le week-end, rien de grave.

Jour 28

Lundi 13 avril
Jour férié, plus que bien accueilli pour prolonger le week-end. Et faire ainsi un break de boulot et de devoirs ! Je commence quand même la journée par bosser un peu. Bizarrement, je suis plus inspirée sans obligation.

Je finis par aller balader le chien en forêt qui est vraiment patient. Depuis le confinement, j’ai perdu l’habitude de le sortir après avoir déposé les enfants à l’école. Parfois c’est plus tôt. D’autres fois c’est en fin de matinée comme aujourd’hui. Il attend sagement. Lève la tête quand je bouge puis se recouche s’il voit que je ne me chausse pas. Sans trépigner ou gémir. Ce poilu est vraiment un compagnon idéal. De vie et de confinement.

L’après-midi, même tempo que le reste du week-end. Jo repart en cuisine pour fabriquer les biscuits à la cuillère de la charlotte tandis que je brode mon Fuck You. Il s’en sort mieux même si le résultat visuel n’est pas encore parfait. Le goût est là, cela ira très bien pour la charlotte, reportée à demain vu l’heure.

Score d’audience

Comme plus de 23 millions de Français, nous écoutons le président à 20h. C’est reparti pour un mois de plus. Mais avec un espoir de reprise à partir du 11 mai. Avoir une date, une échéance change tout, je trouve. Yuri sort de sa discrétion pour la première fois depuis le confinement. Il ne voit pas où elle le problème de cette prolongation. Sauver des vies le justifie. Quant aux gens qui râlent à propos de l’isolement, il remarque que ce sont les mêmes qui pestaient avant la crise parce qu’ils devaient aller bosser. Il compare leur attitude à celle de lui et son frère petit. Quand ils râlaient pour aller prendre leur bain. Et râlaient pour en sortir. Cette analogie pertinente me fait réaliser que les gens peu bavards en général ont le mérite de dire moins de bêtises quand ils se mettent à parler. 

Bilan du week-end

Ambiance Pâques : pas de chocolat dans le jardin. Prévue le dimanche matin avant le départ de Violette, la séance a été reportée ultérieurement suite à la pluie combinée aux grasses matinées des garçons. Je suis habituée à faire Noël parfois le 30 décembre. Je ne suis pas (plus) une maman traumatisée par ces décalages de festivités.

Bricolage : ménage, broderie, tricot. Et tonte de la pelouse. Big up à mon papa qui a fait sa première visio conférence pour que je lui montre ma tondeuse et qu’il trouve où y mettre de l’huile 😉 C’est aussi ça l’enseignement à distance !
Cuisine : boudoirs et cocktails de Jo ! Et parmi les plats et sucreries du week-end : yaourts à boire à la fraise, omelette à l’aillet, couscous, pop corn, pâtes à la carbo, tarte épinards chèvre, crudités (oui parfois on mange des légumes) avec salade, avocats, carottes rapées, graines. J’ai refait aussi un pain en cocotte. Et j’ai adoré recevoir vos nouvelles photos de pain. Joseph, de nature discrète, ne voyait pas l’intérêt de partager notre quotidien via le blog. Pourtant, il a aussi apprécié ces échanges. Une interactivité intergénérationnelle pendant le confinement et autour de la cuisine. Peu importe le media ou le sujet, partageons plus que jamais.

pain cuit à la cocotte

 

 

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