Too Good To Go

J’ai adopté l’Appli anti-gaspi alimentaire

À défaut de pouvoir sauver le monde d’ultra-consommation dans lequel nous évoluons, je poursuis humblement mon cheminement vers une vie plus censée et modeste. J’utilise depuis quelques mois l’application Too Good To go ! Lancée en 2016 par une jeune Scandinave, elle permet aux commerçants de mettre en vente leurs invendus du jour et aux consommateurs de les acheter à moindre coût. Des produits alimentaires principalement. Je l’avais téléchargée au moment de son lancement mais pas utilisée car le nombre de commerçants participants dans mon coin du Sud des Landes n’étaient pas très conséquents. J’avais fini par la désinstaller.

Aujourd’hui, je suis toujours dans le Sud des Landes mais dans une commune plus importante. Et l’appli, après quelques années, a conquis plus de commerçants. Je l’ai donc réinstallée et cette fois, je l’utilise !

panier too good to go boulangerie snacking
L’un des derniers paniers Too Goog To Go réservé en boulangerie !

Le fonctionnement de Too Good To Go

Le principe est simple : après avoir créé votre compte, il suffit de géolocaliser les commerçants qui proposent leurs invendus du jour. En général, le panier anti-gaspi d’une valeur de 12 € est vendu 3,99 €. Le contenu est surprise en fonction des invendus du jour. L’appli précise l’adresse du commerçant, le nombre de kilomètres qui vous sépare et les heures de récupération du panier. Si tout vous convient, vous payez en ligne. Pendant la tranche horaire indiquée, vous allez récupérer votre panier en montrant votre réservation sur votre téléphone. Vous pouvez ensuite noter le commerçant sur la valeur et la qualité des produits, l’accueil, etc.

J’ai toujours été une adepte des rayons promos alimentaires dans les épiceries ou supermarchés. D’abord parce que cela permet de faire des économies. Mais surtout parce que je ne supporte pas le gâchis. Étudiante, j’ai travaillé dans un supermarché. Le dérèglement climatique et la protection de l’environnement n’étaient pas encore des sujets d’actualité. Pourtant, déjà à l’époque, j’ai été traumatisée par les kilos quotidiens d’aliments jetés à la poubelle dans ce supermarché !

Quand j’achète un aliment le jour de sa date de péremption, j’ai l’impression de faire ma part. Too Good To Go représente un outil parfait pour moi ! L’application fonctionne très bien. C’est très simple : réserver un panier prends quelques secondes. Tout comme la récupération puisque tout est payé ! Les commerçants qui se débarrassent jouent bien le jeu et les paniers sont toujours bien garnis, voire dépassent la valeur initiale de 12 €.

Exemples de paniers to good to go

J’ai une épicerie bio à quelques mètres de chez moi qui est inscrite sur l’appli. Je peux donc acheter des produits bio 4 € au lieu de 12 € et aller les chercher à pied en passant par la forêt avec le poilu sans polluer la planète. Anti-gaspi + économies + promenade + déplacement doux + surprise du panier = immense source de satisfaction pour l’extrémiste que je suis. L’un des derniers paniers de cette épicerie comprenaient : 1 salade, 1 kilo de tomates (les dernières de la saison), 1 betterave crue, 500 g de champignons de Paris, 1 oignon, 1 banane, 4 yaourts au lait de brebis. Pour 3,99 € !

Autre exemple dans une épicerie de centre-ville : 1 sachet de mâche, 1 paquet de gâteaux secs au chocolat et bio, 4 tranches de jambon blanc, 1 magret de canard, 1 paquet de muffins, 1 édam au cumin.
Une autre fois : 1 pot de rillettes de poulet rôti, 2 sachets de mâche et roquette, 4 petits pot de crème café, 1 gros pot de fromage blanc, 1 fromage de brebis, 1 pot de Houmous, 1 sachet de pain de mie.
À chaque fois, 3,99 € pour au moins 12 € de valeur !

Mon dernier achat Too Good To Go en boulangerie cette semaine : 2 salades composées, 2 wraps et 2 donuts. Ce jour-là, j’étais sans enfant et le frigo vide. J’ai donc payé 3,99 € pour 2 repas équilibrés et savoureux. J’adooore !

Les avantages de Too Good To Go

  • Participer à la protection de l’environnement en évitant le gâchis alimentaire. L’appli précise que « chaque repas sauvé permet d’économiser 2,5 kg de CO2. Autant que de charger votre smartphone 422 fois ! »
  • Économiser de l’argent : 70 % en moyenne sur un panier. Autant vous dire que pour une maman solo de 3 enfants, c’est un argument non-négligeable. Toutes les fois, les paniers étaient bien garnis.
  • Mettre de la fantaisie dans son quotidien. Je sais que le fait que le panier soit surprise ne convient pas à tout le monde. Moi j’adore ! J’aime cuisiner mais trouver des idées de repas représente un casse-tête chinois presque quotidien. Inévitablement, j’ai tendance à tourner en rond avec les mêmes ingrédients, les mêmes recettes. Avec ce panier surprise, je m’adapte et improvise de nouvelles recettes. En plus, certains produits sont de marques que j’achète rarement. Cela permet de faire des découvertes, de tester. À chaque panier, j’ai le sentiment que l’on devient des super-héros – on a sauvé des aliments de la poubelle. Mais aussi des aventuriers culinaires ! J’ai découvert par exemple que je n’aimais vraiment pas les yaourts au lait de soja mais qu’avec la confiture maison de framboise de ma copine Sophie, ils étaient très bons !
exemple panier boulangerie appli too good to go
Un autre exemple de panier boulangerie : 2 pains bagnat, des chouquettes et une excellente tarte amandes-abricots-raisins pour 4 à 6 personnes… Le tout pour 3,99 € !

Les inconvénients de Too Good To Go

  • La composition surprise : certaines personnes aiment consommer uniquement les produits qu’ils connaissent. J’ai recommandé l’appli à mon fils étudiant à Bordeaux mais ce n’est pas un aventurier du goût. Ce petit papy de 21 ans aime savoir ce qu’il achète, acheter toujours les mêmes produits et les mêmes marques.
  • La fraîcheur des aliments : pour les produits d’épicerie, la date de péremption est en général celle du jour donc rien de grave, vous pouvez les consommez quelques jours après. Pour les aliments frais, il faut parfois les consommer le jour même. Je pense aux légumes parfois défraichis. Pour la viande, il est toujours possible de la congeler mais il faut avoir un congélateur.
  • Le type d’aliments : quelques fois, le panier comporte un aliment de base pour faire un repas (une viande, des légumes). Mais il arrive qu’il contiennent plus des produits « snacking ». Cela ne dérangera pas les plus jeunes qui vivent seul ou les gens qui aiment manger sur le pouce. Mais si, vous souhaitez préparer un repas, ne comptez pas uniquement sur le panier Too Good To Go ! Selon le commerçant et le panier du jour, c’est parfois seulement un complément.

Éviter le gâchis mais ne pas surconsommer

Certains restaurateurs proposent des plats. Mais je n’ai pas encore testé. J’ai même aperçu une vente d’une serre avec des plantes soldés. Je n’en avais pas besoin donc je n’ai rien acheté. Cela peut devenir le risque avec cette appli. Les prix sont très attractifs. On pourrait être tenté d’acheter sans en avoir vraiment besoin. Il faut alors se rappeler pourquoi on l’utilise : éviter le gâchis ! Et privilégier son utilisation les jours de frigo vide. Comme je n’aime pas jeter, je ne fais jamais de plein de courses. Donc le frigo est souvent vide… Définitivement, des clients parfaits pour Too Good To Go 😉

Bienséance 2.0

Ou la disparition de la politesse dans les relations numériques

Oui, cela fait de nombreuses semaines que je ne me suis pas manifestée ici. Et je reviens avec un billet d’humeur à propos de la bienséances 2.0. Soit des usages en communication numérique. On ne se refait pas…

Tous les jours et depuis de nombreuses années maintenant, je suis étonnée et – légèrement – agacée par la disparition croissante de formules de civilité dans les échanges numériques. Disparition proportionnelle à l’augmentation des possibilités d’échanges numériques…

Tout a commencé avec l’apparition des courriers électroniques et des téléphones portables. Avant, lorsque vous contactiez quelqu’un, la conversation démarrait automatiquement par le salut. Au choix, bonjour, salut, hello. Puis peu à peu, la facilité et la rapidité des conversations a engendré la disparition de ces formules. Les gens communiquent désormais sans se saluer. Alors même qu’ils ne se sont pas vus ou parlés depuis des jours, des semaines ou des mois…

politesse 2.0

Pendant des années, j’ai observé ce phénomène se développer. Désormais, le manque de savoir-vivre se généralise dans la sphère professionnelle. Je reçois tous les jours des mails, des messages de personnes qui démarrent par le sujet de l’échange sans se donner la peine de saluer. Les grands gagnants ? Ceux qui communiquent sans formule de politesse… ni même un message ! Des artistes, qui par exemple souhaitent être programmés à la radio, envoient un lien d’écoute de leur musique sans dire bonjour, se présenter ou expliquer pourquoi ils nous contactent. J’imagine que nous sommes censés deviner. Mais je suis un peu bête alors je ne réponds pas…

Il y a aussi les patrons d’établissements qui organisent des concerts et souhaiteraient voir leurs événements relayer dans l’agenda de la radio. Dans ce cas, nous avons le droit au visuel du concert sans un mot. Je ne réponds pas non plus. Ou parfois je réponds « Bonjour ».

La civilité, une marque de respect ?

J’ai beau essayer de comprendre ou d’expliquer ce type de comportement, je ne trouve pas de raisons acceptables. Certains proches m’ont expliqué que dans le cadre de rapports numériques réguliers, les mails, messages envoyés pendant plusieurs jours ou semaines forment une même conversation qui dispense de salut. Sauf qu’entre chaque message, la nuit est tombée et le jour s’est levé. Et dans l’usage, ce nouveau jour implique un bonjour… Lorsque l’on retrouve ses collègues de travail tous les jours, on leur dit bonjour quotidiennement ! On ne se contente pas de le faire le lundi… De la même manière, dans toutes les correspondances épistolaires au long cours, vous remarquerez que les correspondants ne manquent jamais de s’adresser des marques de civilités…

En cherchant la définition de Saluer dans le dictionnaire, j’ai trouvé chez Larousse : « Donner à quelqu’un une marque extérieure de civilité, de respect, quand on se trouve en sa présence ou quand on le quitte ». Une définition qui lie donc le salut à une présence physique. Implicitement, certains ont donc acquis qu’un échange numérique n’implique pas de salut. Et j’en déduis que le numérique se dispense de civilité et de respect… Dans ce cas, je me sens légitime à ne pas pas répondre puisque la notion de respect n’est plus d’actualité ! Le premier geste d’une interaction sociale n’a pas eu lieu, je me sens libre d’y couper court.

Communication plus rapide mais de piètre qualité

Lorsque je me suis permise de seulement répondre « Bonjour » à certains, les réactions sont plurielles. Si la plupart s’excuse et me saluent en retour, certains semblent froissés de ma réponse laconique. Et se justifient par la même explication : ils sont débordés et font « au plus vite ». Je trouve cette raison un peu facile. J’ai des journées professionnelles également bien remplies. J’écris entre 50 et 100 messages, mails, courriers chaque jour et j’arrive à prendre le temps de saluer mes interlocuteurs. Et même de leur souhaiter une bonne journée avant de signer ! Ne pas sacrifier les formules de politesse dans la communication numérique est tout à fait réalisable. Sans être un super-héros.

Je pense surtout que cette excuse représente l’un des symptômes des effets néfastes du tout-numérique. Cette possibilité d’immédiateté, de rapidité à l’échelle de la planète engendre une baisse de considération et de réflexion. Les messages sont écrits aussi rapidement qu’ils s’envoient, sans prendre le temps de penser à leur teneur, à la formulation et à accorder une certaine considération au destinataire. C’est un contre-pied extrême – certes – mais avant d’envoyer une lettre ou un télégramme, l’envoyeur réfléchissait et s’appliquait pour écrire. Car l’envoi nécessitait du temps et des moyens. Cette action n’était pas anodine. D’un point de vue technologique, les messages numériques facilitent la communication. D’un point de vue sociale, ils nous font régresser…

Nouveau monde, nouvelles règles ?

Les règles de politesse et courtoisie édictées dans le vrai monde ne seraient plus applicables dans le monde numérique ? Certains ont pensé que la différence de moyens nécessitait un nouveau code des usages de conduite et politesse. Le premier document de Netiquette – contraction de Net, éthique et étiquette – a été publié (en ligne) en 1994. Une charte de bonne conduite qui, exceptées quelques explications techniques, énonce des banalités et des évidences qui résumées signifient : ne faites pas sur Internet ce que vous ne feriez pas dans la vraie vie. Ne vous abstenez pas, donc, de dire bonjour !

Même si 1994 semble être l’âge des dinosaures avec l’évolution et la généralisation fulgurante des moyens de communication, ce bon sens rappelé dans la Netiquette me semble toujours d’actualité. Mais je suis encore plus vieille que cette charte. Et il s’avère que la conduite numérique évolue tout comme les manques de repères. Pour pallier ces absences, des logiciels, des robots sont désormais développés pour vous assister dans vos échanges et leur formulation… Une sorte d’assistant aux bonnes manières. Finalement, le monde numérique n’invente rien. Cicéron a écrit les règles de civilité à l’intention de son fils dans un Traité de devoirs en -45 av. J.C.

La sélection digitale

Ce manque de savoir-vivre numérique a le mérite de me faire gagner du temps dans mon travail. Sollicitée par de nombreuses demandes, j’ai choisi de privilégier les interlocuteurs courtois au détriment des « pressés mal polis ». On apprend aux enfants que l’on obtient rien sans formule de politesse. J’élargis aux adultes. Après la sélection naturelle, est née l’ère de la sélection digitale. Et naïve que je suis, j’imagine que si tout le monde réagit de la sorte, les malotrus devront revoir leur mode de communication pour obtenir réponse !

“La politesse coûte peu et achète tout.”

Michel de Montaigne

Écrire sur ce sujet aujourd’hui représente d’abord une forme d’exutoire. Je me sentirais peut-être moins agacée lors des prochains messages après m’être confiée à propos de cette contrariété. L’effet secondaire indirect : je sais que vous n’oublierez pas de me saluer ! J’ai déjà eu cette conversation avec des amis. Lorsqu’ils leur arrivent de m’écrire dans la précipitation sans me dire bonjour, ils se rattrapent immédiatement avec un second message de salut ! Je ris à chaque fois. Mon obstination à maintenir le bon usage des civilités dans les rapports numériques a des effets 😉

Et si j’utilise par facilité ces modes de communication 2.0 dans ma vie professionnelle et personnelle, j’ai repris la plume, la vraie, pour écrire des lettres à certains de mes proches. Du beau papier, des lettres manuscrites bien formées, des formules de politesse, du temps de réflexion pour écrire sa pensée et des mots d’affection. Face à la masse de messages quotidiens que nous échangeons, recevoir du courrier dans une vraie boîte aux lettres et prendre le temps de se poser pour l’écrire et le lire… Régression ou retour du plaisir du soin, de la lenteur, de la considération ?

Nouvelle année

Nouvelle porte ?

Retour sur le blog avant la nouvelle année, yeah ! Un silence numérique de plusieurs mois expliqué – entre autres – par : la publication d’1 magazine, la réalisation de 144 interviews radio, 1 passage en 6ème, 1 en terminale, 1 en seconde année de fac, 1 main cassée, 1 déménagement, 1 petite opération chirurgicale. Bref, la vie est décidément une aventure. Et vous comprendrez, après cette énumération, pourquoi j’ai eu moins le temps de vous la conter…

bullet journal nouvelle année 2022

Cette année 2021 se termine comme les précédentes pour moi. C’est-à-dire sans réfléchir à de bonnes résolutions. Étant de nature pragmatique et réaliste, je n’ai jamais été adepte de ces projections utopistes. En se promettant d’arrêter de fumer, de manger plus sainement, de faire plus de sport ou d’être plus zen, soyons honnêtes… Nous nous mentons. Censées nous motiver pour avancer, devenir une meilleure version de nous-mêmes, les bonnes résolutions finissent généralement par nous miner le moral, faute de s’être réalisées…

Les bonnes résolutions « scientifiquement » inutiles

Ne vous méprenez pas : je ne suis pas négative ! Jeune adulte, j’ai été enthousiaste à l’idée de me faire plein de promesses. Rapidement, cet emballement est retombé après quelques bilans de fin d’année plutôt négatifs. J’ai expérimenté. Puis j’ai laissé tomber ! Et la science a confirmé mon auto-analyse. Une étude du psychologue britannique Richard Wiseman menée en 2007 a indiqué que seulement 12 % d’entre nous parviennent à tenir leurs bonnes résolutions. Un score pas vraiment positif confirmé par un sondage réalisé par l’agence d’intérim Qapa en 2019 : 85 % des sondés n’atteignent aucun de leurs objectifs fixés.

Forte de ce constat, j’ai donc arrêté de me plier à cette tradition. Ainsi, je ne me promets rien. Et je ne suis pas déçue. Inutile également de faire le point en fin d’année sur les promesses tenues le 1er janvier. Malgré tout, je ressens chaque fin d’année comme un changement d’atmosphère. Une sorte de possible renouveau plane. Le sentiment qu’une page se tourne et qu’une nouvelle peut être écrite…

Le calendrier dicte le renouveau

Le calendrier, système de division du temps, est lié aux rythmes de la lune et du soleil. Notre calendrier actuel, le grégorien – car promulgué par le Pape Grégoire VIII en 1582 – a été inventé par les hommes pour se repérer. Et fortement influencé par la religion. Le mois de janvier par exemple doit son nom au dieu Janus. Dieu romain aux deux visages, un dans chaque direction à surveiller : dedans et dehors, devant et derrière, le passé et l’avenir.

« Dieu des commencements et des passages, Janus protège tout ce qui a un rapport concret ou symbolique avec la porte (janua en latin) : les entrées et les sorties, les départs comme les retours. (…) Toujours nommé le premier dans les prières et cérémonies religieuses, il est le dieu du matin (Matutinus Pater), du premier jour de chaque mois et surtout celui qui ouvre la porte de l’année, d’où le nom de son mois, januarius (janvier en latin). »

éduscol | Ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports – Direction générale de l’enseignement scolaire

Nouvelle année = nouvelle porte

Je ne suis pas croyante et je n’ai pas suivi d’éducation religieuse. Pourtant, je ressens ce sentiment d’ouverture, de possibilités qui accompagne le mois de janvier. Alors que les ventes de substituts nicotiniques explosent en janvier, je vais indéniablement continuer de fumer en 2022 (je sais c’est mal). Tout comme les abonnements en salles de sports se multiplient en début d’année, je confirme qu’il y a une très faible probabilité que je me mette à faire du sport. Pas de fausses promesses donc. Pourtant, je me place dans certaines dispositions. Je clôture les comptes comme ma vie. Je range mon bureau, des placards. J’archive les souvenirs. Les mauvaises expériences s’évaporent. Je m’extirpe de la dynamique de l’année passée. Et la perspective d’ouvrir cette nouvelle porte m’allège le corps et l’esprit. Je me réjouis de cette impression de nouveauté, d’éventualité. Comme une nouvelle respiration. Alors j’inspire. Et je vous souhaite une excellente nouvelle année.

Petite philosophie de la marche humide

Élaborée selon les principes de vie du poilu

Tous les jours je me promène en pleine nature avec le poilu. Forêt ou plage, quel que soit le temps, nous partons en vadrouille nous dégourdir les pattes. Si le plaisir est indéniable lorsque notre escapade se déroule sous un ciel bleu ensoleillé, il apparait moins évident par jour de pluie. Or, cet automne-hiver, le nombre de jours de pluie a été assez conséquent dans les Landes. J’ai donc fini par développer une « petite » (soyons modeste) philosophie de la marche humide. Réflexion critique élaborée en m’inspirant des principes de vie du poilu.

Petite philosophie de la marche humide élaborée selon les principes de vie du chien
La pluie ? Quelle pluie ?

Où est le plaisir ?

Parfois, je me réjouis de cette promenade sous la pluie. Je m’imagine comme une aventurière ou une maîtresse de chien exemplaire. Je chausse ma parka et mes bottes et en avant pour l’aventure ! Mais ça c’est parfois… La plupart du temps, je regarde la pluie tomber par la fenêtre, puis le chien qui trépigne, puis je soupire devant la mission qui m’attend…

Pourtant, à chaque marche humide, j’ai éprouvé du plaisir. D’abord, parce que le poilu me transmet son plaisir. Il bondit de joie, s’éclate dans les flaques, dans les fougères, renifle, court, va chercher les bâtons et les pommes de pin que je lui jette. Comme s’il ne s’était même pas rendu compte qu’il pleuvait. La météo pour lui est un détail. L’essentiel est de se dépenser, découvrir, respirer. Et le voir en profiter me rend heureuse. Même sous la pluie. L’autre source de plaisir de la marche sous une pluie battante, c’est profiter des bienfaits de la marche tout simplement. Travail des muscles et du cœur, exercice méditatif, aération pulmonaire et spirituelle. Les bénéfices sont démontrés depuis des années dans de nombreuses études scientifiques. Je l’expérimente tous les jours. Cette routine est devenue indispensable à mon bien-être.

 » À quoi bon emprunter sans cesse le même vieux sentier ? Vous devez tracer des sentiers vers l’inconnu. Si je ne suis pas moi, qui le sera ? La marche est une lecture du lieu qui prélude à la compréhension inépuisable de Soi. « 

Henry David Thoreau – De la marche (1862)

Le poilu, source d’inspiration

Pour continuer à prendre du plaisir sous la pluie mais en m’épargnant les soupirs a priori, j’ai observé le poilu. Puis j’ai réfléchi et développé une « petite » philosophie de la marche humide. Premièrement – et contrairement à une promenade estivale -, je n’ai jamais trop chaud lors d’une marche pluvieuse. Je suis frileuse donc je me couvre bien. Et l’action me réchauffe. Je n’ai ni trop chaud ni trop froid. Mieux encore, l’ambiance extérieure fraîche et humide me fait prendre conscience de ma température intérieure bien confortable. Après quelques minutes de marche, je savoure la fraicheur extérieure qui tempère ma température corporelle en hausse. Comme le poilu, protégé par ses poils et bien plus à l’aise en hiver qu’en été. L’assimilation s’arrête là, je ne vais pas m’abreuver et me tremper dans les flaques.

Les bottes accessoires indispensables de la marche humide.
Les jours de pluie, inutile de perdre du temps à choisir quelle paire de chaussures enfiler. Une logistique simplifiée.

La solitude de la marche

La pluie présente l’autre avantage d’effrayer les promeneurs du dimanche. Avec le poilu, il faut l’avouer, nous préférons ne pas trop partager la nature. Lorsque l’on rencontre humains et chiens, nous ne manquons pas de saluer nos congénères évidemment. Parfois même, échangeons avec plaisir des réflexions canines ou météorologiques. Mais notre escapade en pleine nature prend toute sa dimension en pleine solitude, sans interférences du monde extérieur. Et il est indéniable que les jours de pluie sont les plus solitaires. Nous savons l’apprécier.

La pluie, musique méditative

Marcher tous les jours dans la nature représente une pause dans ma vie professionnelle et personnelle très dense. Pourtant, j’ai constaté que par beau temps, j’ai tendance à ne pas me concentrer sur le présent et perdre ainsi les bienfaits de la promenade. Mes pas suivent mécaniquement le sentier et j’oublie d’admirer l’environnement car mon cerveau est préoccupé par la liste des missions de la journée… Ce genre de choses ne peut pas arriver pendant les balades humides.

Mon esprit est monopolisé par les gouttes qui coulent sur mes lunettes et perturbent ma vue. Je reste concentrée sur le sol pour ne pas glisser ou marcher dans une flaque trop profonde. Lorsque le sentier est complètement inondé, je dois dévier mon chemin. Puis éviter les ronces ou les racines. Isolée du bruit par ma capuche, je dois penser à me retourner ou regarder loin pour voir si le poilu suit. Et ajuster ma cadence à la sienne. Cet ancrage dans le présent développe mes sens. Je sens les odeurs d’humus révélées par la pluie. L’air frais sur mes joues. Le bruit des gouttes sur ma capuche. Quand il pleut, je suis dans la nature sous la pluie et seulement ça. Ces balades représentent une vraie pause, une évasion totale. Elles sont donc bienfaitrices, réparatrices.

La forêt des Landes tranquille et apaisante les jours de pluie.

Happy End

Je mets aussi en pratique la théorie de la relativité. Je marche sous la pluie certes. Mais j’ai la chance de pouvoir marcher tous les jours en pleine nature ! Cerise sur le gâteau : lorsque je rentre, je me sèche, je me prépare une boisson chaude. Je prends conscience du plaisir d’être à l’abri, installée confortablement au chaud. Beaucoup plus que si je n’étais pas sortie. Cette constatation rejoint ma réflexion sur le plaisir de la frustration. Comment savourer la chaleur d’un cocon si vous ne vous en échapper jamais ? En regardant le chien ronfler sur le canapé au coin du feu, je réalise que je dois tout simplement faire comme lui. Me poser moins de questions. Ne pas avoir trop d’attentes. Profiter de la nature tous les jours. Et ne pas laisser des détails météorologiques diminuer mon plaisir ou mes envies. Vivre vraiment au rythme de la nature. Et avec elle, dans sa globalité. Adopter définitivement la « petite » philosophie de la marche humide.

Le repos bien mérité du poilu après une marche humide.

Sans voix

Depuis quelques semaines je suis sans voix. Le 25 juillet, j’ai pris un mauvais coup. Violent et par surprise. J’ai réussi à me relever mais j’en ai perdu la voix. Les seuls mots qui sortent de ma bouche se bornent à l’essentiel. Le chagrin, la peur, l’inquiétude ont pris toute la place. Ils me tiennent éveillée, m’empêchent de trouver le sommeil. Ils dominent tout. Ils ont balayé la raison, le plaisir, la joie. Ont coupé toute envie de sourire, rire, lire, écrire, dessiner, broder, cuisiner.

J’avais déjà connu autrefois quelques déconvenues. Mais jamais de drame. Les chagrins et inquiétudes du passé sont devenus futiles voire déplacés. La joie de vivre qui m’a toujours permis de m’en sortir m’apparait dérisoire. Insuffisante.

Pourtant, la vie doit continuer. Pour les enfants, pour ceux qui n’auraient jamais dû vivre ce drame, j’ai combattu cette boule dans la gorge. Ce poids qui écrase mon cœur. Tous les jours, j’ai pensé à bomber le torse pour prendre une grande inspiration. Et respirer. Chaque jour, je me suis efforcée de me concentrer sur les joies simples de la vie. Les identifier et oser en profiter. Un mot, un sourire des amis et de la famille. La vue apaisante de l’ancienne chapelle jouxtant l’hôpital. Les promenades quotidiennes du poilu en forêt coûte que coûte. Pour tenir le coup. Reprendre une vie qui ne sera plus jamais la même.

chapelle hôpital de Bayonne

Il faut aimer plus et vraiment. Retrouver la saveur. Réapprendre à goûter le plaisir. Sans jamais oublier. Que la vie est partie en un instant, sans prévenir. Que le vide qu’elle laisse est béant. Qu’il faudra apprendre à marcher à côté sans tomber dedans. Rester vigilante pour que le chagrin ne bouscule pas ce fragile équilibre. Et ne pas laisser la peur tracer le mauvais chemin.

Depuis quelques jours, je reparle dans un micro. Et aujourd’hui, j’écris ces quelques lignes. Je quitte peu à peu l’armure que j’ai enfilée le 25 juillet. Pas encore par envie, plus par nécessité. Pour toi, parti trop tôt et pour ceux qui restent. Parce qu’ils méritent que je ne vive pas qu’à moitié.

Je me sens encore aphone. Je ne vibre plus. Effrayée par le monde extérieur. Sa violence, sa vacuité. Assommée par la perte de mon insouciance. Pourtant, je fais un pas. J’avance au bord du vide. Guidée par ta lumière. Aidée par mes enfants, ma famille, mes amis. En gardant ce lien si précieux avec la nature qui m’apaise. Afin de ressentir l’envie. Retrouver le plaisir de l’existence et accepter parfois sa frivolité.

Hier matin, je me suis émerveillée du soleil perçant dans la forêt brumeuse. Le soir, j’ai lu quelques pages. Je reprends goût au plaisir de cuisiner. Aujourd’hui, j’écris. Je retrouve des mots, des sensations. Je refais mes premiers pas dans le monde, vers la vie.

Écrire trois pages par jour

La Clef du bonheur ?

Depuis le mercredi 13 mai, je tiens un journal intime. Je le faisais pendant mon enfance et adolescence puis j’ai abandonné cette routine devenue adulte. J’écrivais pour mon travail, cela me suffisait. Reprendre cette narration personnelle pendant le confinement a produit sur moi un effet apaisant et anti-stress incroyable. Lorsque je l’ai arrêté le 11 mai, j’étais partagée entre le soulagement de ne plus avoir à écrire tous les jours et la tristesse de ne plus écrire tous les jours. Sentiment ambivalent qui résume bien mes perpétuels tourments !

Journal intime écrit à la main, la méthode des 3 pages

Journal intime

J’ai lancé ce blog il y a quelques années pour assouvir ce besoin d’écriture. Sans m’imposer de pression quant à la fréquence des posts. L’idée était de me faire plaisir et non d’ajouter une obligation de plus à ma longue liste de missions professionnelles et maternelles. Pendant le confinement, j’ai accéléré la cadence avec ce format de journal. J’en avais le temps et l’envie. Mais tenir le rythme a été parfois compliqué.

J’ai pourtant éprouvé un manque en l’arrêtant. Puis j’ai découvert la « méthode des 3 pages » recommandée par Julia Cameron dans son ouvrage Libérez votre créativité. Je n’ai pas lu ce livre et je n’en ai pas l’intention, je ne suis pas fan des guides de développement personnel. Les explications de Caroles Advices sur son site Psychotropes m’ont suffit.

La méthode des 3 pages

Dans son livre, Julia Cameron donne des outils pour aider les artistes à libérer ce qu’ils ont au fond d’eux. Je ne suis pas une artiste mais j’ai beaucoup de choses à libérer ! Parmi ces outils, l’auteur recommande chaque matin d’écrire 3 pages de journal :

  • Dès le réveil, comme une gymnastique matinale.
  • Écrites à la main. Ce format d’écriture permet de décrocher de l’informatique, de la possibilité d’effacer, de copier-coller. Cela induit aussi une écriture plus lente qui permet la réflexion avant l’action. Et la formation des lettres – comme le dessin ou toute activité manuelle – a un effet apaisant. Cette forme d’écriture autorise l’erreur, la personnalité. Il ne faut pas se soucier d’une belle écriture et ne pas avoir peur de rayer. Ces pages représentent comme un brouillon de votre vie qui permet de la mettre au propre !
  • Écrire tous les jours. Cette tâche sur une suite de jours représente une chaîne et c’est cette chaîne qui produit des effets dans le temps. Un rendez-vous quotidien auquel se raccrocher.
  • Ne pas relire ses notes avant 2 mois. Ce délai permet de prendre du recul par rapport à ces pensées. Et d’éviter les analyses ou jugements hâtifs.
Journal intime quotidien 3 pages par jour

Raconter sa vie

L’idée des 3 pages est d’écrire tout ce qui nous passe par la tête, sa vie, ses humeurs, ses colères, ses tristesses, ses doutes, ses envies, ses projets. Les poser sur le papier permet de clarifier ses pensées, les organiser, retrouver le sens des priorités avant d’attaquer la journée. Les extérioriser permet aussi de ne pas les ruminer et détourne la négativité. Comme lorsque vous écrivez un courrier de réclamation. Vous n’obtiendrez pas forcément gain de cause mais poser sa rancœur ou sa colère sur le papier fait déjà du bien.

Un jardin secret

Ces pages sont privées, personne ne les lira. On peut donc y livrer ses pensées ou sentiments les plus sombres. À l’inverse du blog où l’existence de lecteurs produit un effet de censure. En écrivant mon journal du confinement, je gardais une réserve par rapport à ma vie privée en privilégiant les sentiments positifs par pudeur. Le journal intime est un lieu sûr, parfait pour évacuer sans crainte de jugement. Cette sécurité représente une libération réjouissante. Un refuge rassurant où il est possible d’être soi-même sans filtre ni faux-semblant, sans peur ni peur ou culpabilité. Sans calcul, sans maîtrise.

Routine indispensable

Après plusieurs semaines de pratique, je suis convaincue par cette gymnastique matinale. Beaucoup plus que celle qui implique l’utilisation de mes petits muscles… La période qui a suivi le confinement a été relativement difficile d’un point de vue professionnel, financier, logistique et familial. Écrire ces 3 pages a vraiment représenté un soutien, un exutoire. Attraper mon carnet et stylo tous les matins m’a aidé à tenir le coup. Je me sens plus sereine après avoir écrit. Et la perspective de pouvoir le faire tous les matins m’a aidée à surmonter des situations difficiles ou angoissantes.

Je m’autorise parfois à n’écrire qu’une ou deux pages par manque de temps. Je ne veux pas ajouter une nouvelle obligation culpabilisante à ma charge mentale. Mais c’est arrivé rarement. Une seule fois, je n’ai pas écrit dans mon journal et la journée a été terrible.

Bavardage ou silence

Souvent, je suis prolixe, à écrire à toute vitesse, comme une urgence à vider mon sac. Dans ce cas, les 3 pages me prennent 15 minutes. D’autres fois, je suis plus oisive, plus taiseuse, à réfléchir quoi écrire. Finalement ce temps de latence réorganisent mes pensées, me permettent d’y voir plus clair et l’écriture suit. Dans ces moments, j’aime prendre le temps de bien former mes lettres. Comme les lignes d’écriture en primaire qui focalise l’esprit sur la tâche et vous procurent un sentiment de bien-être lorsque vous admirez le résultat. En moyenne, ma confession écrite quotidienne dure une vingtaine de minutes.

Un rituel rassurant

Certains écrivent leurs 3 pages sur des feuilles A4 volantes. J’ai évidemment choisi de le faire dans un carnet. J’avais en réserve plusieurs carnets encore neufs. Quel plaisir d’en dédier un à ce nouvel exercice. Après le bullet journal, mes carnets de notes professionnels, j’ai trouvé une nouvelle fonctionnalité à tous ces beaux cahiers que j’ai tant de plaisir à acheter. J’écris dans mon journal avec un stylo plume offert récemment par mes parents. Un beau carnet, un beau stylo, l’encre qui coule sur le papier… Tenir ce journal est devenu une cérémonie, un rituel rassurant.

Journal intime, bullet journal et carnet de notes.

Espace de liberté

J’ai réussi à réaliser que ces pages n’auraient jamais aucun objectif littéraire. Je ne me soucie pas du style. Aucun intérêt créatif non plus. Je m’autorise une écriture illisible ou mal formée, les ratures. Je ne suis même pas certaine qu’elles ont une vertu psychanalytique. Peu importe les répétitions ou les bêtises. Voilà enfin un endroit dans la vie où je peux agir librement, sans contraintes, sans calcul, sans soucis de maîtrise. Et c’est un grand plaisir.

Je n’ai pas encore relu mes pages car le délai d’attente de 2 mois s’achève le 13 juillet pour mes premiers écrits. Dans quelques jours, je sens que je vais rire ou prendre conscience de certaines choses. Dans tous les cas, je me sentirai mieux.

Le plaisir de la frustration

La voie du bonheur

Après 2 mois d’interdiction, nous avons savouré le plaisir d’accéder à nouveau aux plages landaises. Fouler le sable, marcher au bord de l’océan. Ouvrir les perspectives, respirer le grand air, régaler nos yeux de lumière et nos oreilles du ronron de l’océan. Un bonheur intense que nous avons la joie de ressentir depuis presque 12 ans, depuis notre arrivée dans les Landes. Un plaisir décuplé après cette coupure de 2 mois. Et qui me fait à nouveau réaliser que la frustration n’est pas que négative. Car elle présente le mérite d’engendrer du recul, remettre la réalité en perspective et restaurer le goût de la jouissance.

Après l'interdiction de plage pendant 2 mois, saveur de la retrouver

La frustration positive

Depuis plusieurs années, je connais la frustration. Mes finances ne nous permettent pas de nous offrir tout ce que nous souhaitons. Des objets, des voyages, des envies. Nous en avons mais nous les laissons souvent de côté par manque de moyens. Nous ne nous interdisons pas pour autant de rêver. Et parfois le rêve se réalise. Après des mois voire des années d’attente. Et le plaisir n’en est que plus grand.

J’ai commencé à expérimenter la frustration de manière intensive en 2007. Suite à la combinaison d’une activité professionnelle sans revenus et un changement de vie familiale soudain. J’ai pu continuer à vivre et nourrir les enfants grâce à des prêts de la famille et d’amis. Mais chaque centime dépensé devait être rendu. Cette réalité financière m’a appris à me contenter du minimum. Paradoxalement, cette période difficile n’a pas été malheureuse. Après des années d’opulence pas forcément heureuses, j’expérimentais le minimalisme. Et ce dépouillement contraint m’a allégée la vie.

Se dispenser du superflu

Dépenser le minimum vital engendre le dépouillement. C’est-à-dire l’élimination du superflu. J’ai réalisé de tout ce dont nous pouvions nous passer, tout ce qui n’est pas absolument nécessaire. Et se contenter de l’essentiel a vraiment allégé le quotidien. Pendant plusieurs années, nous avons donc moins consommé, amassé, entassé et notre vie s’est retrouvée plus légère. Physiquement, avec moins d’objets inutiles. Psychologiquement aussi en arrêtant d’obtempérer à la société de consommation.

Minimaliste et plaisirs simples comme la joie de voir pousser une plante sur la plage

Vivre avec l’essentiel n’empêche pas de rêver. Mais nos souhaits prenaient d’autres allures. Et lorsque nous parvenions à en réaliser un, la patience décuplait le plaisir de le satisfaire. L’attente intensifie la jouissance tandis que l’immédiateté la banalise. Depuis cette période, je ne suis pas devenue riche. Ce train de vie économe convient donc parfaitement à mes revenus modestes. Malgré les apparences, il correspond à un choix. Je n’en souffre pas et il m’apaise. Je ne dis pas que lorsque ma voiture tombe en panne, je n’aimerai être autonome pour la être capable de la remplacer… Mais je crois vraiment que si je gagnais plus d’argent, je n’aurai pas plus envie d’en dépenser. J’apprécie ce mode de vie frugal. Et chaque année, je fais des pas de plus vers l’austérité.

Je ne consomme pas donc je suis

Cet attrait pour une vie d’ascète s’explique évidemment par la prise de conscience de l’impact néfaste de l’humain sur notre planète. Je ne souhaite pas participer à l’industrialisation et la consommation à outrance. Cela signifie qu’avant d’acquérir un nouvel objet, je me demande à chaque fois s’il est vraiment nécessaire ou si je peux m’en passer. Et dans la majorité des cas, la réponse s’est révélée positive.

Je prends donc le temps et n’achète plus rien de manière compulsive. Je réalise ainsi souvent que ces envies ont été suscitées par notre société. Qu’elles ne représentent pas un besoin mais plutôt une manière de se différencier, d’exister au sein de notre monde moderne. J’essaye donc d’exister, de me structurer autrement qu’en consommant. Je réfléchis au sens plutôt que de me laisser manipuler par des émotions superficielles ou artificielles. En quête de satisfaction durable et non éphémère.

Aller vers la simplicité

Au-delà de l’acte d’achat, cette vie frugale m’a fait redécouvrir le plaisir des choses simples. Je dépense par exemple peu dans le domaine des loisirs. Les balades en pleine nature, forêt ou océan, me rendent plus heureuse qu’une soirée dans un bar ou l’achat d’un objet. Nous allons peu au restaurant. Mais la fois où nous nous l’autorisons dans l’année, nous savourons cette chance beaucoup plus que lorsque j’allais y déjeuner tous les midis !

Choisir ce mode de vie n’est pas simple avec des enfants. Encore moins lorsque la plupart de leurs amis vivent dans l’opulence. Yuri et Violette aiment dépenser. Mais je sais qu’après des mois à avoir désirer un bien, ils prennent conscience que l’attente compte beaucoup dans leur plaisir de posséder. J’essaye donc de leur apprendre à ne pas céder à la satisfaction immédiate. Et parfois, ils s’aperçoivent que l’objet si fort de leur désir a disparu seulement après quelques semaines…

Je ne suis pas une extrémiste non plus et je sais parfois assouplir mes principes austères. Je n’achète par exemple jamais de soda car ce n’est pas essentiel. Pourtant lorsque nous partons en vacances et que je prépare un pique-nique, je leurs achète une bouteille pour célébrer notre départ. Cette entorse leurs fait plaisir. Et ils savourent la boisson sucrée beaucoup plus que s’ils ne la trouvaient au quotidien dans notre frigo.

Joseph, maître es minimalisme

Joseph est né ascète. C’est un penchant inné chez lui. Il manifeste rarement des besoins et semble ne jamais avoir d’envies. Il est mon maître. Les livres ? Autant les emprunter à la bibliothèque. Les vêtements ? Il se contente du minimum et se moque des marques. Il ne voit aucun intérêt à lui faire des cadeaux. Il préfère que l’on passe du temps à lui cuisiner un bon plat ou une pâtisserie. J’ai cru qu’à l’âge de l’adolescence, la pression de ses pairs allaient l’influencer. Il a presque 16 ans et ce n’est toujours pas le cas…

Je me souviens d’une mission dans un magasin de déco pour acheter un nouveau canapé. Comme les enfants n’étaient pas emballés par l’activité, je leur ai proposé à chacun de choisir un objet pour leur chambre, le genre d’achat que l’on ne fait jamais. Yuri et Violette, enchantés, en ont trouvé plusieurs et n’arrivaient pas à choisir. Joseph est arrivé à la caisse les mains vides. Je lui ai proposé de refaire un tour pour trouver quelque chose. Il a décliné gentiment en m’expliquant qu’il n’avait besoin de rien et ne comprenait même pas pourquoi nous changions de canapé. Alors que le nôtre, un don de mes parents, avait quelques années au compteur et une assise qui le privait de sa fonction première…

Précieuse simplicité

À l’instar de Joseph, platonicien de naissance, je tend donc pour une vie simple et non opulente. Une existence en accord avec la nature qui me permet d’atteindre un état de calme intérieur. Une vie détachée des excès pour atteindre l’équilibre. C’est certainement pour cette raison que les privations entrainées par le confinement ne m’ont pas traumatisée. Comme je l’avais expliqué dans un épisode du Journal de confinement, j’avais commencé à expérimenter le ralentissement et la rareté avant. Et depuis la reprise de certaines libertés, je mesure et savoure les plaisirs qu’elles procurent. En gardant à l’esprit leur saveur sans les banaliser. Consciente de leur richesse.

Vivre en accord avec la nature pour trouver un accord avec soi-même

Je ne suis pas sage mais j’aspire à la sagesse. Dans cette optique, je vais me replonger dans les œuvres de Platon, comme La république mais aussi Apologie de Socrate. Ces pères de la philosophie que l’Éducation nationale n’a pas réussi à me faire apprécier à leur juste valeur. Mais que la vie me donne envie de suivre pour approfondir cette recherche d’accord de soi.

Confinement / jours 53 à 55 : derniers jours

Journal d’un isolement

Se confiner : S’enfermer, être enfermé dans un lieu (Larousse). Cela fait 55 jours que je tiens ce journal de cette période si particulière. J’ai souvent essayé de me mettre à la place de gens vivant dans un pays en situation exceptionnelle comme la guerre, la famine, un système politique différent. (oui la notion d’empathie va loin chez moi). Si nous ne sommes pas arrivés à ces extrêmes, le chamboulement de nos vies m’a donné envie de l’écrire, de garder une trace. Cet exutoire a permis aussi de garder le lien malgré l’isolement. Je clos aujourd’hui nos 55 jours de confinement.

Jour 53

Vendredi 8 mai
À l’inverse d’une majorité de français au chômage technique qui ne fait plus la différence entre les jours de la semaine et les week-end, j’accueille ce jour férié avec grand plaisir.

Violette passe le pont chez son papa. Commence donc une vrai pause de l’école à la maison, de la logistique enfant et du boulot. Ce vendredi se déroule comme un samedi : ménage, rangement et loisirs. Je profite au maximum de l’heure autorisée de sortie avec le poilu.

chien confinement landes pomme de pin

L’après-midi, c’est Joseph qui s’y colle. Parce que le chien a besoin de deux promenades. Et parce que ça fait prendre l’air à mon ado, l’éloigne de son écran… Mais depuis une semaine, le poilu fait de la résistance. Il se réjouit de voir la laisse puis se calme quand il s’aperçoit que je ne viens pas. À force de motivation, il finit par sortir. Mais jamais longtemps. Ils reviennent au bout de quelques minutes car il refuse d’avancer et fait marche-arrière…

Dépendance affective

Depuis que j’ai adopté ce chien il y a presque 5 ans à la SPA, je suis consciente que nous développons tous les 2 les symptômes de la dépendance affective. Lui parce que je l’ai sorti du refuge et d’une vie antérieure où il semble avoir été battu. Moi parce qu’il est arrivé au moment de ma séparation avec le papa de Violette. Pour toutes ces raisons, j’ai décidé à l’époque de n’appliquer aucune des règles de bon sens quant à la vie avec un chien. La seule consigne était le plaisir.

Il a par exemple le droit de se coucher sur le canapé et dans mon lit. Psychologiquement, cette proximité nous fait du bien à tous les deux. Son caractère non dominant fait qu’il n’en abuse pas. Sur le plan hygiénique, cela nécessite plus de ménage et un changement de linge de lit plus fréquent. Mais comme j’adore la sensation des draps propres, je ne me plains pas. Et la maison n’a jamais été aussi propre depuis que nous avons le poilu. Vous passez l’aspirateur tous les jours sur le canapé, vous ?

Déconfinement canin

Comme il est bien calmé après ses escapades quotidiennes en pleine nature et super sage, je peux l’emmener partout. Au bureau, en rendez-vous, en course, en vélo. Nous sommes rarement séparés. Donc en totale fusion. Je lis dans son regard son amour infini. Je lui parle comme une mamie à son chat. Nous sommes beaucoup l’un pour l’autre. Nous nous sommes sauvés. Je comprendrais que vous ne compreniez pas. Ou que vous trouviez ça ridicule. Moi-même – réputée pour mon regard critique hyper développé – je nous trouve parfois absurdes. Enfin, surtout moi. Mais au diable les conventions, on se fait du bien.

La vie quotidienne nous impose parfois des séparations. Ce n’est plus vraiment le cas depuis le confinement. Et le poilu en a profité pour développer à l’extrême ce lien de dépendance. Il faudra par conséquent penser à le déconfiner en douceur pour ne pas le faire souffrir…

Bilan du jour

Bricolage : ménage, repassage (juste pour Joseph à cause de son allergie aux acariens car je suis allergique au repassage). Mais aussi grand rangement : toujours dans l’optique de déménager, j’ai établi un plan de tri et rangement de toutes les étagères et placards de la maison. Comme tout le monde, je le fais (un peu) à chaque saison. Là, c’est un plan d’envergure. C’est parti ! Broderie sur un t-shirt et tricot l’après-midi.

Fils broderie sur T-shirt

Cuisine : risotto aux asperges et champignons. C’est la pleine saison des asperges dans les Landes. Je les fais souvent froides avec une bonne vinaigrette. J’avais envie de changer. Jo et moi nous nous sommes régalés. Yuri est moins fan des asperges chaudes. Je le note dans mon cahier de « J’ai 3 enfants et pas un seul qui aime les mêmes choses » !

Jour 54

Samedi 9 mai
Obligée de retourner faire des courses pour le prochain cocktail de Joseph – et oui le lycée et donc les travaux pratiques de cuisine / service ont repris -, je traîne les pieds. C’est dingue ces effets anxiogènes de la crise sanitaire et l’impact psychologique ! Au début du confinement, on avait l’impression de partir à Acapulco lorsque l’ont faisait une course. Puis, petit à petit, on s’est tous arrangé pour sortir le moins possible.

De la même manière, dès le début du confinement, je rêvais de boire un coup en terrasse. Aujourd’hui, je ne sais pas si j’en ai encore vraiment envie. Je ne pense pas être angoissée par la contamination du virus. Pourtant, je vis de plus en plus comme une recluse. Je me demande qu’elle sera notre vie déconfinée. Ce moi de mai mais aussi cet été. Et la fin d’année. Allons-nous tous revivre un jour comme avant ? Si oui arriverons-nous à savourer le luxe de nos libertés ?

Conjugaison au futur incertain

C’est la première fois depuis que nous sommes nés que nous ne savons pas de quoi demain sera fait. Cela nous est tous arrivé individuellement à un moment de notre vie. Suite à une rupture, un changement de carrière ou de configuration familiale. Mais pas de manière collective et aussi brutale. Je réalise que malgré mon attitude positive, la crise a réussi à me toucher. Comme vous, comme nous tous.

Il va falloir développer encore et encore des talents d’adaptabilité. Pour continuer à vivre autrement. Avec moins d’insouciance et plus de responsabilités. En se concentrant sur l’essentiel. Des changements dans l’ère du temps qui deviennent impératifs aujourd’hui. Et qui auront l’avantage d’être bénéfiques pour notre planète. Une fois que nous les aurons acceptés, digérés, ils nous ferons certainement le plus grand bien. Le changement, c’est maintenant !

Bilan du jour

Bricolage : poursuite du rangement / tri minutieux. Vivre encore plus légère devient un projet de vie. Tricot.
Cuisine : pain cuit à la cocotte, camembert rôti au four / salade. Avec supplément charcuterie pour les gars, ils n’ont pas – du tout – l’intention de devenir végétariens.
Lecture : alternance de Mermere d’Hugo Verlomme, éditions Actu SF et J’aurais pu devenir millionnaire, j’ai choisi d’être vagabond, de Alexis Jenni, éditions Paulsen. J’aime lire deux livres à la fois. Ces deux-là me plongent en pleine nature et dans des grands espaces chacun à leur manière. Et m’offrent un sentiment de liberté par procuration.

Compta : dépenses du mois d’avril dans mon bullet journal. Je fais ça depuis plus d’un an et cela me permet de contrôler mon budget par poste. Ce mois-ci par exemple, j’ai pu voir que notre budget alimentation a été multiplié par 2 ! La présence de Yuri et les repas du midi expliquent cette hausse. Tout comme notre tendance à compenser l’isolement par la cuisine et la nourriture… Je constate aussi que ces dépenses représentent plus que le budget habituel alimentation et cantine. Normal, les commerces de bouche ne m’appliquent pas une remise en fonction de mon coefficient Caf…

Jour 55

Dimanche 10 mai
On termine ce week-end et le confinement par une alerte orage avec risque d’inondation. Effectivement, en fin de journée hier, on a eu le droit à un bel orage suivi de trombes d’eau. Il pleut encore beaucoup ce matin. Je surveille une accalmie pour sortir le poilu. Phobique des coups de tonnerre, il se remet de sa nuit difficile en ronflant sur le canapé. La balade n’est pas urgente.

Chien mouillé confinement forêt landes

Je profite de ce temps gris pour poursuivre le rangement le matin. Pendant que Yuri termine sa nuit, brunch ensuite en tête-à-tête avec Joseph. puis, promenade humide avec le poilu qui se réjouit de la chute des températures. Avant le retour de Violette, je me mets à la couture de pochettes pour ranger les lingettes démaquillantes fait-maison. Cela faisait plusieurs jours que j’y pensais mais le beau temps m’incitait à préférer la broderie ou le tricot réalisables dans le jardin.

Loisirs de mamie

Plus je vieillis et plus j’apprécie ces tâches manuelles. Elles nécessitent une pleine attention qui vide la tête des soucis. Met en pause les ruminations. Et la satisfaction de fabriquer quelque chose de concret participe aux effets bénéfiques. Parfois, en cas d’humeur maussade, prendre des aiguilles se révèle plus efficace sur le moral que la lecture. J’ai 45 ans et des loisirs de retraités. J’aime la solitude. Des penchants à contre-courant de l’ambiance générale dans les Landes, terre de surf, festivals et concerts.

N’empêche qu’en confinement, ces passions m’ont permis de garder la tête hors de l’eau. Je compte bien les poursuivre après. Je souhaite comme tout le monde que cette période si particulière s’achève pour que la vie reprenne son cours. Et qu’il n’y ait pas de deuxième vague d’épidémie. Broder, coudre, tricoter représente le fil rouge de mon quotidien avant, pendant et après le confinement. Et si les choses rentrent dans l’ordre, ces loisirs ont le mérite de me préparer à une retraite équilibrée dans quelques années. Je suis prête !

couture pochette lingette sois toi et t es belle

 

Bilan du jour

Cuisine : œufs brouillés, pancakes.
Célébration : de notre dernier soir tous les 4. Violette est rentrée et Yuri repart demain à Bordeaux pour bosser. Je commande à emporter chez le fast food local pour leur faire plaisir. On fête aussi le rangement de sa chambre, demandé le premier week-end de confinement et réalisé aujourd’hui… J’ai glissé des masques, du gel hydroalcoolique et des recommandations dans son sac. Il m’écoute en souriant. Il a bientôt 19 ans mais sera toujours mon bébé.

Projets post confinement : poursuivre l’école et le travail à la maison. Trouver un rythme de vie qui nous met à l’abri des risques sans devenir parano. Arrêter ce journal pour reprendre des billets thématiques en lecture, bricolage, cuisine et humeurs. Revoir mes amis et ma famille. Restez positive.

 

 

Confinement / jours 49 à 52 : comme sur des rails

Journal d’un isolement

Se confiner : S’enfermer, être enfermé dans un lieu (Larousse). Cette 8ème semaine de confinement confirme que l’Homme s’adapte à tout. Entre télé-travail, école à la maison et vie de famille, on gère désormais notre rythme parfaitement. À tel point que l’échéance du lundi 11 mai ne changera pas grand chose pour nous. On reste sur ce modèle jusqu’à nouvel ordre.

Jour 49

Lundi 4 mai
La météo est estivale. C’est pourtant la reprise de l’école à la maison. Violette décide de réaliser tout son travail dans la matinée pour être tranquille ensuite. J’ai du travail, je la laisse en autonomie. Un mail de la maîtresse le soir nous précise que pour cette fois le vite-fait n’était pas bien fait. Elle a joué, elle a perdu…

Du côté de Joseph, c’est plus calme. Une classe virtuelle est programmée pour mercredi matin. Je le prépare psychologiquement en lui demandant de mettre ses cours au propre et de les classer. Comme d’habitude, il me répond « ok ». C’est un ado qui ne refuse jamais rien, qui ne s’oppose pas. Cela viendra peut-être un jour. En attendant, je savoure.

La tristitude

Côté travail, je m’active avec la reprise imminente. Pourtant, je me sens aussi seule qu’au début du confinement. Mes interlocuteurs ne répondent pas au téléphone, ni aux mails… Au début de l’isolement, ils n’avaient pas la tête au travail. J’imagine aujourd’hui qu’ils s’affairent à la reprise de leur activité. Je développe alors des talents d’humoriste, psychologue, conseillère en communication pour attirer leur attention sans les déranger. Je me sens quand même un peu seule et triste. Puis je souris en pensant à la chanson La tristitude de Oldelaf.

 

Bilan du jour

Travail : allez !
École : échec de la reprise en autonomie.
Cuisine : Focaccia au chorizo, salade de crudités.
Bricolage : tricot du pull de Violette le soir devant un film avec les enfants, La grande Muraille avec Matt Damon. Un film d’aventures historique et fantastique qui me fait sursauter à chaque attaque de monstres. Réaction qui agace prodigieusement mon fils. J’apprends à sursauter intérieurement.

Jour 50

Mardi 5 mai
Lors de la balade matinale, nous ne rencontrons pas âmes qui vivent avec le poilu dans la forêt. Aucun chien ou jogger ne croisent notre route et c’est la première fois depuis le début du confinement. Les gens s’essoufflent ? Ont repris le travail ? On ne se tracasse pas trop avec cette analyse sociologique et profitons du calme des grands espaces. De la beauté des nouvelles fougères qui verdissent les sous-bois. Du chant des oiseaux de plus en plus présents au fil des semaines de confinement. La nature aura repris quelques droits. C’est déjà ça.

confinement : la foret des landes retrouve son calme, le chien est ravi

L’été mais sans la plage

La journée s’organise entre les devoirs, mon travail, la restauration de tout mon petit monde. Le tout sous une chaleur digne du mois de juillet. On ressort les vêtements d’été, les tongs. Mais sans pouvoir aller à la plage… Et sans la perspective de bientôt y retourner puisque le gouvernement n’a pas autorisé leur réouverture le 11 mai à la fin du confinement. Des politiques se mobilisent pour la possibilité d’une plage dynamique. J’écris un article à ce sujet afin de préciser les enjeux loin d’être superficiels. Et je croise les doigts pour que l’amendement passe.

Sortie de confinement

À défaut de pouvoir aller à la plage, je fais deux pauses de ménagère dans ma journée de boulot. Un ravitaillement au supermarché pour tous les produits que je ne trouve pas chez les petits commerçants. Et une sortie aux containers de tri avec Yuri ! Interdits d’accès depuis le début du confinement, ils ont été remplacés par notre cabane de jardin. Qui déborde au bout de 7 semaines !

Suite à leur réouverture hier, nous nous motivons avec mon fils pour cette sortie palpitante. Avant de partir, nous hésitons à choisir le motif de sortie sur notre attestation… Ce n’est pas un déplacement pro, ni pour effectuer des achats de première nécessité. Il ne s’agit pas non plus de soins ou de motif familial. On hésite à prendre le chien pour pouvoir cocher la case déplacements brefs pour les poilus. Mais la voiture est pleine, il ne rentre pas dedans. Ce casse-tête superficiel et ubuesque me fait penser à Ubu roi d’Alfred Jarry. Je le note sur ma liste de relecture.

Bilan du jour

Boulot : la tristitude.
École : vite-fait et bien fait !
Recyclage : presque ! Marque de l’alcoolisme de la population, les containers de verre étaient plein. Signe du rangement des placards pendant le confinement, idem pour les bacs de vêtement. Nous rentrons donc avec notre verre et sacs de vêtements…
Cuisine : riz au safran et œufs, mi-espagnol, mi-marocain, les enfants adorent.
La bonne nouvelle : à défaut de reprendre l’école le 12 mai, Violette pourrait reprendre les cours d’équitation la semaine prochaine.

Jour 51

Mercredi 6 mai
La journée démarre par un événement inhabituel. Tôt ce matin, je bois mon café en compagnie de Joseph, levé pour sa classe virtuelle. Notre tête-à-tête garde sa nature silencieuse habituelle : il n’est pas un bavard et encore moins avant 8h !

Quand je lui demande en fin de matinée si tout s’est bien passé, il m’informe que la classe virtuelle n’était pas à 8h30 mais 9h30. Son décalage horaire me fait sourire. Depuis toujours, il vit décalé. In utero, le corps médical s’inquiétait de son poids et sa taille. Finalement, il n’a jamais utilisé la couveuse : il pesait 3,6 kg et mesurait 51 cm. Les médecins et sage-femmes n’ont rien compris… Il a marché tard – selon les normes – et sans passer par le stade 4 pattes. Il a parlé tard mais directement avec sujet, verbe et compléments. J’en ai cassé un verre en entendant sa première phrase.

Une différence qui fait toute la différence

Depuis, il parle peu mais jamais pour ne rien dire. Il est lunaire donc rarement sur la même planète que nous. En primaire, certains enseignants se sont inquiétés de ses apprentissages. Au collège, ils m’ont demandé de lui faire passer des tests et souhaitaient lui faire sauter une classe. Souvent dans des livres et passionné d’histoire, il a paradoxalement choisi la filière pro en section cuisine.

Très matures, ses réflexions psychologiques, politiques, économiques me font écarquiller les yeux depuis toujours. Déconnecté de la vie réelle qu’il juge superficielle, ses aptitudes logistiques et temporelles ont parfois le don de m’agacer. Si j’ai été inquiète ou dépassée, j’ai appris à le connaître et apprécier sa différence. J’essaye de l’aider à développer les interactions sociales nécessaires. Tout en l’armant pour ne pas souffrir des jugements quant à son décalage.

Quand les enfants nous élèvent

À la naissance de Violette, nous avions rencontré un super pédiatre qui avait sur sa carte de visite cette citation de Janusz Korczak, médecin-pédiatre, éducateur, pédagogue et écrivain polonais du début du XXème siècle.

C’est épuisant de s’occuper des enfants.
Vous avez raison.
Parce que nous devons nous mettre à leur niveau. Nous baisser, nous pencher, nous courber, nous rapetisser.
Là, vous vous trompez. Ce n’est pas tant cela qui fatigue le plus, que le fait d’être obligé de nous élever jusqu’à la hauteur de leurs sentiments.
De nous élever, nous étirer, nous mettre sur la pointe des pieds, nous tendre.
Pour ne pas les blesser. « 

Janusz Korczak – Quand je redeviendrai petit

C’est exactement ce que Joseph m’a appris à faire. Moi et mon fort caractère, pleine de certitudes, de raccourcis. Il m’a ouvert des fenêtres, appris à percevoir autrement des évidences , développé ma patience, mon écoute. Comme je ne suis pas parfaite, cela serait prétentieux de dire qu’il m’a rendue meilleure. Toutefois, je pense que je peux dire qu’il m’a rendue vraiment moins con.

Bilan du jour

Boulot : des gens me répondent aux mails, m’appellent… Proche de l’orgasme professionnel !
Bricolage : clôture très approximative pour freiner le longues oreilles dans sa dégustation de notre framboisier bien entamé… Chez nous, on ne clôture pas les animaux mais les végétaux. Recyclage du marche-pied des enfants pour qu’il puisse atteindre les branches du prunier.
Désespoir : ma balance de cuisine a rendu l’âme.
Cuisine : gâteau au yaourt à la vanille, idéal pour utiliser un laitage périmé et faire de la pâtisserie sans balance.
Bonheur du jour : cueillir un bouquet de pissenlits et trèfles pour le longues oreilles pendant la balade du poilu. Il a pris l’habitude et vient à notre rencontre dès notre retour.

Jour 52

Jeudi 7 mai
L’activité professionnelle semble reprendre son cours. Enfin. Et malgré le confinement. Des projets se réactivent. Avec l’incertitude de la continuité et les difficultés financières. Sans paraître légère, je prends en compte ses paramètres mais essayent de rester positive.

Je fais une pause à 11h pour me connecter en visio à une réunion d’informations organisé par le directeur d’école à propos de la reprise éventuelle. Non le 11 mai comme le claironne le gouvernement mais plutôt le 14 suite aux difficultés de mise en place par l’établissement et la mairie. En recevant 60 pages de consignes dimanche dernier, soit le 3 mai, il semblait impossible de les appliquer en une semaine…

Touche pas à mon stylo

Le directeur nous explique le mode d’organisation envisagée : l’accueil des enfants en temps scolaire seulement le matin pour laisser les enseignants poursuivre l’enseignement distanciel avec les élèves restés à la maison. Avec les effectifs réduits imposés par les mesures sanitaires et selon le nombre d’enfants à accueillir, un accueil périscolaire sera éventuellement mis en place parallèlement à ces temps scolaires. Le midi et l’après-midi sera assuré par l’équipe d’animation de la mairie.

Les enfants seront donc en petit groupe avec leur matériel d’école, leur couverts, leur verre. Ils ne pourront pas se toucher, jouer au ballon, échanger des jeux ou du matériel. Les groupes mangeront ou iront en récré à tour de rôle. Une expérience qui me semble plus traumatisante qu’autre chose pour les enfants. Des mesures sanitaires extrêmes qui me font réaliser que le risque d’épidémie reste bien présent. Et font de cette réintégration un danger pour les élèves et le personnel enseignant ou communal. Dans ces conditions et comme je peux poursuivre le télé-travail, je décide de ne pas renvoyer Violette à l’école.

Maître es école à la maison

Nous allons donc poursuivre ces journées en famille, entre enseignement, loisirs, cuisine et boulot. Je commence à trouver un équilibre entre pression, humour et discussion pour faire travailler les enfants sans leur hurler dessus. Jusque là, tout va bien ! On expérimente ainsi ce qui m’a parfois traversé l’esprit : l’école à la maison.

Je n’ai rien contre les enseignants, bien au contraire. Je suis plus dubitative à propos du système scolaire français… Et de la place de l’enfant dans ce système. Très clairement, les programmes, les emplois du temps, l’enseignement pédagogique prodigué aux apprentis enseignants n’intègrent pas les doctrines de Janusz Korczak. Contrairement à certains pays comme la Suède ou le Danemark. C’est dommage car l’école représente une part importante dans l’éducation de ces futurs adultes à se considérer et vivre ensemble… En attendant, je m’y colle. Et je pense très sérieusement à ajouter enseignement primaire et secondaire dans mes expériences professionnelles sur mon CV. Ainsi que confinement quand mes aptitudes.

Cure de phytoncides avec le chien dans la forêt des landes pour renforcer notre sysytème immunitaire

Bilan de jour

Boulot : premier jour vraiment concret depuis 8 semaines.
Bricolage : tricot du pull de Violette.
Lecture en cours : la réédition de Mermere de Hugo Verlomme, éditions Actu SF.
Cure : la forêt comme toujours au quotidien. J’ai lu dans l’éphéméride Flow du jour que « les arbres, en particulier les conifères, excrètent dans l’air des molécules appelées phytoncides qui ont un impact positif sur notre santé, notamment sur le système immunitaire ». Excellente nouvelle sachant que nous sommes en cure avec le poilu depuis plusieurs années. Si vous n’avez pas notre chance, achetez un sapin !
Déconfinement : entre télétravail et école à la maison, nous allons rester confinés en fait !
Perspective : aller marcher à la plage. Le gouvernement maintient l’interdiction mais laisse la liberté aux maires de demander l’autorisation aux préfets. À suivre !

relax dog confinement
Le poilu à la 8ème semaine de confinement…

 

Confinement / Jours 46 à 48 : reprise en main

Journal d’un isolement

Se confiner : S’enfermer, être enfermé dans un lieu (Larousse). Le moi de mai commence par un long week-end. Parfait pour reprendre les choses en main, se détendre avant la fin du confinement.

Bullet journal mai page de garde

Jour 46

Vendredi 1er mai
Nous y voilà. En mai. Le confinement depuis la mi-mars a fait défiler le temps. Comme si le début du printemps avait été effacé. Cette pause imposée et angoissante a provoqué chez de nombreuses personnes des envies d’activités pour contrer l’ennui. Entre les enfants, le boulot et la logistique famille, je n’ai pas encore eu le plaisir de m’ennuyer. Mais j’ai besoin de décompresser. Par exemple, j’ai pris plus de temps pour préparer la page de garde de mai de mon bullet journal. Plusieurs soirs, j’ai écris, reproduit le mot mai. Un exercice parfait pour me vider la tête. Pour ne pas me laisser avoir par la facilité de la répétition et rester concentrée sur chaque lettre, sa taille, sa position.

Un temps de chien

Jour férié. Pourtant, je travaille un peu. Le temps est pluvieux. Après avoir profité d’une accalmie pour promener le chien, je finis de cocher les missions pro de la semaine inscrites sur mon bullet journal avant le réveil des enfants. Machinalement. Pour avancer. L’arrivée d’un mail avec plusieurs pages d’une maquette me remonte le moral. C’est l’intérêt d’un projet collectif ambitieux. Il ne se concrétise que par la force des uns et des autres. La synergie entre des envies, des compétences, des tempéraments. Un équilibre entre les phases de découragement des uns et l’ébullition des autres. Ce mail tombe à point.

Comme un samedi

Une fois que les enfants sont levés, ce vendredi se déroule comme un samedi : rangement, ménage. L’après-midi, broderie, tricot et lecture. Le temps nous donne envie avec Violette de regarder un film tout en avançant sur notre coloriage géant acquis au Musée du Quai Branly il y a au moins 7 ou 8 ans. Le programme télé affligeant nous fait éteindre la télé et ranger le coloriage. Ce n’est pas ce week-end ni pendant ce confinement que nous le finirons. Il fait plus de 2 mètres. Violette se décourage. Je persiste. Un jour, il sera fini et accroché dans notre chambre !

Malgré la pluie nous laissons le lapin gambader dehors. Il ne cherche d’ailleurs pas à s’abriter et broute sous les torrents d’eau. Lorsque nous finissons par le rentrer pour le sécher, le poilu se prend pour sa mère et s’applique à le lécher. C’est la mignonnerie du jour.

Bilan de la journée

Boulot : un peu.
Bricolage : ménage, broderie, tricot, coloriage.
Ravitaillement : récupération de ma commande en ligne de fruits et légumes bio des Jardins de Castelnau.
Cuisine : sauté de porc et petits légumes au safran. Les garçons valident, Violette boude la viande. Elle devient presque végétarienne. Sauf pour le chorizo…

Jour 47

Samedi 2 mai
Le soleil est de retour. Le matin, je m’active dans la maison et fait une pause en forêt avec le poilu. L’après-midi, nous nous lançons dans une mission de reprise en main du jardin. Avec l’aide du papa de Violette. Et des enfants. Enfin, Joseph et Violette – Yuri dort…

En famille

C’est assez étrange d’évoluer tous les 4 dans un même espace, de se parler. D’être ensemble plus de 5 mn, 5 ans après la séparation. Nous remplissons notre mission avec succès. Le jardin est nickel. Nous sommes sales et en sueur. Tout le monde s’est parlé gentiment. Je suis touchée. Que les enfants aient participé de bon cœur – presque – sans râler. Mais aussi que le papa de Violette ait proposé son aide. Et que nous arrivions à nous parler gentiment. Si une séparation est toujours une douleur pour les enfants, j’imagine leur apaisement quand ils constatent des rapports sereins. À défaut d’avoir réussi à mener une vie de couple, nous ne nous débrouillons pas trop mal pour la séparation. Qui a dit que la notion de famille impliquait une cohabitation ?

La cuisine et la broderie, c’est la vie

Après le départ de Violette et de son papa, une bonne douche et Je me lance dans une pâtisserie. Après cet effort, je suis en hypo et des bananes se meurent dans la coupe à fruits. Pendant la cuisson des muffins bananes – pâte à tartiner, je me remets à la broderie à la lumière de jour. Quel plaisir d’être propre, fourbue et confortablement installée. C’est ce que j’aime dans l’effort. L’après !

Vans custom broderie

Je termine enfin la broderie de mes Vans commencée il y a un an. Après le tricot et la couture, j’avais très envie de me mettre à la broderie. Découvrir quelques comptes sur Instagram avec des réalisations plus modernes que « La petite maison dans la prairie » m’a fait sauter le pas. Comme celui de Jemma qui customise Vans ou Converse. J’avais une paire de Vans unie et tellement basique que je les portais peu. Je me suis donc lancée dans la broderie sur Vans. Quelle idée ! La toile est tellement dure qu’elle est difficile à piquer. Le concept de chaussures complique aussi la marge de manœuvre pour trouver le bon endroit pour piquer. Quand on débute en broderie, il faut apprendre à bien estimer les distances pour avoir un travail régulier et des motifs harmonieux. Mission quasi impossible sur des Vans…

Commencer et laisser de côté

J’ai la désagréable de manie de démarrer des ouvrages et de ne pas les terminer. Certains ont la zappette facile en télé. Moi, c’est en projet créatif… Après avoir réalisé l’arc-en-ciel et une fleur en m’esquintant les mains, en faisant et défaisant, j’ai laissé mes chaussures de côté pendant quelques mois. J’ai perfectionné mon piqué et mes gestes sur de la toile, des t-shirts. Bref, des supports plus souples pour un apprentissage. Puis, forte de ces expériences, j’ai repris mes tennis et j’ai terminé enfin cette customisation. Je suis ravie. Du résultat, et d’avoir terminé un projet. Et ce n’est pas fini.

Bilan du jour

Bricolage : Vans brodées, tricot du pull de Violette. Et jardin nickel, rasé, débarrassé des bambous, du lierre. Cette nudité ne me ressemble pas. Je me rassure en me disant que la nature va vite reprendre ces droits. Et que pendant ce temps, ma propriétaire a perdu une raison de râler.
Cuisine : muffins, saucisses, pommes de terre à l’eau (toujours en hypo), gariguettes des Landes.
Projet : terminer TOUS mes projets en cours pendant le confinement ! Une trousse brodée, une tête de rêne, des pochettes pour ranger les lingettes démaquillantes maison. Plus que une semaine, c’est pas gagné…

Jour 48

Dimanche 3 mai
Le soleil est toujours là. Je ne dors jamais les volets fermés. J’aime cet indicateur horaire et météo naturel. Je me lève tôt pour en profiter. Étendre la lessive au soleil quand le village dort encore. Partir en forêt avec mon poilu préféré. Avoir le reste de la matinée pour cuisiner, lire, tricoter, coudre.

Trouver sa place

J’ai connu quelques mésaventures dans la vie. Humaines, financières, professionnelles. Mais il y a au moins quelque chose que j’ai réussi – après mes enfants of course : ma migration dans les Landes. Je suis née et j’ai grandi en banlieue parisienne. Citadine de naissance, je pense que je suis campagnarde au fond de moi. J’aime la nature, c’est là que je me sens le mieux. En forêt, au bord de l’océan. Au calme et entourée par de grandes étendues naturelles. Installée depuis presque 12 ans dans les Landes, je savoure quotidiennement le bonheur d’être ici. C’est la première fois de ma vie, depuis que je vis dans ce paradis, que je suis contente de partir en vacances ET de rentrer. 12 ans que j’ai le sentiment de vivre en vacances. Que j’ai trouvé ma place. Est-il utile de préciser que cette impression est largement renforcée avec le confinement ?

Chien husky siberien foret des landes confinement

Transpirer sans bouger

Après une pause café – lecture, je reprends une trousse brodée à l’abandon depuis plusieurs mois. J’ai terminé la broderie, il reste la réalisation de la trousse. Comme je trouvais le mode d’emploi trop sommaire pour la piètre couturière que je suis, je l’avais laissé de côté pour le reprendre en compagnie de mon amie Soso, mon mentor en tricot, couture. Confinement oblige, je me motive en me répétant comme un mantra « Tu peux le faire » ! Je lis et relis la marche à suivre, je mesure, je tourne et retourne les tissus. Je me décide à couper. J’essaye d’assembler le tout dans le bon sens avant de me lancer dans la couture. Je transpire, fronce les sourcils. Joseph se lève et me sauve. Je vais préparer le brunch.

Le casse-tête de l’école

On termine ce dimanche en détente avec le retour de Violette. Demain reprise de l’école à la maison. Et peut-être dans une semaine à l’école tout court. Je n’ai pas encore pris ma décision. Un mail honnête du directeur m’apaise. Ils ne connaissent pas encore toutes les mesures à mettre en place. Ils vont y travailler la semaine prochaine et nous informerons des conditions d’accueil des enfants afin que nous puissions nous décider sur leur réintégration. J’imagine que certains parents salariés n’ont pas le choix. Le confinement s’arrête, ils doivent retourner travailler. Même s’il est plus complexe de travailler avec Violette et l’école à la maison, j’ai ce luxe. Je ne m’en priverai pas si je réalise que les pauvres enseignants et employés communaux n’ont pas les moyens d’appliquer les 60 pages de directives du ministère…

Bilan du jour

Yoga : 1. Quelle bêtise de ne pas m’y coller tous les jours. Prendre le temps pendant ce confinement. Les étirements détendent mes muscles endoloris par la mission SOS jardin de la veille.
Bricolage : J’ai abandonné mes velléités d’autonomie en couture, j’attends la fin du confinement pour profiter des conseils avisés de ma coach. Dans loisirs, il y a la notion de plaisir, pas de stress ! Reprise du tricot de Violette.
Cuisine : pain cuit en cocotte, brunch avec une omelette aux aillets et un délicieux smoothie jus d’orange frais, bananes, framboises, glace à la vanille, préparé par Joseph. + nouilles chinoises maison le soir. La cuisine, c’est la vie.

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