Confinement / Jours 42 à 45 : espoirs et angoisses

Journal d’un isolement

Se confiner : S’enfermer, être enfermé dans un lieu (Larousse). L’impact psychologique de la 7ème semaine de confinement additionné à l’incertitude du déconfinement pèse sur le moral. On s’accroche coûte que coûte. Malgré les cons et la pression.

Chien couché sous le bureau
Le poilu s’accroche.

Jour 42

Lundi 27 avril
Depuis le début du confinement, j’ai le sentiment d’être en pause. Pourtant, entre le travail, l’école à la maison et l’alimentation de 4 personnes, je suis loin de chômer. Mais la notion de temps a changé. La distanciation sociale permet une reprise en main de nos emplois du temps. Et l’incertitude de l’avenir provoque une suspension de la vie. Malgré cette impression de flottement, le temps passe encore plus vite qu’à l’accoutumée. Les jours et les semaines défilent. La 7ème semaine de confinement débute. Et j’ai l’impression que c’est la seconde…

Que faire des cons ?

Après une bonne nuit de sommeil, je me remets au travail avec plaisir. Les projets avancent, je m’adapte à l’incertitude, trouve de nouvelles idées. Cette matinée de labeur agréable provoque l’arrêt définitif de mes ruminations sur les méchants cons et ma manière de les gérer. Je garde en tête de me replonger dans Que faire des cons, Pour ne pas en rester un soi-même, l’essai de Maxime Rovere. Une piqûre de rappel ne fera pas de mal pour la prochaine fois.

Confinement carnivore

Avant de me remettre au travail l’après-midi, je fais une pause cuisine. Le plat a besoin de mijoter. C’est parti pour des joues de bœuf à la moutarde et au Cognac à partir de la recette Papilles et Pupilles. Les garçons ont envie de viande. La recette est simple. Je n’ai pas tous les ingrédients mais au moins le bœuf, la moutarde et le Cognac, c’est le principal. La cuisson longue en cocotte rend la viande extra fondante. Bref un régal que je prends plaisir à préparer.

Au moment de la dégustation le soir, j’apprends à Yuri – qui vient de se lever – que notre Premier ministre va annoncer le plan de déconfinement demain à 15h. Il s’étonne de cet horaire : « Il veut faire ça en toute discrétion ? Que les gens ne l’écoutent pas ? ». Son second degré à propos de son rythme de vie nous fait beaucoup rire.

Bilan de la journée

Boulot : au top, pourvu que ça dure.
Cuisine : les joues de bœuf.
Petits plaisirs : éplucher et couper carottes, oignons, viande, herbes à 14h un lundi.
Bricolage : Il me reste de la laine pour faire un pull à Violette mais je m’impose d’abord de finir tous les projets en cours et inachevés, une mauvaise habitude. Je me remets donc à la broderie.

Jours 43

Mardi 28 avril
Matinée classique de confinement : boulot, balade en forêt. À 15h, Yuri se lève ! Il a mis son réveil pour écouter le Premier ministre. Après son discours, nous restons mitigés. Sur la réouverture des écoles. Et sur toutes ces propositions conditionnelles et conditionnées aux nombres de cas avant le 11 mai. Pour la reprise des lycéens, dont Joseph fait partie, le gouvernement ne se prononcera qu’à la fin du mois de mai. Je me demande l’intérêt de les faire reprendre en juin. Et commence à envisager qu’il termine son année à distance.

Reprise de l’école ?

Les bars et les restaurants restent fermés mais les écoles rouvrent ? Pour Violette en CM1, elle pourrait reprendre en mai. Si cette proposition de reprise a le mérite de ne pas laisser sur le carreau les enfants en situation difficile (maltraités ou en décrochage scolaire), elle favorise à nouveau la propagation du virus.

Même avec des effectifs de 15 enfants par classe, il est impossible pour un enseignant ou un personnel d’animation de leur faire respecter les distances. Ce sont des enfants de 3 à 10 ans donc des êtres mobiles et tactiles. À qui il va falloir demander de se reculer toutes les minutes, de ne pas se toucher ou toucher la table du voisin. Tout en assurant la classe, l’hygiène et l’école à distance pour les élèves restés à la maison. Si les membres du gouvernement s’occupaient d’enfants, ils sauraient que c’est impossible. Et ce ne sera pas de l’école mais de la garderie.

Avec jardin et sans plage

D’autres dispositions me semblent contradictoires. Les parcs et jardins pourront être à nouveau fréquentés mais pas les plages… Sur quels critères objectifs arrivent-ils à différencier ces étendues naturelles et y appliquer deux régimes ? Surtout, ils n’ont pas dû avoir vent des bienfaits de l’air marin et de la pratique d’activités sportives marines pour renforcer son immunité. Je me désole pour les surfeurs, les écoles de surf.

Réorganisation de la vie

Comme nous ne sommes pas du genre à ruminer pendant des heures, nous réfléchissons à l’organisation qu’implique cette reprise potentielle en mai. Yuri, qui travaille dans les restauration, est au chomage technique depuis le début du confinement. Il a été rappelé il y a quelques semaines par son patron pour une reprise du travail suite à la mise en place des livraisons de repas. Mais confinement oblige, Yuri n’a pu revenir à Bordeaux. Nous essayons donc de trouver une solution pour son retour le 11 mai.

Pour le travail, je fais le point sur tous les projets. Comment les poursuivre dans ces conditions, selon quelles échéances. Et avec qui. Bref, on s’adapte. En restant optimiste. Mais avec une pointe d’angoisse sur les mois à venir. À propos de la situation financière mais de l’impact psychologique aussi de l’isolement, de la crise. Il va falloir être fort.

Bilan de la journée

Boulot : avancer, avancer.
Cuisine : boudin noir, pommes de terre, pomme. Le genre de repas que nous ne faisons que lorsque Violette n’est pas là.
Ravitaillement : faute d’avoir pu conclure un drive – le paiement en ligne ne fonctionnait pas – je suis allée dans le petit supermarché du coin pour tous les produits que je ne peux pas trouver chez les petits commerçants. Uniquement des produits consommés par les enfants. Je me projette lorsqu’ils seront grands et que je ne mettrais plus un pied en supermarché. Oui je vois loin !

Jour 44

Mercredi 29 avril
En très grande forme. Suite à ma confrontation désagréable avec le monde extérieur dimanche et passée la période de rumination, j’envisage de déménager. Ce n’est pas une fuite, je sais que l’herbe n’est jamais plus verte à côté. C’est un besoin de changement, latent depuis plusieurs années. Mis de côté par manque de courage et qui m’apparait aujourd’hui faisable. Je reste réaliste, cela ne sera pas dans un futur proche. Mais cette nouvelle perspective m’allège et me booste. Je réalise une fois de plus que les expériences de vie négatives sont riches d’enseignement et débouchent souvent sur des éléments positifs.

Violette revient ce soir, je profite de cette journée de travail sans elle pour avancer au maximum. Car si elle est encore en vacances et que je n’ai pas à faire la maîtresse, se concentrer quand elle me parle ou me sollicite toutes les 5 mn se révèle compliqué.

Travailler en famille

Les rapports professionnels ont d’ailleurs beaucoup évolué depuis le confinement. Ayant l’habitude de travailler à la maison, j’ai toujours fait en sorte de m’isoler pour passer un coup de fil afin que mon interlocuteur ne perçoive pas la sphère familiale. Avec le télé-travail imposé par la crise, ce genre de précautions n’est plus de mise.

J’ai eu une conversation de plusieurs minutes avec une femme aujourd’hui et j’ai dû lui faire répéter ses réponses plusieurs fois. Les cris de ses enfants couvraient un mot sur deux… Cela ne semblait pas la gêner et m’a beaucoup amusée. On revient à des rapports plus honnêtes, sans faux-semblants. Cela m’arrange, j’ai toujours eu du mal à me glisser dans le costume de la pro ultra sérieuse. Pourvu que ce formalisme détendu perdure…

Bilan de la journée

Boulot : on avance…
Jardinage : J’ai taillé des bambous et commencé à creuser pour enlever leurs racines. Une mission physique et compliquée. Mais les coups de pioche et de pelle me défoulent.
Cuisine : C’était le tour de Joseph. Oui chez nous, les hommes cuisinent pendant que les femmes s’occupent des gros travaux.
Bricolage : J’ai craqué… Mes vieux yeux ne me permettent pas de broder le soir. J’ai donc démarrer un nouveau pull pour Violette avec des restes de laine.

Jour 45

Jeudi 30 avril
Tout en profitant de ce dernier jour travaillé sans école à la maison, je rumine le déconfinement. L’école a sondé les parents d’élèves pour savoir si nous comptions remettre nos enfants à l’école. Sans même mentionner quelles mesures de précaution ils envisageaient de mettre en place. Dans ces conditions, comment me décider ?

Une fausse reprise

Pour le travail, ce semblant de reprise le 11 mai, m’impose également de concrétiser des projets en pause. Pourtant, de nombreux professionnels ne sont pas autorisés à reprendre leur activité : bars, restaurants, salles de spectacles, écoles de surf, hébergements touristiques. Difficile là encore de reprendre vraiment. Pourtant, je dois avancer.

Nous avons subi cette période de pause inquiets de l’avenir. Nous devons maintenant reprendre le cours de la vie mais au ralenti. Avec, latente, cette inquiétude de parvenir. Et l’angoisse de propagation du virus. Et d’un nouveau confinement. La pression se révèle finalement plus forte au déconfinement.

Espoir vs angoisse

En faisant quelques courses, j’ai croisé des commerçants, des restaurateurs, des professionnels du tourisme et du spectacle. Tous sont abattus. Ils ne savent pas s’ils pourront se remettre de cette crise. Ils travaillent pour s’adapter aux précautions sanitaires. En investissant dans du matériel pour envisager une reprise. En dépensant de l’argent qu’ils n’ont pas et sans savoir s’ils ne vont pas participer à la reprise du virus ou subir de nouvelles fermetures.

La fin du confinement tant espérée représentait une lueur d’espoir. Elle se transforme en source d’angoisse. Lire le journal d’un ambulancier au front m’a beaucoup touchée. Et fait relativiser. La théorie de la relativité fonctionne toujours. Nous allons devoir plus que jamais rester optimiste, nous adapter. Faire attention aux uns et aux autres. Faire taire ou apaiser notre colère, nos inquiétudes pour avancer tous ensemble. Se réinventer. Comme ce mot « déconfinement » qui n’existait pas et que mon correcteur orthographique continue à souligner. Au boulot.

Bilan de la journée

Boulot : plus que jamais, je m’accroche à mon bullet journal pour enchaîner les missions et cocher les cases… Yuri se prépare à rentrer à Bordeaux le 11 pour reprendre le boulot. Sa copine étudiante ne sera pas autorisée à le suivre. Vivre seul, travailler, sans voir d’amis, tous restés dans les Landes. Je sens que cette perspective ne le réjouit pas. Mon bébé…
Cuisine : nouveau pain cuit à la cocotte avec un mélange de farine de petit épeautre et semi-complète. Yuri passe en cuisine le soir.
Bricolage : Courbatue des coups de pioche et de pelle hier, je fais une pause de la mission bambou. Et reprends le tricot du pull de Violette. Apaisant.

 

 

 

 

Confinement / Jours 38 à 41 : les montagnes russes

Journal d’un isolement

Se confiner : S’enfermer, être enfermé dans un lieu (Larousse). La vie en confinement réserve encore de belles surprises familiales. Et l’isolement physique n’estompe pas la richesse des relations amicales.  Il n’empêche pas non plus le monde extérieur, parfois, de surgir violemment dans notre bulle. Récit de ces montagnes russes.

Jour 38

Jeudi 23 avril
Je me sens plutôt heureuse dans cet isolement humain, à profiter au quotidien de mes 3 enfants. À alterner un travail que j’aime, les balades en forêt, de la cuisine et du bricolage. Pourtant, je dors mal. J’imagine que les angoisses liées mon avenir professionnel se rappelle à mon bon souvenir…

Parenthèse beauté

Malgré ces courtes nuits hachées, j’ai plutôt bonne mine. Ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas une reine de beauté. Je passe rarement plus de 5 mn dans la salle de bain. Et mon aspect m’importe peu. Parfois, j’ai des velléités de filles. Mais cela ne dure jamais plus de quelques minutes… Dans cette logique, j’utilise depuis des années des crèmes de jour soi-disant bio ou naturelle achetées en supermarché. D’abord parce que j’ai peu de moyens. Ensuite, parce que je préfère investir mon peu d’argent dans autre chose. Mais depuis une semaine, tout a changé.

J’étais en rupture de crème pour le visage. Parce qu’en cette période plus que jamais, je préfère donner de l’argent à des petits commerçants qu’aux hypers, j’ai donc étudié les produits cosmétiques sur le site de la Vrac Mobile. Et j’ai choisi la crème pour peaux sèches, déshydratées, matures (tout moi) Etxean Egina. D’abord, elle est locale : fabriquée dans une savonnerie artisanale de Saint-Étienne de Baïgorry au Pays Basque. Ensuite, elle est naturelle et bio : eau minérale naturelle, huile bio d’avocat, gel d’aloe vera bio, cire émulsifiante végétale, parfum 100% naturel, cosgard (conservateur en alternative aux paraben, agents parfumants citronellol, geraniol (aussi anti-moustiques naturel), hydroxycitronellol. Enfin, elle n’as pas si chère : 9,50 € les 30 ml, c’est plus que raisonnable.

Crème visage Etxean Egina, bio, local

Parce que je le vaux bien

Et je ne regrette pas. Elle a une texture crème fouetté hyper agréable à appliquer. Elle sent très bon avec une dominante de notes florales. Et surtout, son efficacité est impressionnante. Ma peau est de nature sèche. Et mes courtes nuits additionnées à ma mauvaise habitude de fumer font que j’ai un teint terne et une mine pas vraiment resplendissante. Après quelques jours d’application, ma peau est plus douce, mon teint illuminé.

Bref, cet aparté beauté superficielle pour vous dire qu’à 45 ans, j’ai trouvé MA crème de jour. Un événement dans une vie de ménagère de moins de 50 ans qui méritait d’être mentionné. Mais qui ne me donne pas envie de me transformer en blogueuse beauté, je vous rassure.

Bilan du jour

Teint : joli.
Boulot : efficace. Grand plaisir à écrire et enregistrer pour la radio une chronique de la dernière BD de David Snug, Dépôt de bilan de compétences, Éditions Nada. Je la poste bientôt sur le blog.
Cuisine : Yuri à l’œuvre avec ailes de poulet, riz, carottes râpées.
Plaisirs du jour : un cadeau déposé par une amie pour l’anniv de Violette, écriture, tricot, balade du chien.
Zoo : entente parfaire entre le poilu et le longues oreilles. Le jardin est notre nouvelle télé.

lapin bélier nain trop chou

Jour 39

Vendredi 24 avril
Je me suis lavée les cheveux. Désolée messieurs pour la nouvelle parenthèse beauté. Si je précise ce détail capillaire, c’est parce que c’est la première fois depuis 15 jours… Non, je ne fais pas partie des Français qui négligent leur hygiène pendant le confinement. Je pratique le soin capillaire le Low Pow No Pow. Et je viens de battre mon record. Mes cheveux semblent être aussi en pause, je n’avais aucune sensation de gras ou de démangeaisons. J’ai quand même fini par les laver. Je vous invite à profiter du confinement et de la distanciation sociale pour tenter d’espacer les shampoings. Parenthèse beauté terminée.

Les obligations

Dès le début du confinement, j’ai établi – comme tout le monde – une liste de choses à faire, en attente depuis plusieurs mois, voire des années, que je comptais réaliser pendant cette période de ralentissement. Après un mois, aucune mission de cette liste n’avait été cochée… J’ai donc laissé tomber ces projets pour arrêter de culpabiliser.

Depuis que je les ai sorti de ma tête, je me suis mise à les concrétiser… J’ai toujours eu un tempérament à la fois docile et contradictoire. Cela veut dire que souvent j’essaye de faire plaisir ou de me couler dans le moule du bon citoyen modèle de notre société judéo-chrétienne. D’autres fois, mon esprit et mon corps refusent de répondre à ces injonctions. Sociales ou personnelles. C’est le cas dans tous les domaines, le travail, les lectures, les sorties, la cuisine, les tâches ménagères… Si je lutte contre cette instinct rebelle, je mets des heures à réaliser ce qui pourrait me prendre quelques minutes. Et je souffre.

Sagesse de la liberté

Dans le cadre de ma vieillesse et de la sagesse qui est censée en découler, je me fixe donc de moins en moins d’obligations. Et finalement, je réalise de plus en plus de choses ! Cela s’appelle, escroquer son inconscient. Ou se défaire des injonctions. Surtout, cela me rend plus sereine. Comme pour notre chambre de filles, enfin rangée et astiquée dans tous les recoins la semaine dernière. Ou encore avec mes placards de cuisine qui attendaient depuis plusieurs années. La seule de bain me fait de l’œil mais je préfère ne pas trop y penser. Au risque de ne pas m’y mettre !

Bilan du jour

Boulot : facile avec la perspective du week-end !
Ravitaillement : Fruits et légumes aux Jardins de Castelnau. J’ai ai profité pour acheter des plants de tomates et un de framboisier à un pépiniériste local installé à côté.
Cuisine : muffins salés au fromage de brebis et champignon. Trouvé dans l’éphéméride de la revue Flow. C’est comme un cake salé mais plus présentable. Parfait pour accompagner notre salade de crudités.
Projets : jardiner, faire ma déclaration d’impôts.

Jour 40

Samedi 25 avril
Le week-end a démarré par un miracle. Yuri est venu en balade en forêt avec moi ! Même le chien n’y croyait pas et se retournait régulièrement pour réaliser ! C’est quand même la première fois en 5 ans. Lorsque je me suis levée ce matin, il n’était pas encore couché. Je lui ai proposé sans trop y croire et il m’a répondu : « Allez ! ». Un tête-à-tête rare et bien agréable. Je vous rassure pour sa santé, il s’est recouché ensuite et je l’ai réveillé pour le repas… du soir !

Garden therapy

Malgré certains voisins qui utilisent pendant des heures tondeuse, tronçonneuse et autres outils incompatibles avec un bien-être naturel, nous avons passé avec Violette la journée dans le jardin. J’ai préparé la terre, fait des trous et planté mes plants acheté le veille. Violette était censée m’aider. Elle a préféré jouer à côté et me solliciter toutes les 5 mn. Malgré cet environnement hostile, la garden thérapy a fait son effet. Et j’ai pensé aux confinés qui n’ont pas la chance d’avoir un jardin. Je ne suis jamais très ambitieuse pour le potager, seulement quelques plants. Je ne veux pas planter pour planter sans m’en occuper. Et ils ont besoin régulièrement d’être arrosés, désherbés.

Ces quelques pieds ne nous rendent pas autonomes en légumes. Mais ils me font du bien, me reconnectent à la terre, à l’essentiel. Une soupape tout le printemps et l’été après une journée de boulot et de maman solo.

Bilan du jour

Jardin : 4 plants de tomates et un pied de framboisier plantés avec amour et surveillés comme l’huile sur le feu pour que le longues oreilles ne les croque pas. Il s’est déjà attaqué à mes pieds de fraisiers…
Miracle : Après Martine à la plage, Yuri en forêt. Le titre est en cours d’écriture.
Fou-rire : Violette qui utilise mon hérisson de ménage comme monture et mime très sérieusement une cavalière. J’en ai pleuré. Ça fait du bien. Je croise les doigts pour qu’elle n’ait pas l’idée d’en faire un sport en compétition. Oui ça existe…
Cuisine : recyclage d’une salade flétrie en soupe selon la recette du chef Juan Arbelaez. Pour vous épargner les pubs sur le site de TF1 avant de visionner la recette : Faire revenir 3 gousses d’ail et un oignon dans une cocotte, ajouter la salade grossièrement coupée, mouiller, faites cuire 10 minutes, mixer. Pour l’adoucir, j’ai ajouté du fromage frais au mixage mais cela n’a pas suffit pour les enfants. J’ai adoré, eux moins. Ils ne valident pas l’idée de l’anti-gaspillage coûte que coûte.

Jour 41

Dimanche 26 avril
Violette est repartie chez son papa, les garçons dorment. Je profite de cette matinée calme et sans enfants pour écrire, lire, coudre. De ces quelques heures sans obligations ou impératifs.

Vivre sans les enfants

Il m’a fallu quelques années pour accepter de ne pas les avoir contre mon gré. La fatigue physique et psychologique d’élever trois enfants seuls au quotidien a fini par me faire apprécier ces pauses. En demie-semaine de garde alternée avec le papa de Violette, quelques week-ends et jours de vacances avec celui des garçons. Avec le confinement, j’ai les garçons tous les jours. Mais ils n’émergent jamais très tôt donc les matinées sont calmes.

L’homme est un loup pour l’homme, surtout pour la femme

Après le traditionnel brunch du dimanche, le monde extérieur dont le confinement nous coupe vient perturber mon dimanche paisible. C’est la première fois en 6 semaines. La violence en est décuplée. J’essaye comme je peux d’appliquer la théorie de la relativité. Mais elle ne fonctionne pas toujours. À la contrariété vient s’ajouter la culpabilité de laisser ce genre de bêtise humaine m’atteindre. Cet épisode me démontre que la carapace de sagesse que j’essaye de me forger depuis des années montre encore des failles.

Je passe donc au plan B et essaye moultes trucs & astuces pour sortir la tête de l’eau. Le soutien de mon parents et des copines fonctionnent bien. Le confinement n’empêche pas les oreilles attentives. Elles me soulagent. Et me divertissent de ma contrariété. La couture de mon pull de confinement fait aussi son œuvre. Chaque coup d’aiguille piquée m’éloigne de mes tourments. Et la satisfaction de l’ouvrage terminé me rend définitivement le sourire.

tricot pull col v noir laine et cashmere

Bilan de la journée

Tricot : pull de confinement terminé.
Projet : broder « Et merde » la nouvelle grille au point de croix mis en ligne gratuitement par Brode Pute.
Cuisine : Brunch, pâte carbo. Et pain à la cocotte ! J’en profite d’ailleurs pour partager quelques photos de vos belles miches 🙂

 

 

 

Confinement / Jours 34 à 37 : La famille d’abord

Journal d’un isolement

Se confiner : S’enfermer, être enfermé dans un lieu (Larousse). Première semaine de confinement sans école à la maison, première grosse sortie autre que ravitaillement, première anniversaire confiné… C’est la semaine des premières fois !

Jours 34

Dimanche 19 avril

Levée tôt : blog, lecture, lessive. Plus je vieillis, plus j’aime le silence et la solitude. Je pense qu’être maman de 3 enfants a amplifié ce penchant. Les moments calmes sont rares, j’ai appris à les savourer.
Violette repart chez son papa. Je pars en balade avec le chien. Les sorties nature sont plus bucoliques le week-end. Si les promenades du poilu sont devenues essentielles à mon équilibre, celles de la semaine se font souvent au pas de course. Boulot oblige. Le week-end, je reprends le temps de flâner, d’observer la nature, les oiseaux. Le temps s’arrête. Enfin, presque. En confinement, l’autorisation est limitée à une heure…

Ralentissement

À notre retour, les garçons dorment encore. Je profite du silence et de la solitude pour préparer le brunch en cuisine. Je suis de nature assez « speed ». De manière instinctive, je marche vite, j’agis vite, je parle vite. Parce que les idées et les projets se sont toujours bousculés. Mais cette proactivité n’est-elle pas une manière de masquer mon manque de confiance ? Masquer mes angoisses ? Depuis plusieurs années, j’en ai pris conscience et j’essaye parfois de ralentir le rythme. Mes gestes, mes déplacements, mes pensées. Tranquillement donc, je prépare des pancakes, des œufs brouillés et un smoothie. En me concentrant sur chaque tâche et en ne pensant qu’à celle-ci. C’est dimanche, on se calme.

Parfois, dans ces phases de méditation douce, le silence est rompu par l’arrivée d’un garçon. Je prolonge l’instant en lui parlant lentement et doucement. Il me demande si tout va bien. S’inquiète d’une consommation éventuelle de stupéfiants. Mes explications les font rire. Se réinventer n’est pas simple. Encore moins aux yeux des autres 😉

Née vieille

L’après-midi se déroule comme j’aime les dimanches. Avec une alternance de pauses tricot, rangement, bricolage et cuisine. J’ai toujours été casanière. Même très jeune. Ce penchant s’accentue avec l’âge. Mes obligations professionnelles et associatives me poussent parfois à sortir. Si j’éprouve du plaisir dans l’instant présent, je dois me faire violence pour franchir le pas. Et malgré les bons moments passés lors d’une soirée, il m’arrive de regretter ce temps en moins de bricolage solitaire. Je pense que je suis née vieille.

lessive maison écologique et économique

Bilan du jour

Bricolage : rangement des étagères de la cuisine, tricot, lessive maison. Désormais, j’en fabrique 3 litres dans ma cocotte-minute et j’en ai pour presque trois mois. J’ai fait une mise à jour de la recette en ajoutant le coût de revient, le résultat est impressionnant. Oui j’ai du temps à perdre. C’est l’effet confinement.
Cuisine : pancakes, salade de lentilles / feta, recyclage des baguettes maison en garlic bread, un délice. Précision diététique : malgré la présence de beurre, je considère le garlic bread comme une recette healthy. Le persil plat aux vertus stimulantes, toniques et diurétiques est plus riche en vitamine C que les agrumes ou le kiwi. Ajouté à l’ail réputé pour son pouvoir antiviral et antioxydant, c’est le combo gagnant ! Et le gras, c’est la vie.

Jours 35

Lundi 20 avril
La semaine de travail reprend mais sans Violette et sans devoirs. Je me concentre, je me motive et je deviens une machine. L’après-midi, un événement inédit vient perturber notre 6ème semaine de confinement. Un rendez-vous à l’hôpital de Bayonne pour Joseph. Pris en janvier pour le traitement de ses allergies, il n’a pas été annulé. Certaines personnes de notre entourage s’inquiètent de notre présence dans un établissement de santé pendant la crise sanitaire. J’imagine que si des professionnels du corps médical maintiennent le rendez-vous, c’est qu’il est sans danger.

La sortie du mois

Pour l’occasion, je quitte mon jogging, met une chemise, me maquille. C’est la sortie du mois ! Joseph ne raisonne pas comme moi et reste en jogging. Sur la route et dans Bayonne, seulement quelques véhicules circulent. Ce calme dénote de l’effervescence habituelle de l’autoroute et de la ville. Même atmosphère à l’hôpital. Très peu de monde. Un siège sur deux est condamné dans les salles d’attente. Tous les soignants sont masqués. Ainsi que la plupart des patients. Tout se déroule sans encombre. Nous repartons avec l’ordonnance de désensibilisation et le prochain rendez-vous en octobre. La vie continue. Je me demande comment nous vivrons en octobre. Joseph réalise que le rendez-vous, pendant les vacances scolaires, ne lui fera pas manquer de cours. Il imagine donc que la vie aura repris son cours.

Bilan de la journée

Boulot : intense avant et après le rendez-vous. Je retrouve le goût de travailler.
Cuisine : Saucisse de Toulousse avec pommes de terre / Brie gratinées au four pour accompagner des saucisses. Plat simple à réaliser quand on travaille et qui convient parfaitement à deux garçons en manque de viande et de gras.

Rigolade : appel visio avec ma copine Blanche. Dégoutée de ma vieille tête, je m’amuse tout en conversant à changer d’apparence avec les animations du téléphone – que je découvre pour la première fois. Exercice complètement régressif qui nous fait bien rire. C’est ce que j’aime avec Blanche. On peut froncer les sourcils en parlant très sérieusement littérature, dérives sociétales ou psychanalyse. Puis rire aux éclats et sans complexe pour des âneries. Une chouette récré. Je ne suis peut-être pas si vieille ? Pas pour tout 😉

Bricolage : tricot de la dernière manche du pull de confinement devant True Grit des frères Cohen. Je ne l’avais jamais vu. Ces réalisateurs sont décidément très forts, il arrivent à me faire aimer le genre Western !

Lecture : poursuite du Liseur du 6h27 de Jean-Paul Didierlaurent. Finalement les lectures gentilles ne sont pas pour moi. Je vais le finir et revenir à un roman plus dense ou sombre.

Jour 36

Mardi 21 avril
Il pleut. Contre toute attente, le gris de la météo n’affecte pas ma bonne humeur. Depuis le début du confinement, j’apprécie la pluie qui accentue son effet. La forêt est moins fréquentée et le voisinage plus calme.

La résistance des petits commerçants

J’écris pour le site de la radio un article sur les petits commerces et restos locaux qui se réinventent face à la crise. Pour rouvrir, fonctionner, exister, ils proposent des services adaptés aux mesures sanitaires. Je suis admirative de cette force de rebondissement. De leur capacité à dépasser la crise pour rebondir. Ils méritent décidément d’exister. J’espère que cette période que nous traversons ferons prendre conscience aux gens de l’importance de privilégier ce type de commerces de proximité face à la vente en ligne ou aux grandes chaines de magasin. Un bon sens économique – faire vivre son voisin plutôt que des actionnaires à l’autre bout du monde. Mais aussi une participation au tissu social, une reconnaissance de leur éthique de travail dans le choix des produits et l’offre de services.

Retour à l’école annoncé

Le gouvernement a exposé son plan de retour à l’école. S’il reste flou sur les modalités, je comprends que Violette en CM1 et Joseph en seconde n’y retourneront pas avant le 26 mai. Je partage le sentiment mitigé des parents entre l’envie d’un retour à une vie normale et mettre leurs enfants en danger en les laissant retourner en collectivité. Ce retour devrait être progressif par nombre limité. Les enseignants vont donc accueillir des enfants en respectant les mesures barrières tout en poursuivant l’enseignement à distance avec ceux qui restent à la maison… Ils sont vraiment mignons nos politiques. Inconscients de pas mal de réalité. Notamment qu’il est impossible de gérer une demi-classe de 15 enfants en respectant les gestes barrière. Tout en faisant l’école à distance pour les autres ! Comment dit-on déjà à l’école ? Peux mieux faire.

Bilan de la journée

Boulot : Je suis regonflée à bloc. J’ai été sollicitée pour un nouveau projet assez excitant dans le domaine de la musique avec des gens que j’apprécie et que j’admire.  Cette bonne nouvelle donne une tout autre dimension à mes journée de travail. Elle ouvre aussi des perspectives d’avenir. De réalisation future possible. D’une vie sans virus.
Cuisine : yaourts à la vanille, compote en prévision d’une tarte aux pommes. C’est au tour de Jo de préparer le repas du soir.
Tricot : manche terminée, reste à assembler les éléments pour en faire un pull.
Projet : préparer les 10 ans de Violette demain. Faire en sorte qu’elle se souvienne de manière positive de cet anniversaire en confinement.

Jour 37

Mercredi 22 avril
Boulot intense le matin et préparation de l’anniversaire de Violette l’après-midi. C’est l’avantage de l’indépendance, organiser son temps comme on le souhaite. Il y a encore quelques temps, j’aurai culpabiliser de faire autre chose que travailler. Aujourd’hui, je sais que cette adaptabilité est positive pour mon efficacité. Je m’attèle donc sans aucun scrupule à la pâte sablée de la tarte aux pommes.

Digression culinaire

Je prends la recette dans mon livre préférée de cuisine : Ripailles de Stéphane Reynaud. Il est beau mais pas dans le sens des livres de cuisine actuelle. Il est authentique avec des photos de vrais gens. Les recettes sont des basiques, des classiques de la cuisine française, ce livre est ma bible ! Stéphane Reynaud est chef du restaurant La villa 9 Trois à Montreuil. Je rêve d’y aller. On ira Marine un jour ?

ripailles livre cuisine de Stéphane Reynaud

Après la tarte, semblant de déco avec les quelques ballons trouvés, emballage des cadeaux, 2 livres achetés grâce au service confinement de la Librairie Le Vent Délire ! En même temps, je poursuis le rangement de mes étagères de cuisine et j’y trouve des pépites. Un pétillant sans alcool à la pêche, parfait pour l’anniv de ce soir, un vinaigre de riz périmé depuis… 2011 ! Et quelques bouteilles de vin. Il faudra que je me demande à mon papa si elles sont encore buvables avant de les recycler dans des bœufs bourguignon !

Joyeux anniversaire Violette !

Pour le repas d’anniv, je commande en ligne au fast food local Jack’s Burgers. Paradoxal avec mon style de vie ? Non car je ne suis pas une extrémiste. Le restaurant se distingue aussi de la plupart des établissements de restauration rapide : il cuisine de la viande française, propose des produits locaux. Et soutient de nombreuses manifestations ou activités associatives toutes l’année. Et les enfants adorent y manger ! Rien que pour le sourire de Violette à mon arrivée avec le sac Jack’s, cet écart est totalement justifié.

Penser à la célébration de ses 10 ans, il y a quelques semaines, faisait pleurer Violette. Les petites attentions, la présence de ses frères, la visio avec les grands-parents, vos messages et vos appels… Elle a finalement passé un chouette anniversaire malgré le confinement. Comme je suis de nature positive, je me dis aussi que la durée de notre isolement aura peut-être l’effet positif de ne pas permettre l’organisation d’un goûter d’anniversaire avec 10 filles aux voix aigües ! #mauvaisemère. Plus sérieusement, voilà un nouvel épisode de la vie qui me prouve que l’essentiel est d’être ensemble. Merci à vous d’être là 😉

Bilan de la journée

Anniversaire : réussi !
Péremption : le mousseux sans alcool n’était pas très bon. Peut-être parce qu’il était périmé depuis 2015…
Placards : parfaitement rangés et avec plus d’espace sans les produits périmés…

 

 

 

Confinement / jours 31 à 33 : réinventons le monde

Journal d’un isolement

Se confiner : S’enfermer, être enfermé dans un lieu (Larousse). Plus de 30 jours confinés avec l’enseignement à distance et un ralentissement professionnel ou économique. Une durée, une lassitude et des conséquences qui engendrent des envies de réinventer notre monde. Des initiatives commencent à se mettre en place. Récit des jours 31 à 34 du confinement.

Jour 31

Jeudi 16 avril
Les jours se suivent et se ressemblent. Les raconter en détail devient répétitif. Ma vie n’est déjà pas palpitante. Autant vous dire que ce phénomène est amplifié en confinement. Réveil très matinal, encore, la faute aux angoisses liées à la crise. Balade en forêt, encore, le poilu n’est pas sensible à l’actualité ou mes névroses. Combo boulot et devoirs, encore. Si la motivation manque parfois, il faut avancer coûte que coûte. Et les vacances scolaires de notre zone ne commencent que demain.

Husky siberien dans la foret pendant le confinement
Un confinement ? Quel confinement ?!

Retour à la plage ?

Dans la banalité de ma journée, je retiens quand même un article sur Sputnik News, « agence de presse multimédia internationale » selon leur propre description. Site de news racoleur selon la mienne après avoir parcouru leur page d’accueil… Mais dans le flot de leurs articles à sensations, sort une interview de Guillaume Barucq, médecin, adjoint au maire de Biarritz, surfeur et auteur du blog Surf Prévention ainsi que de plusieurs livres. Il propose de rouvrir l’accès aux plages de manière raisonnable après le 11 mai.

L’auteur des livres Surf Thérapie et Detoxseafication remarque que le Covid-19 n’a jamais été détecté dans l’eau ou l’air marin. Ensuite, il rappelle que les éléments naturels sont internationalement reconnus pour booster nos défenses immunitaires. La pratique d’une activité physique combinée à l’exposition au milieu marin et au soleil stimule notre système immunitaire. Plutôt intéressant pour lutter contre le virus, non ? Il propose donc de réfléchir à des accès aux plages limités aux habitants dans un premier temps puis aux touristes ensuite. Histoire que tous ceux, qui le peuvent et le souhaitent, prennent leur dose de vitamine D et ions négatifs au printemps et cet été. Pour booster notre système immunitaire avant une nouvelle vague du virus très probable à l’automne. Du bon sens en faveur de la santé publique et facilement réalisable. Merci 🙂

Bilan de la journée

Cuisine : simili salade grecque avec tomates, concombre, avocat, feta. On voyage en cuisine.
Boulot & devoirs : la routine.
Poilus : le longues oreilles tond la pelouse sans oublier tous les trèfles et pissenlits de jardin. Très efficace. Par effet de mimétisme, le poilu se met à manger de l’herbe…
Bricolage : reprise du tricot de mon pull de confinement. À une manche de la fin.
Ordonnance : méditation avec les capsules sonores 3 minutes à méditer du psychiatre Christophe André. Comme le nom l’indique, cela ne prend que 3 minutes pour des effets apaisants au bout de quelques jours dans le cadre d’une pratique quotidienne. En complément des broderies malpolies pour tenir le coup 😉

Jour 32

Vendredi 17 avril
Dernier jour avant les vacances scolaires ! Je me réjouis : plus besoin de me connecter plusieurs fois par jour au padlet, whatsapp, pronote et autres bidules numériques pour récupérer ou poster des devoirs. Ni de faire la maîtresse, le prof et la police. Pendant ces 2 semaines, je vais continuer à travailler mais une pause dans l’enseignement à distance est plus que bienvenue après un mois d’école à la maison !

Certains parents s’angoissent : que vont-ils faire de leurs enfants toute la journée sans devoirs ? Je ne suis pas inquiète. Les enfants débordent d’inventivité pour s’occuper. D’ailleurs, dans le cas de Violette, il s’agit plutôt de canaliser ses envies pour ne pas transformer notre maison en chantier ! Surtout, que les activités viennent de moi ou d’eux, elles sont sans obligation de résultats, sans délai, sans pression. Et c’est vraiment reposant !

Miracle de la nature

Ce matin, le longues oreilles s’est échappé de son enclos. Effrayée, je scrute le jardin pour le retrouver tout en constatant que le chien n’est pas dans la maison… Je les trouve tous les deux côté à côte dans l’herbe ! Le lapin broute tranquillement et le chien le suit pour manger ses crottes… Une association crado je vous l’accorde mais naturelle (elles sont plein de vitamines !). Qui a aussi le mérite de laisser la vie sauve aux longues oreilles : pourquoi supprimer une fabrique de croquettes ?

lapin nain bélier en liberté dans le jardin

Suite à cette péripétie, nous décidons de laisser le lapin en liberté. Il batifole toute la journée, c’est un vrai plaisir de le regarder. Entre ces acrobaties pour attraper les feuilles de prunier et ses poses lascives à l’ombre, on ne se lasse pas. C’est la mignonnerie de la journée qui nous fait tout oublier. Et confirme les effets bénéfiques des animaux de compagnie sur notre psychisme. Ces boules de poils développent notre altruisme, apportent un équilibre via leur amour inconditionnel et leur absence de jugement, renforcent l’estime de soi et développent nos capacités sociales. Que du bonheur !

Bilan de la journée

Zoo : un lapin heureux et un poilu récompensé pour avoir contenu ses instincts de prédateur.
Devoirs : finis et en pause pour 2 semaines !
Réapprovisionnement : fruits et légumes aux Jardins de Castelnau, huile, vinaigre et sucre chez Vrac & Bio (ces produits sont en rupture à la Vrac Mobile). J’en profite pour récupérer ma commande de livres de la Librairie Le Vent Délire.
Cuisine : on continue de voyager avec la recette des cuisses de poulet à l’asiatique de Papilles & Pupilles. Délicieux et très simple à réaliser. Anne la rédactrice du blog a eu en plus la bonne idée de proposer des plans B pour certains ingrédients afin que chacun puisse l’adapter en ce temps de confinement !

Jour 33

Samedi 18 avril

Lecture très intéressante d’un article dans Télérama (réservé aux abonnés) sur Comment la maison d’édition Actes Sud vit la crise. Le constat est alarmant. La fermeture des librairies suspend tout le travail du monde de l’édition. Les livres sortis en février et mars n’ont pas eu la chance de vivre leur vie. Les parutions prévues en mars et les mois prochains sont au mieux reportées, au pire annulées… Une perte considérable pour les auteurs, les maisons d’édition, les diffuseurs – distributeurs, les transporteurs et les libraires… Dont certains n’arriveront peut-être pas à se relever…

La lecture au ralenti

Paradoxalement, la fermeture des librairies n’a pas boosté les chiffres des lectures numériques. Les lecteurs boulimiques ont préféré s’attaquer à leur pile de livres en attente. C’est ce que je fais. D’autres n’arrivent pas à s’habituer à ce média numérique. C’est mon cas. De nombreux éditeurs ont partagé en accès gratuit des livres, des BD. Je m’en suis réjouis mais ne les lit pas pour autant. Je préfère le format papier. Enfin, la plupart n’ont pas le cœur à lire des fictions. Les angoisses nées de la crise sanitaire et économique, le manque de perspective, provoquent un blocage de lecture. Y compris chez les professionnels comme le confie dans l’article une éditrice d’Actes Sud. Enfin, perdus dans l’inconnu de cette crise, les gens concentrent leur lecture sur l’actualité. 

Réinventer le monde de l’édition

Actes Sud touché de plein fouet par la crise, plutôt que de se morfondre, en profite pour réinventer l’avenir de l’édition. En développant une économie verte et responsable. Comme prévoir de réduire le nombre de parution et les tirages, développer les circuits courts pour la fabrication d’un livre, mieux accompagner les auteurs… Une remise en question et des pistes intéressantes pour le monde de l’édition à élargir à toutes les économies…

Dans le même temps, je poste un article rapportant une étude sur l’impact de la crise sur le monde du spectacle. C’est vrai que le gouvernement communique sur les aides à destination des « entrepreneurs », des salariées, des dirigeant d’entreprises. Mais beaucoup moins sur celles en faveur des intermittents du spectacle. Une pétition en ligne circule pour le renouvellement de leurs droits.

Super librairie Le Vent Délire

Ma super librairie Le Vent Délire à Capbreton, réinvente le monde depuis son ouverture. Avec une sélection restreinte mais personnelle et pointue des livres. C’est souvent le cas des libraires indépendants. Mais surtout, la libraire Emma propose un large panel d’activités pour faire vivre le livre : ateliers, conférences, projections de films. Des animations qui ne se résument pas à de simples dédicaces d’auteurs. Car le but reste le partage, tisser des liens dans le réseau de l’édition et le monde local, mettre en avant les idées et les auteurs.

Le livre, un achat de première nécessité

Depuis quelques jours, elle réinvente aussi le métier de libraire avec le confinement. Elle se rend deux fois par semaine dans sa librairie en allant faire ses courses. Déplacements de première nécessité valables et respectueux de la loi. Elle prépare des commandes que les clients lui ont passées. Seulement les livres en stock vu qu’elle ne reçoit plus de livraisons. Elle les dépose chez 3 points de collecte, des commerçants de bouche à Soorts, Seignosse et Tosse en faisant ses courses. Et vous pouvez les récupérer en faisant les vôtres. Déplacements de première nécessité valables et respectueux de la loi !

Réinventer les liens, les réseaux

Cette excellente idée a le mérite de faire vivre – un peu – sa librairie. Surtout, elle répond à la nécessité de lecture de certains, besoin fondamental amplifié avec les angoisses ou l’ennui provoqués par le confinement (personnes âgées, malades, seules, enfants). Elle développe aussi le réseau local en faisant appel à des petits commerçants et en les faisant découvrir à des lecteurs qui ne les connaissaient pas. Enfin, Emma m’a également confiée le bonheur qu’elle éprouvait à reprendre plus le temps de parler livre avec des clients. Par téléphone ou par mail pour les conseiller sur les livres en stock. Un échange culturel, une richesse sociale bien appréciables dans l’absolu et d’autant plus pendant cette période particulière ! Bref une belle initiative qui participe à réinventer notre monde. Et qui va permettre à Violette d’avoir des livres pour son anniversaire confiné ! Merci 🙂

Bilan de la journée

Bricolage : grand rangement et ménage du samedi, projet de passer le reste de l’après-midi à tricoter sur le canapé avorté par une envie subite de cuisine de Violette.
Cuisine : baguettes maison, gâteau « canapé » de Violette (génoise recouverte de pâte à sucre maison).

gateau canapé fait de génoise et pate à sucre maison

À chaque fois que je cuisine, je propose à Violette de m’accompagner. Elle refuse systématiquement. Je compte profiter de l’après-midi orageuse pour tricoter, elle veut ABSOLUMENT cuisiner. C’est typiquement le tempérament contradictoire de cette enfant. J’avais très envie de refuser. Mais comment résister à l’appel de la cuisine avec sa fille ! Et plus que jamais, le confinement impose aux parents de s’oublier – parfois – pour que les enfants le vivent le plus légèrement possible.
La pâte à sucre est simple à réaliser, beaucoup moins à utiliser. Violette, qui dispose de talents innés pour la comédie, a cuisiné en imitant les blogueuses mode et cuisine. On a bien rigolé. Quand je lui ai demandé de faire la vaisselle, un peu moins 😉

Confinement / jours 29 &30 : entre espoir et réserve

Journal d’un isolement

Se confiner : S’enfermer, être enfermé dans un lieu (Larousse). Après le discours du Président et le prolongement du confinement jusqu’au 11 mai, la France se divise en deux camps. Certains reprennent espoir avec cette échéance et se projettent dans l’après. D’autres restent plus dubitatifs sur la faisabilité et les répercussions d’un dé-confinement. Entre les deux, mon cœur balance. Pendant ce temps, on poursuit notre recherche d’équilibre dans la nature, la cuisine et la lecture.

Jour 29

Mardi 14 avril
La forêt, beaucoup plus fréquentée depuis le confinement, ressemblait au périph en heure de pointe ce matin. Si je me réjouis que les poilus du quartier sortent plus qu’à l’accoutumée, ce n’est pas le moment où j’éprouve le besoin de sociabiliser. Nous empruntons donc des chemins de traverse. Avec leur lot de ronces et de tiques. Mais aussi d’odeurs d’animaux sauvages. Mon poilu est ravi.

balade animal de compagnie chien confinement

La France en éveil malgré le confinement

Assez étrangement, les gens se sont réveillés. J’ai reçu de nombreux appels et mails pour le travail toute la journée. Est-ce que ce 29ème jour depuis la fermeture des école et le 28ème depuis le confinement symbolise la digestion de cette période irréelle et la fin de la mise en veille professionnelle ? Est-ce l’annonce du 11 mai par notre Président ?

Pourtant, cette date représente plus un nouveau prolongement de la période de confinement qu’une issue. S’il a évoqué la reprise de l’école et envisagé un dé-confinement, les bémols et les conditions étaient nombreux. Beaucoup ont critiqué la réouverture des écoles et des crèches. Malgré ces doutes, l’annonce de ce jour représente pour beaucoup de personnes une lueur d’espoir. De plus en plus de restaurants et magasins autres que alimentaires proposent des services de drive. Aussi incertaine qu’elle soit, l’échéance annoncée permet d’envisager la vie d’après, les projets. Je me remets donc au boulot sérieusement.

Apprenti commis de cuisine

En attendant une éventuelle reprise de l’école, il faut continuer à faire les devoirs. Après les maths, l’espagnol, Joseph se lance dans la réalisation de sa charlotte au fraises pour le cours de cuisine. Les biscuits à la cuillère sont prêts, il ne lui reste plus qu’à préparer un appareil à bavarois avec de la chantilly et des fraises puis d’assembler le tout. Encore une fois, je me transforme en commis pour ne pas l’abandonner à l’apprentissage de gestes et de techniques qu’il n’a jamais pratiqués.

Malgré ma passion pour la cuisine, j’avoue parfois être larguée par certains termes ou procédés – mais pourquoi donc ces biscuits à la cuillère ne montent pas ? Là encore, je me demande comment font les élèves dont les parents ne cuisinent pas. L’enseignement à distance n’est pas la meilleure méthode pour les matières techniques ou artisanales. Je me console avec le fait que Joseph n’a pas choisi chaudronnerie ou menuiserie…

Répartition des tâches

Le soir, c’est Yuri qui s’attèle à la préparation du repas. Depuis presque un an, j’ai copié ma copine Christel qui a instauré chez elle un roulement de la préparation des repas avec son mari et ses enfants. Faute de mari, c’est donc avec les garçons que nous pratiquons cette répartition. Ils réalisent des choses simples mais cela me décharge énormément plusieurs fois par semaine de la question qui taraude toutes les ménagères : qu’est-ce que je vais faire à manger ce soir ? Et qui me laisse du temps libre pour d’autres tâches ménagères ou des loisirs. Je vous assure que tricoter ou lire sur le canapé pendant que votre progéniture s’agite en cuisine est plus que savoureux.

Cette répartition des tâches présente aussi une dimension sociale : les ados sortent de leur chambre et parlent. Ainsi qu’un rôle éducatif : en apprenant à cuisiner des basiques, ils ne mangeront pas que des céréales et des gâteaux secs une fois qu’ils auront quitté le nid. Le fait de gagner des points auprès de mes futures belles-filles est en bonus.

Égalité homme / femme à la maison

Pour le reste des tâches ménagères, chacun s’occupe du ménage de sa chambre. Ils m’aident aussi – y compris Violette – pour mettre et débarrasser la table, vider le lave-vaisselle, sortir les poubelles, gérer le bois de chauffage. Ce n’est pas de l’esclavage mais une juste répartition des obligations de la vie quotidienne. Afin que je ne devienne pas leur esclave – nuance. Et qui libère du temps pour m’occuper d’eux : faire le taxi, les aider aux devoirs, les écouter, jouer… Une manière de faire plutôt naturelle et pourtant je ressens parfois que je reste malheureusement une avant-gardiste. Les garçons m’ont souvent confié l’étonnement de leurs copains ou des parents des copains s’ils évoquent l’une de ces missions. L’égalité homme-femme, ce n’est pas pour tout de suite…

Bilan de la journée

Boulot : presque une journée normale !
Cuisine : Les pasta de Yuri ! Glace à la fraise maison. Il restait du mix chantilly fraises, je l’ai recyclé en glace avec la sorbetière. C’était délicieux et m’a déculpabilisé pour la non-utilisation de cet appareil depuis 2 ans…
Bricolage : j’ai fini ma broderie Fuck You d’après la grille de Brode Pute et je n’en suis pas peu fière ! La broderie est déjà une thérapie en soi – lavage de cerveau garanti en étant focus sur une activité au point de tout oublier + satisfaction du travail manuel accompli. Celle-ci m’a en plus vidé de mes énergies négatives. Les injures brodées s’ajoutent donc aux injures verbales pour canaliser ma colère. Brode Pute devrait être remboursée par la sécu. Pour retrouver sa grille et ma philosophie de la vulgarité, c’est par !

broderie au point de croix grille Brode Pute

Jour 30

Mercredi 15 avril
Levés tôt. Et cette marque du pluriel ne concerne pas le poilu mais Joseph ! Il a classe virtuelle avec le prof de cuisine à 8h30. Il est au bout de sa vie… À 9h30, fin du cours : il retourne se coucher !

Le frigo est déjà presque vide alors que les dernières courses remontent à jeudi (supermarché) et vendredi (primeur bio)… Les enfants ont un sacré appétit, nous cuisinons beaucoup. Et je ne suis pas encore au point pour estimer la quantité de nourriture pour une semaine. En effet, pour ne pas gâcher, j’ai pris l’habitude depuis plusieurs années de faire les courses pour 2 ou 3 jours. Chez le primeur, le boucher, la Vrac Mobile. J’achète seulement ce qui nous manque. Je cuisine en priorité ce que j’ai avant de faire de nouveaux achats.

Fin de la pénurie due au confinement ?

Depuis un mois, pour respecter au maximum le confinement, j’essaye comme tout le monde d’espacer les courses. Et de prévoir pour une semaine entière. Mais avec 2 repas par jour plus les petit-déj’ et les goûters pour 4 personnes, cela fait trop de quantité pour mon esprit minimaliste. Je repars donc en mission réapprovisionnement… Le magasin Vrac & Bio est fermé. Pour ne pas être sortie pour rien, je fais quelques courses dans un mini-supermarché. Les rayons semblent plus fournis – la farine a refait son apparition. Sortir de la pénurie de vivres confirme un retour à une vie normale. Un petit signe. Mais un signe quand même.

Au retour des courses, je récupère Violette. La maison se réveille brutalement avec ses idées, ses questions, ses envies. Elle est en pleine forme ! La maison avec et sans Violette, c’est vraiment « deux salles, deux ambiances » ! Et on célèbre Pâques et son retour tous ensemble avec une chasse aux chocolats dans le jardin. Sorte de course contre la montre pour en trouver le plus. Et les sauver du poilu.

Bilan de la journée

Boulot : à fond.
Cuisine : dégustation de la charlotte aux fraises de Jo, succulente. La présentation n’est pas parfaite mais ça viendra, il débute ! Yuri et Violette ne sont pas friands de desserts aux fruits. Joseph et moi allons devoir nous sacrifier.

Charlotte aux fraises avec biscuits à la cuillère maison
Hachis parmentier / salade, un bon plat des famille qui satisfait l’appétit des gars et réjouit Violette.
Pain en cocotte à la farine de Kamut, une céréale cultivée à l’origine en Egypte et aujourd’hui principalement au Canada de manière biologique (après l’abandon de sa culture, c’est un canadien qui en a retrouvé une graine !). Plus riche en fibres, protéines et minéraux que la farine de blé. Cette céréale fait un bon score au scrabble aussi.

pain maison à la farine de kamut et cuit en cocotte
Lecture : J’ai mis de côté le livre rocambolesque de Exley, À la merci du désir. Plutôt besoin de douceur et sa vie chaotique ne remplit pas ce critère. À la place, je me suis plongée dans Le Liseur du 6h27, de Jean-Paul Didierlaurent. Si là encore les personnages, des gens ordinaires, se trimballent quelques névroses, ce titre poétique recèle la tendresse et l’humanité qu’il me fallait. Comme une envie de lecture optimiste ! Je l’ai acheté en édition folio il y a quelques semaines. En vieillissant, j’apprécie les belles éditions brochées. Mais J’aime toujours autant les poches, ils me rappellent ma vie d’étudiante. Quand j’étais jeune et jolie.

 

Confinement / jours 26, 27 & 28 : Vive la famille

Journal d’un isolement

Se confiner : S’enfermer, être enfermé dans un lieu (Larousse). Presque un mois que les enfants et moi sommes isolés du reste du monde. Comme le reste du monde. Avec des effets sur la cellule familiale plus qu’inattendus… Journal de ce confinement en famille.

Jour 26

Samedi 11 avril
Pas de boulot, de devoirs et un grand soleil ! Nous passons la journée dans le jardin ! Enfin, surtout Violette et moi, les garçons dorment…
Dans l’après-midi, Joseph s’installe aux fourneaux pour réaliser la nouvelle recette de son cours de cuisine : une charlotte aux fraises. C’est le premier effet positif et inattendu du confinement. Leur prof de cuisine leur demande de réaliser une recette par semaine. Ainsi, Joseph passe beaucoup plus de temps hors de sa chambre – et donc avec nous – qu’à l’accoutumée.

boudoirs Joseph cours de cuisine

Miracle du confinement 1 : Joseph parle

Il commence par la réalisation des biscuits à la cuillère. Le prof ne leur a pas donné de recette, ils doivent se débrouiller… J’avais déjà tenté celle de La cuisine de Bernard. C’était l’une des premières recettes postée sur ce blog. Ils étaient bons mais raplapla. On fouille ensemble sur le net et il choisit la recette de Mercotte. Je lui conseille de diviser les quantités pour ne pas se retrouver avec des centaines de biscuits. Et malgré cela, la pâte est conséquente !

Mon apprenti pâtissier galère à dresser la pâte sur la plaque de cuisson avec la poche à douille et me demande de l’aider. Voilà encore un effet positif inhabituel du confinement (et de la cuisine) : plutôt solitaire et taiseux, Joseph s’ouvre, discute, échange. Je ne relève pas ce changement. Je me contente d’en profiter.

Miracle du confinement 2 : ensemble

Quand je ne l’aide pas en cuisine, je poursuis, installée dans le jardin, ma broderie Fuck you de Brode Pute. Tandis que Violette fait des pirouettes dans le jardin ou joue avec son lapin. Le soleil brille. J’appuie sur le bouton pause pour savourer cet instant. Nous sommes ensemble, chacun à s’affairer. Tout en discutant cuisine, salto et pissenlits. C’est tellement bon.

Habituellement, le samedi, je fais le taxi pour Violette qui enchaine les activités tandis que Joseph reste dans sa chambre ou va voir un copain. Ce confinement représente une vraie pause dans nos vies trop remplies. Je sais qu’il provoque d’importantes souffrances pour de nombreuses personnes. Mais je m’autorise à savourer les effets bénéfiques qu’il peut aussi engendrer.

Miracle du confinement 3 : Yuri nous rejoint

Est-il vraiment utile de préciser que lorsque Joseph se met à jouer au ballon avec Violette et le poilu pendant la cuisson de chaque fournée de biscuits, je suis au bord des larmes ? Plusieurs fois, je manque de me prendre le ballon en pleine tête. On est tellement bien.

Je tente de prolonger cette communion familiale en proposant de louer un film après le diner. Tout le monde est partant. Y compris Yuri – qui s’est réveillé entre temps. Je trépigne de joie intérieurement. Les enfants choisissent le dernier opus de Jumanji. Avec le maïs bio acheté aux Jardins de Castelnau, je fais du pop corn sucré et caramel en suivant la recette de Papilles et Pupilles. Très facile et excellent ! On se régale. Les enfants se moquent de moi car je ne comprends pas qui est qui dans le film. Depuis le début du confinement, la situation inédite et surréaliste nous donne parfois l’impression d’être dans un mauvais rêve. Ce soir aussi à l’échelle de ma famille. Mais le rêve est doux.

Jour 27

Dimanche 12 avril
Violette est repartie chez son papa et les garçons dorment. Le repas familial de Pâques s’annonce calme. Peu importe, nous l’avons déjà célébré la veille du lancement du confinement en partageant l’agneau !

Dimanche Cocktail

Le dimanche, nous avons l’habitude de faire un brunch pour déjeuner tous ensemble à l’heure espagnole. À 13h30, je propose à Joseph de remplacer notre traditionnel smoothie maison par un cocktail qu’il doit réaliser pour son cours de service au lycée. Après la recherche d’une recette, nos échanges sur les ingrédients et leurs combinaisons, les pesées, la réalisation, la présentation et la photo pour rendre son devoir… Il est 16h ! Toujours pas de brunch mais encore un excellent moment en cuisine avec mon fils.

cocktail sans alccol made by Joseph
Sirop de grenadine, jus frais orange, pamplemousse, banane, sorbet de citron vert.

Je le découvre curieux, patient, perfectionniste. L’apprentissage de la cuisine le transforme. Et il grandit. Pour façonner leur panoplie d’adulte, les adolescents retiennent ce qu’ils veulent de notre éducation. Et ils ajoutent leur « pâte ». Parfois avec de bonnes et mauvaises surprises. Comme un nouveau miracle de la nature, cette transformation est toujours magique pour un parent. Jusque là, tout va bien.

Omelette de Pâques

On finit par ressentir la faim donc je me mets à préparer le brunch. Comme c’est Pâques, je remplace nos traditionnels œufs brouillés par une omelette à l’aillet. C’est la première fois que j’en cuisine. Je les ai acheté lors de ma commande aux Jardins de Castelnau. J’essaye d’acheter le plus local possible. Et ces légumes-tige, jeunes pousses d’ail que l’on ne laisse pas arriver à maturité en faisaient partie. Leur culture est répandue en Aquitaine.

En cherchant des recettes à réaliser, je suis une nouvelle fois tombée sur le site de Papilles et Pupilles qui proposait une omelette à l’aillet, traditionnellement réalisée pour Pâques. Parfait pour remplacer le gigot d’agneau et pour le brunch, avec les œufs également achetés aux Jardins. Et c’était délicieux. Tout comme le cocktail – sirop de grenadine, jus frais oranges, pamplemousse, banane, sorbet citron vert – de Jo en apéro !

Brunch avec homemade pain, cocktail, omelette à l'aillet

En déjeunant à 16h30, l’après-midi se termine vite. Nous vaquons à nos occupations puis nous finissons par dîner à 22h… Le manque de contact avec l’extérieur et l’absence d’enfants en bas-âge accentuent la perte de repère chronologique. C’est le week-end, rien de grave.

Jour 28

Lundi 13 avril
Jour férié, plus que bien accueilli pour prolonger le week-end. Et faire ainsi un break de boulot et de devoirs ! Je commence quand même la journée par bosser un peu. Bizarrement, je suis plus inspirée sans obligation.

Je finis par aller balader le chien en forêt qui est vraiment patient. Depuis le confinement, j’ai perdu l’habitude de le sortir après avoir déposé les enfants à l’école. Parfois c’est plus tôt. D’autres fois c’est en fin de matinée comme aujourd’hui. Il attend sagement. Lève la tête quand je bouge puis se recouche s’il voit que je ne me chausse pas. Sans trépigner ou gémir. Ce poilu est vraiment un compagnon idéal. De vie et de confinement.

L’après-midi, même tempo que le reste du week-end. Jo repart en cuisine pour fabriquer les biscuits à la cuillère de la charlotte tandis que je brode mon Fuck You. Il s’en sort mieux même si le résultat visuel n’est pas encore parfait. Le goût est là, cela ira très bien pour la charlotte, reportée à demain vu l’heure.

Score d’audience

Comme plus de 23 millions de Français, nous écoutons le président à 20h. C’est reparti pour un mois de plus. Mais avec un espoir de reprise à partir du 11 mai. Avoir une date, une échéance change tout, je trouve. Yuri sort de sa discrétion pour la première fois depuis le confinement. Il ne voit pas où elle le problème de cette prolongation. Sauver des vies le justifie. Quant aux gens qui râlent à propos de l’isolement, il remarque que ce sont les mêmes qui pestaient avant la crise parce qu’ils devaient aller bosser. Il compare leur attitude à celle de lui et son frère petit. Quand ils râlaient pour aller prendre leur bain. Et râlaient pour en sortir. Cette analogie pertinente me fait réaliser que les gens peu bavards en général ont le mérite de dire moins de bêtises quand ils se mettent à parler. 

Bilan du week-end

Ambiance Pâques : pas de chocolat dans le jardin. Prévue le dimanche matin avant le départ de Violette, la séance a été reportée ultérieurement suite à la pluie combinée aux grasses matinées des garçons. Je suis habituée à faire Noël parfois le 30 décembre. Je ne suis pas (plus) une maman traumatisée par ces décalages de festivités.

Bricolage : ménage, broderie, tricot. Et tonte de la pelouse. Big up à mon papa qui a fait sa première visio conférence pour que je lui montre ma tondeuse et qu’il trouve où y mettre de l’huile 😉 C’est aussi ça l’enseignement à distance !
Cuisine : boudoirs et cocktails de Jo ! Et parmi les plats et sucreries du week-end : yaourts à boire à la fraise, omelette à l’aillet, couscous, pop corn, pâtes à la carbo, tarte épinards chèvre, crudités (oui parfois on mange des légumes) avec salade, avocats, carottes rapées, graines. J’ai refait aussi un pain en cocotte. Et j’ai adoré recevoir vos nouvelles photos de pain. Joseph, de nature discrète, ne voyait pas l’intérêt de partager notre quotidien via le blog. Pourtant, il a aussi apprécié ces échanges. Une interactivité intergénérationnelle pendant le confinement et autour de la cuisine. Peu importe le media ou le sujet, partageons plus que jamais.

pain cuit à la cocotte

 

 

Confinement : jours 23, 24 & 25

Journal d’un isolement

Se confiner : S’enfermer, être enfermé dans un lieu (Larousse). J’ai déjà une tendance innée à cogiter, autant vous dire que l’effet du confinement ne ralentit pas cette manie… Récit de ces réflexions, prises de conscience et espoirs.

Jour 23

Mercredi 8 avril
Une fois n’est pas coutume, Violette décide de m’accompagner pour la première fois en balade avec le chien. J’en profite pour les faire courir tous les deux et leur jeter des bâtons – elle a de l’ADN de labrador c’est sûr. Ils sont calmés.

Totoro va bien. Il mange tout le temps. Un tempérament qui s’accorde parfaitement à notre famille. Lorsque je sors fumer une cigarette, j’ai déjà pris l’habitude d’aller le saluer. Il est complètement intégré dans notre zoo. Outre sa cabane, nous lui avons fabriqué un enclos extérieur. Trop petit à mon goût. Nous souffrons de ce confinement temporaire. Je n’ai pas envie de le faire subir à vie à un animal. C’était ma résistance principal à son intégration dans notre famille… En attendant l’agrandissement de son parc – faute de matériel -, je bricole une laisse pour qu’il puisse courir tous les jours dans le jardin. Je souris en voyant Violette suivre cette petite chose au bout d’un fil. Le chien les rejoindrait bien. On s’abstient.

No hablo geometria

La journée s’organise entre les devoirs, mon travail et la cuisine. L’école à la maison me fait prendre conscience que je n’ai pas le niveau CM1 en géométrie. Heureusement, Violette se débrouille mieux que moi. Je me remets à l’espagnol avec Joseph qui se moque de mon accent. Entre les deux, je réponds à des mails, envoie des interviews, écrit des articles. Avec une pause à chaque fois : étendre le linge, préparer une compote, faire un pain, plier le linge.

À 18h, je me connecte à la radio à laquelle je participe depuis plusieurs années. Depuis le confinement, nous réalisons nos émissions à distance. Avec les animateurs, nous sélectionnons chacun des nouveautés musique et enregistrons chez nous des chroniques de ces chansons. Le mixage du tout est programmé à distance. D’habitude, nous réalisons les émissions en direct et je prends rarement le temps de les écouter ensuite. Là, je peux en profiter. Si j’ai toujours du mal à m’entendre – entre mes bafouillages, tics de langage et mauvais placements de voix -, je prends un vrai plaisir à écouter mes amis. Ils me manquent.

Bilan de la journée

Yoga : 0. Compliqué avec le retour de Violette.
Cuisine : compote pomme poire, pain cuit en cocotte avec de la farine de maïs, blé et graines de lin, courge. Pâtes au thon – les pâtes c’est la vie. C’est un copain de lycée qui m’a appris cette sauce toute simple et les enfants l’adorent. Il suffit de faire réchauffer dans une casserole une boîte de thon avec de la crème et un peu de ketchup. C’est prêt ! Si vous êtes anti ketchup, une petite cuillère de concentré de tomate et de sucre fera l’affaire. Si vous êtes anti boîte de thon, n’importe quel poisson frais convient aussi.

Réapprovisionnement : 0. Toujours dans l’attente des devoirs du prof de cuisine de Joseph et donc des ingrédients pour la prochaine recette… J’ai quand même passé commande en ligne aux Jardins de Castelnau, producteur et primeur de fruits et légumes bio. Je la récupère vendredi à moins de 2 km de chez moi. Local, bio, respectueux des gestes barrière, c’est parfait !

Jour 24

Jeudi 9 avril
Levée très tôt. J’en profite pour lire, broder et écrire sur ce blog tant qu’il fait nuit et que la maison est calme. Joseph a mis son réveil : il est attendu pour une classe virtuelle à 9h30 ! Pour Violette, c’est à 14h. Je trouve l’engagement des enseignants pour maintenir un contact assez formidable. Je suis plus dubitative du tout numérique… Dans les Landes, de la primaire au collège, ils sont équipés par la Communauté de Communes puis par le Conseil général. Après, plus rien… J’ai donc économisé l’an dernier, pendant plusieurs mois, afin d’offrir un ordinateur à Joseph pour sa rentrée en seconde. Quid de ceux qui ne peuvent pas faire comme moi ?

 

Fracture sociale et numérique

Hier, j’ai entendu le ministre de l’Éducation Nationale expliquer qu’ils recensaient les élèves non équipés pour leur faire des envois postaux. Voire les équiper. Après un mois de confinement, il serait temps. Et comme pour le système de santé, il faut vivre cette crise pour que les dirigeants politiques réalisent la fracture. Depuis le début de l’année, Joseph a des devoirs à réaliser sur l’ordinateur ! Les élèves qui n’en ont pas peuvent utiliser ceux du centre de documentation du lycée. De vieilles bécanes qui moulinent. Et seulement pendant les heures et jours d’ouverture du lycée. Notre système éducatif n’est pas le pire dans le monde mais il reste tant à faire pour l’égalité des chances, le progrès social. Des priorités plus urgentes que les changements de programmes tous les 3 ans, non ?

Les enfants regardaient l’interview du ministre avec moi. Ils n’ont que 15 et 18 ans et ils ont été sidérés par ses réponses. Par exemple, il n’a pas confirmé ou exclu que l’école ne reprendrait pas avant septembre. Et quand le journaliste lui demande comment pallier le manque de socialisation des enfants avec l’école à la maison, il propose de les envoyer en colo cet été… Pas d’école en juin pour des raisons sanitaires mais des colos en juillet ? Les enfants m’ont demandé quelles études il avait fait pour en arriver là. Puis on a zappé… Bientôt c’est au tour de notre Président de parler. Spectacle du gouvernement presque tous les jours pendant le confinement ! J’ai acheté du maïs à pop corn, on sera prêt.

Bilan du jour

Boulot : work in progress, doucement
Lecture : lasse de la bêtise humaine (encore plus virale pendant ce confinement), je me délecte une nouvelle fois de la lecture de Open Bar de Fabcaro.
Cuisine : camembert rôti au four ! Le laisser dans sa boîte sans le papier ni le couvercle. L’emballer dans un papier (papier alu – beurk – papier cuisson – moins pire ?) et le cuire 15 mn à four chaud, au moins à 200°C. Le déguster avec une salade ou sur des pommes de terre.
Réapprovisionnement : Drive 1 / Produits manquants 15 ! Dont le pâté en croute, péché mignon de mon Jo en ce moment.
Projet : apprendre à faire un pâté en croute. Écrire la chronique de Open Bar de Fabcaro dans la rubrique Lectures.

Jour 25

Vendredi 10 avril
Il fait beau, je me sens bien. Dans la vie, nous ressentons tous et toujours des hauts et des bas, quelles que soient les circonstances. Parfois, même lorsque tout va bien. Là encore, la crise sanitaire amplifie les sensations.

la forêt de pins des landes en avril 2020 pendant le confinement.

Profiter du ralentissement

Cette semaine, j’ai beaucoup discuté pat téléphone ou en numérique avec des copains copines. Nous partageons quelques angoisses relatif à cette crise. Paradoxalement, le confinement ne nous pèse pas tant que ça. Nous vivons dans les Landes avec des jardins, entourés de nos familles. Nous aimons prendre le temps de faire les choses par nous-même, de fabriquer, cuisiner, cultiver.

Si le ralentissement d’activité professionnelle qui résulte du confinement nous inquiète, il a le mérite de nous laisser encore plus de temps pour assouvir notre plaisir à fabriquer, développer l’autonomie que nous avions déjà initié avant.

Cela fait quelques années maintenant que je vis ce ralentissement. Je n’ai pas attendu le confinement pour vivre la décroissance. J’ai toujours aimé cuisiner. Avoir des enfants m’a sensibilisée sur notre alimentation et la provenance ou mode de culture des produits. Ainsi, je privilégie les petits producteurs locaux et le bio quand c’est possible. J’ai commencé par ne faire que des gouters maison au enfants. Puis notre pain. Ensuite les yaourts. Enfin, Les produits ménagers. Et, les cadeaux.

Le jeu de la décroissance

C’est devenu un jeu. Les enfants me réclament un produit de l’industrie alimentaire ? J’essaye de la faire « maison » avec de bons ingrédients. Je vous conseille d’ailleurs sur ce thème, les recettes de La Super Supérette. Ces déclinaisons culinaires maison sont souvent des succès. Parfois des ratés ! Je me souviens encore de ma tentative de Napolitain, les biscuits plein de cochonneries que Yuri aime tant. Les miens étaient si hauts qu’il était compliqué de les manger et le biscuit trop dense a failli nous étouffer. Mais Yuri a apprécié mon geste et on a bien ri en mettant 5 mn à avaler une bouchée !

J’essaye de réduire aussi notre consommation d’énergie. Je suis en compétition avec moi-même depuis quelques années. Chaque année, nos factures diminuent. Et chaque année, je cherche des systèmes, des variantes pour aller encore plus loin. Cela a le mérite de réduire notre impact sur l’environnement. Et les factures. Surtout, ces réflexions et changements d’habitudes me font réaliser où se situent l’essentiel et le superflu. Le confinement accentue ce processus : je n’utilise presque plus la voiture !

Retrouver le temps, oublier la pression

N’en déplaise à Élisabeth Badinter – qui critique ce retour en arrière sexiste, on peut être une femme indépendante et s’épanouir dans l’apparente simplicité des tâches ménagères, culinaires ou maternelles. D’abord, ces plaisirs ne sont pas réservés aux femmes. Ensuite, c’est mon choix et non un mode de vie subi. On peut être féministe sans adhérer au capitaliste ni au consumérisme. Fabriquer des repas, des vêtements, des cadeaux prend du temps. Dans le même ordre d’idée, je me déplace à vélo plutôt qu’en voiture dès que possible. 5 mn en voiture équivaut à 15 mn en vélo. Je prends ce temps. Une réorganisation qui remet au centre l’équilibre et les rapports sociaux. Bénéfique pour moi, mes enfants, mes amis.

Forcément, adopter ce mode de vie implique de moins travailler. La durée d’une journée ne permet pas d’être mère au foyer, cuisinière, couturière et working girl. J’ai essayé d’être cette wonder woman mais je n’ai pas réussi. Et c’est justement cet échec quotidien qui me rendait si malheureuse et provoquait tant de frustration ! Depuis que j’en ai pris conscience et fait des choix, je travaille moins ET mieux. Les effets des récré nature et cuisine, la disparition de la pression que je m’imposais font que je suis plus sereine. Donc plus efficace.

Même en étant plus productive, cette réduction de temps de travail implique toutefois une réduction de ma rémunération. Mais gagner plus d’argent, pour quoi faire ? Je prends mon pied en faisant du levain, pas en achetant des bijoux ou un téléphone dernier cri. Mes cadeaux « maison » ne sont pas parfaits. Néanmoins, le temps de réalisation symbolise mes sentiments, mon engagement pour la personne à qui je l’offre. Plus intense que lorsque je passais 5 mn à acheter quelque chose dans un magasin.

Le choix de l’essentiel

Je travaille pour gagner le minimum vital, nous loger, nous nourrir. Cela exclut de nombreuses activités. Comme partir en vacances, aller au restaurant, acheter des produits de marque. Mais les rares fois où nous le faisons, nous l’apprécions d’autant plus. La routine et la multiplicité endorment notre perception des plaisirs. Tandis que la rareté la décuple.

Si je m’inquiète parfois des conséquences de la crise sur notre minimum vital, je me plais aussi à rêver avec mes amis de décroissance – Laurence, Laure, Dimitri, Emma, Sophie – que cette période particulière va – peut-être – développer chez certains la richesse de la résilience, de la lenteur, de la simplicité et du minimalisme. Et voilà un super plan à destination des dirigeants pour y arriver !

https://www.facebook.com/Permavenir/videos/673717903384116/
Merci à Sophie pour le partage de ce super plan !

Bilan du jour

Cuisine : une focaccia tomates mozza, des yaourts nature.
Réapprovisionnement : récupération de ma commande de fruits et légumes bio des Jardins de Castelnau. Plus savoureux et agréable que le drive d’un supermarché !
Plaisirs simples : balade du chien en forêt, étendre une lessive au soleil, cuisiner, parler décroissance avec ses amis, garder espoir.

 

 

Confinement : jours 22 & 23

 

Journal d’un isolement

Se confiner : S’enfermer, être enfermé dans un lieu (Larousse). Devoirs sous contrôle, travail en progrès, réapprovisionnement organisé. On commence à être au point pour cette quatrième semaine de confinement. Enfin, presque… 

Jour 22

Lundi 6 avril
La quatrième semaine de confinement (déjà ?!) démarre par de la pluie. En plus de la reprise du boulot ET des devoirs, cela fait beaucoup pour la pauvre petite confinée que je suis… Attendu que le poilu se moque bien du taux d’humidité, je finis par aller le promener après avoir un peu bossé. J’utilise l’attestation en ligne mise en place par le gouvernement. Très pratique. Je ne suis pas dupe, je sais que cette dématérialisation fait mouliner des serveurs et n’est donc pas sans impact sur l’environnement. La démarche a le mérite d’économiser de l’encre et du papier de millions de personnes. Quant au risque de collecte de mes données… Ils ont mon nom, mon adresse, ma date de naissance et le jour et heure de ma sortie. J’espère pour eux qu’ils ont des informations plus importantes à collecter…

La positive attitude

Comme toujours la balade a le don de dégourdir nos pattes mais aussi me rafraichir les idées. Je réalise que la pluie représente une bonne nouvelle car elle a le mérite de :

  • Arroser les plantes du jardin
  • Nettoyer les voitures et les extérieurs du pollen jaune déposé ces dernières semaines.
  • Reporter la tonte de la pelouse et l’épilation de mes jambes envisagés après ces quelques jours de beau temps.
  • Garder confinés à l’intérieur les enfants du voisinage.
  • Garder confinés les idiots qui n’ont pas compris la définition de confinement.
    Bref que des incidences positives !

Sans Violette, la journée s’organise autour de mon travail et des devoirs de Joseph. Le planning écrit semble fonctionner, je pense que nous sommes à jour. Pourtant, je reste inquiète d’oublier une consigne, un exercice et de recevoir un nouvel appel de professeur. Cette angoisse ne déborde pas sur Joseph qui reste détendu. La routine.

Bilan de la journée

Yoga : 1. Et cette reprise fait du bien à mon corps trop souvent stationnaire devant un écran.
Boulot : la durée du confinement a le mérite paradoxal de réveiller certaines personnes qui se remettent au travail. Donc ça avance !
Réapprovisionnement : 1. Le lundi, c’est la livraison à domicile de la Vrac mobile. Fruits secs, percarbonate de soude, pâtes, farine, vinaigre blanc et rouleaux de PQ, productions locales et bio sans emballage, tout en respectant le confinement et les gestes barrière.
Cuisine : régressive avec un bon jambon-purée des familles. Une purée maison, mon accompagnement préféré.

Livraison de produits par la vrac mobile pendant le confinement


Digression culinaire 

Je n’ai jamais compris la difficulté pour certaines personnes de réaliser une purée maison. Il suffit d’éplucher des patates – 5 mn et effet apaisant garanti. De les faire cuire dans de l’eau salée – 10 à 15 mn que l’on peut occuper à autre chose. Puis les écraser à l’aide d’un presse-purée avec une bonne cuillère de beurre et / ou de crème. Qu’est-ce qu’il y a de long ou de difficile ? Je n’ai jamais acheté de sachet de purée lyophilisé car j’aime la vraie purée. Une fois, Yuri m’a demandé d’en acheter pour les jours où il déjeune seul. Évidemment, je lui ai répondu avec toute la mesure qui me caractérise : « Moi vivante, aucun sachet de purée industrielle ne franchira le seuil de cette maison ! ».

Jour 23

Mardi 7 avril
Levée tôt. Le temps est gris mais reste sec pour notre tour en forêt avec le poilu. Je me remets au travail. Certains jours, c’est très facile. D’autres plus compliqué. J’ai l’habitude du télé-travail. Et j’aime cette manière de faire. Ma maison est mon cocon donc je suis heureuse d’y rester. L’espace bureau aménagé sous l’escalier est à mon image : colorée, organisé et bien occupé. J’aime être seule. Et l’absence de collègues et de distraction augmente indéniablement l’efficacité.

bureau-télé-travail-cocon-maison
Mon bureau cocon dans le salon sous l’escalier

J’ai appris aussi au fil des années à écouter mon humeur de travail. Désormais j’arrive sans culpabiliser à lâcher l’ordi pour faire autre chose si je n’arrive pas à avancer. Tâches ménagères, cuisine, lecture, balade avec le chien… Ces temps de pause professionnels me permettent de prendre du recul sur un article en cours, une idée, une organisation. Combien de fois, j’ai écris les premiers mots d’un texte dans ma tête en pleine forêt alors que je butais dessus depuis de longues heures face à l’écran ! Bien plus efficace que de faire semblant vissée à mon bureau à attendre que l’inspiration revienne.

Travailler moins pour mieux bosser

Évidemment, il faut rester vigilent pour que les temps de pause ne soient pas plus importants que les plages de travail. Et suivre un minimum des horaires conventionnels. Lorsque j’étais journaliste indépendante plus jeune, je pouvais travailler le soir et les week-end. Cela m’arrive encore parfois en période chargée mais j’essaye d’éviter. Car finalement, cela revient à bosser du matin au soir et 7/7 jours. Dans ce cas l’indépendance ne représente plus un luxe mais de l’esclavage. Et j’ai enfin compris après 20 ans de pratique que les coupures permettent vraiment de se ressourcer. De se vider la tête. De laisser poser les projets. Et par conséquent d’y retourner avec plaisir avec un cerveau frais et dispo.

Confinement et travail

Ce délicat équilibre – travailler de 9h à 18h, 5 jours par semaine – est encore plus difficile à tenir aujourd’hui. L’angoisse de l’après, les devoirs des enfants, les projets menacés… Difficile de rester concentrée plusieurs heures. Parfois j’y arrive. Mais pas toujours. Dans ce cas, je multiplie les courtes pauses. Pour ne pas ruminer mon inefficacité. Afin de ne pas faire souffrir encore plus mon esprit malmené par les perturbations de cette période inédite. Je m’accroche à mon bullet journal où je liste dans des plannings journaliers, hebdomadaires et mensuels ma To do list. Cliquer, écrire, faire, cocher, prendre une pause. Comme un robot. Parfois.

Modeste participation à l’économie française

Comparé à la mission des soignants ou au travail de ceux qui nous nourrissent, je me suis interrogée sur le sens de mon boulot dans la communication. Cette remise en cause participe certainement à mon manque de motivation. Comme pour tous les travailleurs à distance. Nous ne sauvons pas de vies. Nos missions ne sont pas essentielles à notre survie. Pourtant, nous participons à notre manière à la poursuite de la vie, au maintien de l’économie.

Je travaille par exemple sur la réalisation d’un magazine à paraître. Si je ne le fais pas, l’imprimeur n’aura pas ce travail. Je bosse aussi pour la communication d’un surf camp. Qui en aura bien besoin au moment de la reprise ! Et cette crise a le mérite de me faire réfléchir sur le sens à donner à mes projets de communication. L’information à outrance, la désinformation, le marketing providentiel que nous subissons depuis quelques semaines me poussent encore plus à me tourner vers l’authenticité des messages.

Matin et soir

Je me suis rendue compte que mon max de concentration se situait en ce moment tôt le matin ou en fin de journée. Le matin, les enfants dorment, je peux en profiter. Quant au second créneau, il est propice au travail lorsque je n’ai pas Violette. Car à ce moment-là, elle a fini ses devoirs. Elle est donc en ébullition d’idées d’activités. Construire des trucs dans le jardin et me demander des outils toutes les 2mn, faire de la gym en regardant la télé. Je ne sais pas si elle est hyperactive. Mais elle s’occupe toujours en faisant 2 choses à la fois. Et en parlant. Donc difficile de bosser à côté… D’ailleurs, elle revient ce soir. J’arrête donc de travailler !

Bilan de la journée

Yoga : 1. Je m’étire, je m’étire de ce confinement.
Cuisine : 0. Yuri s’est chargé du repas ce soir. Le préféré de Violette pour son retour. Le plus industriel de tous nos menus… Le cordon bleu – coquillettes ! Elle est contente, je me repose. Ne nous jugez pas.
Pain en cocotte : 4 ! Pas chez nous mais chez vous ! Merci pour vos retours et vos photos, j’adore. J’ai presque l’impression que l’on cuisine ensemble. C’est bon pour le moral. Comme j’ai été légère dans la restitution de la recette, voilà le lien pour suivre la vidéo du pain magique à la cocotte 😉
Lecture : je poursuis la lecture de mon roman. Et je me suis replongée dans un livre qui m’avait beaucoup marquée il y a quelques semaines : Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce. Cet essai prend encore plus son sens pendant cette crise. Le sous-titre – Réflexions sur l’effondrement – peut faire peur. Pourtant, il s’agit d’un livre inspirant et optimiste. Qui m’a fait du bien au cœur de la crise.

 

 

 

Confinement : Jours 19, 20 & 21

Journal d’un isolement

Se confiner : S’enfermer, être enfermé dans un lieu (Larousse). Ces 3 jours clôturent la troisième semaine de confinement. De nombreuses personnes ont la sensation de ne plus percevoir la différence entre la semaine et les week-end avec l’isolement. Dans mon cas, c’est tout l’inverse. Car le week-end, pas de boulot ni de travail scolaire. Et j’en ai profité pour me plonger dans la vulgarité.

Jour 19 du confinement

Vendredi 3 avril
Dernier jour de la semaine et donc de travail scolaire ! Et c’est tant mieux ! Violette est focalisée sur les soins du Longues oreilles. Je suis donc obligée de hausser le ton pour qu’elle s’attèle aux devoirs… J’ai un nouveau appel d’un prof de Joseph… Vivement le week-end !

Joseph est en Seconde Pro Cuisine. Tous les profs sont très impliqués dans cet enseignement à distance et c’est super. Mais la soudaine fermeture des écoles leur a demandé d’improviser leurs cours numériques. Et nous devons nous adapter à cette improvisation : certains envoient le travail par mail, d’autres sur une plateforme numérique et d’autres encore par l’appli Whatsapp… Il faut donc surveiller ces 3 médias en permanence au risque de manquer une consigne ou un devoir. Cela fait beaucoup pour Joseph tête en l’air. Mais aussi pour moi en plus de tout le reste. Sachant que je n’ai pas Whatsapp ou accès à la boite mail de Jo… Bref, on n’est toujours pas au point. Je mets en place la bonne vieille méthode d’agenda de la semaine à l’écrit. Pour le plus grand plaisir de mon fils.

Cuisiner, manger, cuisiner, manger

Quand je constate qu’il a une autre recette de cuisine a réaliser et que je n’ai pas la moitié des ingrédients, je soupire. Nous sommes confinés. Invités à sortir le moins possible. Je viens de faire mes courses pour la semaine. Je vais devoir ressortir… Soupirs.

L’après-midi, j’ai Violette a fait un gâteau au chocolat pour son cours de maths. La maîtresse n’a donné que la quantité de sucre en grammes. Le reste des ingrédients est en fraction… Violette s’occupe du calcul. Je l’assiste pour la réalisation de la recette. Chacune sa spécialité !
Et je remplis ses obligations maternelles tout en travaillant, faisant des lessives, la préparation des repas, la vaisselle… Vivement le week-end !

gateau au chocolat de violette pendant le confinement

Bilan du jour

Vivre en confinement avec ses enfants, c’est cool. Faire prof de maths, de cuisine, de Français, surveillante et proviseur, beaucoup moins…
Cuisine : comme une envie de fraîcheur dans ce monde de cookies ! Nous nous sommes donc régalés d’une salade de crudités composée de mâche, pissenlit, asperges, tomates accompagnée de toasts grillés de fromage de chèvre. Avec supplément pâté en croute pour les garçons dubitatif du vegan.
Tricot : le pull noir avance.
Lecture : toujours dans le pavé de 440 pages de Frederick Exley, À la merci du désir, publié chez Monsieur Toussaint Louverture. J’aimerai lire plus. Mais bizarrement le soir, je m’endors rapidement…

Jour 20 du confinement

Samedi 4 avril
C’est le week-end ! J’en profite pour me lever tôt. Paradoxal ? Non, seulement l’envie de profiter de ce temps sans pression ni emploi du temps au maximum !

Afin de respecter les règles du confinement, la ballade du chien dans la forêt d’à côté est la même depuis 20 jours. Il ne semble pas se lasser. J’essaye de la varier de temps en temps en sortant du sentier. On y croise des ronces, des tiques. Belle variante !

Violette est repartie avec Totoro chez son papa. La maison est calme. Pendant que les garçons dorment, j’en profite pour faire du rangement et ménage sans bruit. Je suis motivée pour passer l’aspirateur mais dans le cadre du Bien vivre ensemble je m’abstiens. Lorsque qu’ils se réveillent en début d’après-midi, je ne suis plus motivée. On verra demain.

L’après-midi, je trouve les ingrédients manquants dans notre petite épicerie de village. C’est la première fois que je suis aussi heureuse de trouver du mascarpone. C’est l’effet confinement !

Pendant que je brode la délicieuse injure fleurie à partir de la grille offerte par Lucile de Brode Pute, Joseph se lance en cuisine dans la réalisation des choux à la crème chantilly. Pour le pain, j’étais dans le coin pour l’aider. Je décide de le laisser cette fois en totale autonomie. C’est comme cela que l’on apprend non ? Et il apprend : ses choux sont tout raplapla et ont brulé. Ils passent directement de la plaque du four à la poubelle. Nouvelle tentative demain. Assisté de sa maman. À sa demande.

jardinage rempotage de confinement

Bilan du jour

Jardinage : pour profiter du soleil et rempoter les plantes d’intérieur à l’étroit dans leur pot.
Cuisine : yaourts à boire à la pêche, tarte salée au fromage à raclette, poursuite du levain maison.
Broderie : parmi les activités manuelles, c’est celle qui me demande le plus de concentration et donc produit un effet apaisant incroyable. Mon esprit est focalisé sur l’aiguille, la toile, là où je dois piquer, le nombre de points à faire. Je le constate encore aujourd’hui. J’oublie le temps de quelques heures, la pression scolaire, pro et financière de cette crise. L’impression de tout mal faire. Et je brode en plus une injure. C’est le double effet apaisant. Contrairement à des fleurs, des oiseaux, des cœurs, broder une formule malpolie produit le même effet curatif que coucher ses récriminations sur papier. Broder Fuck You en points de croix me décharge de la colère ressentie pendant ce confinement. À l’encontre de ceux qui ne respectent pas l’isolement, ceux qui manquent de respect au personnel soignant, à ceux qui nous gouvernent. Ce sera donc ma nouvelle thérapie. La broderie d’injures. Merci Lucile, de Brode pute !

Jour 21 du confinement

Dimanche 5 avril
Le soleil est toujours là. Je traîne, je lis. Et je poursuis ma broderie malpolie Brode Pute. Je suis assez contente du résultat. Sur les réseaux sociaux, je découvre par hasard que l’un des mes auteurs BD préféré, Gilles Rochier, demande un soutien financier participatif pour sortir son prochain titre. L’Autre con coécrit avec Nicolas Moog, aux éditions Roquemoute. J’avais déjà ri aux éclats en voyant sur Instagram leurs échanges de SMS d’insultes. Ils en ont fait un récit épistolaire composé en plus de bandes dessinées et de dessins. J’adore l’idée, je soutiens ! Pour la modique somme de 12 € frais de port inclus.

l'autre con bd de Gilles Rochier et Nicolas Moog
Avant-propos : La correspondance électronique privée que vous pourrez lire dans les pages qui composent ce livre a été échangée au fil de ces derniers mois. Elle a ensuite été publiée sur les réseaux sociaux par Gilles Rochier, à l’insu de son correspondant. Elle vous est révélée aujourd’hui dans cet album, agrémentée d’illustrations de l’un et de l’autre. Une procédure judiciaire pour violation de la vie privée est par ailleurs en cours. Bonne lecture.

Philosophie de la vulgarité

Fuck you en broderie, L’autre con en BD… Voilà un week-end parfait placé sous le signe des injures. Qui me correspond bien. J’ai toujours eu une tendance à adopter un langage vulgaire. Une femme me l’a un jour reproché en précisant : « C’est laid pour une femme. » Outre le sexisme de sa remarque, je ne suis pas d’accord. Jurer me fait du bien. Je trouve que ce genre de mots vont droit au but sans tergiverser, sans enrober. Je suis comme ça. Cela ne m’empêche pas d’être gentille, bienveillante, empathique. Prononcer des mots grossiers – lorsque c’est possible – m’apaise et me permettent d’y voir plus clair.

À l’inverse, des gens au langage châtié peuvent être irrespectueux. Et prétentieux, manipulateurs, voleurs, égoïstes, méchants. En écrivant ces mots, de nombreux exemples défilent dans ma tête. Je pense à certaines personnes croisées dans ma vie. Ainsi qu’à certains hommes politiques, d’affaires… Inutile d’aller bien loin. La distinction, la bienséance ne sont pas des garanties d’humanité, seulement des apparats. Oui je suis parfois grossière. Mais la vulgarité représente souvent un signe d’authenticité. Imaginez mon plaisir de broder Fuck you et de bientôt lire L’autre con !

Broderie Fuck you inspiration Brodepute

Mon chou a fait des choux

Côté cuisine, j’ai préparé un dahl de lentilles et quinoa au curry. Et un pain de campagne avec mon levain maison ! Super bon mais pas encore complètement satisfaite de la cuisson et de la croute. Je pense essayer la cuisson en cocotte que Joseph a expérimenté la semaine dernière.  Lui s’est attelé – une nouvelle tentative – à la réalisation de choux craquelin à la crème chantilly pour son cours de cuisine. Une recette difficile alors je l’ai assisté pour certains gestes. Notamment dessécher la pâte des choux pour éviter qu’elle ne s’écroule sur la plaque comme hier. On a passé un super moment. D’échange, de rires. De satisfaction. Comme à la levée des choux dans le four. Et sans carbonisation ! J’ai réalisé qu’il était minutieux, attentif. Le résultat était sublime et délicieux. Je suis fière de mon fils.

choux craquelin à la crème chantilly réalisés par Joseph

 

 

Confinement : récit des jours 17 & 18

Journal d’un isolement

Se confiner : S’enfermer, être enfermé dans un lieu (Larousse). Totoro est arrivé, j’ai parlé à des gens, Yuri souhaite reprendre des études et Joseph a fait un pain. Autant d’événements extraordinaires en cette période de confinement… Les enfants sont formidables. Journal des jours 17 et 18 de l’isolement.

bullet journal avril inspiration

Jour 17

Mercredi 1er avril
Le soleil est de retour et cela fait du bien. La maison est plus calme, Violette est repartie chez son papa patienter avant l’arrivée du Longues Oreilles. J’en profite car cela ne va pas durer : je récupère le lapin demain. Et donc Violette dans la foulée.

Confinement oblige, j’irai faire des courses vers 15h. La vendeuse de lapin aussi. Nos voitures seront garées côte à côte. Nous ouvrirons nos coffres pour échanger la bestiole. Sans se serrer la main. Je pensais attendre la fin du confinement pour l’échange. Mais la dame trouvait dommage que Violette n’ait pas le plaisir de l’avoir pendant qu’il est si jeune. Et un lapin grandit vite. Et le confinement va durer. Nous avons donc opté pour cette solution hygiénique et respectueuse de la loi en faisant nos courses pour se retrouver.

Famille de boulangers

En attendant, j’arrive à travailler plus efficacement. Joseph rattrape son retard dans les devoirs à rendre. Pour une fois, ce n’est pas moi qui fait le pain mais lui. Il doit réaliser à la demande de son prof de cuisine un pain cuit en cocotte. Aujourd’hui, il s’attèle à la réalisation de la pâte. Et la laisse reposer jusqu’à demain. De mon côté, je jette un œil au levain maison et le miracle fonctionne ! L’eau de macération des raisins mélangée à 250 g de farine formait une boule très compacte hier. Aujourd’hui, elle a levé et fait des bulles ! Le miracle de la nature. Encore 2 jours de patience pour l’utiliser dans un pain…

Obligée d’aller sur les réseaux sociaux pour le boulot, je découvre les poissons d’avril en lien avec la crise sanitaire… Cela ne me fait pas rire, ni sourire. Je soupire. Je me demande si ces blagues sont de mauvais goûts ou si j’ai perdu le sens de l’humour. Un peu des deux j’imagine.

Bilan de la journée

Humeur : bien meilleure avec le soleil.
Boulot : bien plus efficace de meilleure humeur et avec un enfant en moins. C’est mathématique.
Cuisine : pommes de terre au brie, carottes râpées maison (l’épluchage des légumes est toujours aussi apaisant).
Tricot : presque fini la première manche de mon pull commencé pendant le confinement. Je le baptiserai d’ailleurs pull de confinement. Et je me demande si donner des noms aux choses fait partie des dommages collatéraux de l’isolement social.
Lecture : poursuite de À la merci du désir, le dernier roman de Frederick Exley, publié chez Monsieur Toussaint Louverture.

Jour 18

Jeudi 2 avril
Le soleil a disparu. Le 18ème jour de confinement démarre. Nous allons devenir les heureux parents d’un lapin. Violette va être comme sous l’emprise d’une drogue et se transformer en moulin à paroles. La journée va être longue.

Le soleil brille à nouveau. J’arrive plus tôt que prévu au rendez-vous lapin car j’en profite pour récupérer mes courses au Drive. Ma commande est complète, miracle. Je croise sur le parking un artiste musicien que j’ai déjà reçu à la radio. Nous papotons 5 mn en gardant nos distances. Cela fait 17 jours que je n’ai pas parlé à une personne en face à face aussi longtemps. Un autre miracle.

La propriétaire du lapin arrive. L’échange se passe comme prévu. Sans contact physique. Comme elle est sympathique, nous devisons sur le bonheur d’avoir un longues oreilles. Sur ses conditions de vie à l’extérieur pour un confort maximal et une plus grande liberté. Elle me confirme qu’il peut très bien vivre dehors. C’est un lapin, pas une peluche. Notre échange cordial dure 10 mn. Je n’ai jamais autant parlé à des gens depuis le début du confinement. Sur la route du retour, j’en ai presque la tête qui tourne !

Vivre ensemble

Au moment de la rencontre longues oreilles / enfant / poilu, la tension monte. Le chien veut très clairement croquer le lapin, la petite chose est effrayée, Violette proche de l’hystérie. L’envie d’aller lire dans ma chambre me traverse l’esprit. Mais comme ce mode de réaction n’est pas préconisé dans le Manuel du bon parent – comment assumer correctement ses enfants- je reste. Et j’assume.  » Le poilu, au panier ! Violette, calme toi ! Le lapin, détend toi !  » Tout le monde obtempère. Nous finissons donc d’installer Totoro dans sa nouvelle dépendance extérieure en bricolant un enclos le temps que le matériel commandé arrive. Je m’inquiétais pour la nourriture qui n’est pas là non plus mais il passe son temps à manger de l’herbe. Autonome avec fonction tondeuse. Il me plait bien ce petit.

bébé lapin nain bélier

Pendant que Violette sociabilise avec son nouvel ami, Yuri et moi finalisons en ligne ses vœux d’études pour l’an prochain. Contrairement à ce que nous avaient annoncé ses profs en terminale, quitter le système numérique d’orientation scolaire Parcoursup n’est pas définitif…. Cliquer sur Valider clôture une période de plusieurs mois riche en discussion sur ses choix d’orientation. Il a postulé pour une Licence d’Anglais ou Administration économie et sociale ou Éco gestion ou DUT Animation socio-culturelle. Je croise maintenant les doigts pour qu’un établissement accepte de l’intégrer malgré son dossier scolaire de lycée pas franchement brillant et son année sans études… À suivre !

Et pour terminer cette journée miraculeuse, Joseph termine son pain avec le mode de cuisson indiqué, en cocotte dans le four. Et c’est une tuerie ! La texture de la mie et de la croute ressemble à un pain de boulanger. Parole d’apprenti boulangère depuis des années ! Nous le dégustons en famille – non vegan – avec une saucisse sèche pour l’apéro. Un régal !

recette pain cuit en cocotte

Recette du pain en cocotte

La recette est très simple : mélangez 500 g de farine (blanche, semi-complète, mélangées, comme vous voulez), 300 ml d’eau tiède, une cuillère à soupe rase de sel et un sachet de levure boulangère (ou votre levain). Couvrez avec un torchon humide et laissez reposer une nuit. Le lendemain, déposez la pâte sur un plan de travail fariné pour la travailler légèrement. Laissez reposer 2h dans un torchon fariné. Faire préchauffer le four avec une cocotte en fonte à 240°C. Ensuite, mettre la pâte dans la cocotte sans se brûler, couvrir avec le couvercle et faire cuire pendant 30 mn. Terminez la cuisson 5 ou 10 mn sans le couvercle. Joseph a baissé un peu la température pour qu’il ne brunisse pas trop.

Bilan de la journée

Intense !
Boulot : avec la mission lapin l’après-midi, ultra productive le matin !
Sociabilisation : 8 ! Comme jamais depuis le début du confinement.
Intégration du mini poilu dans l’environnement du grand poilu : jusque là tout va bien.
Oubli de l’état de confinement : 8
Pain cocotte : 10
Niveau de satisfaction d’une mère suite au projet de reprise d’études de son fils : 10
Inquiétude d’une mère quant à la réintégration de son fils dans le système scolaire : 10
Niveau de satisfaction de Violette : 10. Elle a le sourire, me remercie dès que nos regards se croisent, ne touche pas un écran de l’après-midi. Elle se couche en ayant fait une To do liste pour le lendemain. Y figurent brossage des dents et des cheveux (sa manière de me remercier), puis moultes missions entretien du lapin. Aucune mention des devoirs. La belle vie !