Confinement / Jours 34 à 37 : La famille d’abord

Journal d’un isolement

Se confiner : S’enfermer, être enfermé dans un lieu (Larousse). Première semaine de confinement sans école à la maison, première grosse sortie autre que ravitaillement, première anniversaire confiné… C’est la semaine des premières fois !

Jours 34

Dimanche 19 avril

Levée tôt : blog, lecture, lessive. Plus je vieillis, plus j’aime le silence et la solitude. Je pense qu’être maman de 3 enfants a amplifié ce penchant. Les moments calmes sont rares, j’ai appris à les savourer.
Violette repart chez son papa. Je pars en balade avec le chien. Les sorties nature sont plus bucoliques le week-end. Si les promenades du poilu sont devenues essentielles à mon équilibre, celles de la semaine se font souvent au pas de course. Boulot oblige. Le week-end, je reprends le temps de flâner, d’observer la nature, les oiseaux. Le temps s’arrête. Enfin, presque. En confinement, l’autorisation est limitée à une heure…

Ralentissement

À notre retour, les garçons dorment encore. Je profite du silence et de la solitude pour préparer le brunch en cuisine. Je suis de nature assez « speed ». De manière instinctive, je marche vite, j’agis vite, je parle vite. Parce que les idées et les projets se sont toujours bousculés. Mais cette proactivité n’est-elle pas une manière de masquer mon manque de confiance ? Masquer mes angoisses ? Depuis plusieurs années, j’en ai pris conscience et j’essaye parfois de ralentir le rythme. Mes gestes, mes déplacements, mes pensées. Tranquillement donc, je prépare des pancakes, des œufs brouillés et un smoothie. En me concentrant sur chaque tâche et en ne pensant qu’à celle-ci. C’est dimanche, on se calme.

Parfois, dans ces phases de méditation douce, le silence est rompu par l’arrivée d’un garçon. Je prolonge l’instant en lui parlant lentement et doucement. Il me demande si tout va bien. S’inquiète d’une consommation éventuelle de stupéfiants. Mes explications les font rire. Se réinventer n’est pas simple. Encore moins aux yeux des autres 😉

Née vieille

L’après-midi se déroule comme j’aime les dimanches. Avec une alternance de pauses tricot, rangement, bricolage et cuisine. J’ai toujours été casanière. Même très jeune. Ce penchant s’accentue avec l’âge. Mes obligations professionnelles et associatives me poussent parfois à sortir. Si j’éprouve du plaisir dans l’instant présent, je dois me faire violence pour franchir le pas. Et malgré les bons moments passés lors d’une soirée, il m’arrive de regretter ce temps en moins de bricolage solitaire. Je pense que je suis née vieille.

lessive maison écologique et économique

Bilan du jour

Bricolage : rangement des étagères de la cuisine, tricot, lessive maison. Désormais, j’en fabrique 3 litres dans ma cocotte-minute et j’en ai pour presque trois mois. J’ai fait une mise à jour de la recette en ajoutant le coût de revient, le résultat est impressionnant. Oui j’ai du temps à perdre. C’est l’effet confinement.
Cuisine : pancakes, salade de lentilles / feta, recyclage des baguettes maison en garlic bread, un délice. Précision diététique : malgré la présence de beurre, je considère le garlic bread comme une recette healthy. Le persil plat aux vertus stimulantes, toniques et diurétiques est plus riche en vitamine C que les agrumes ou le kiwi. Ajouté à l’ail réputé pour son pouvoir antiviral et antioxydant, c’est le combo gagnant ! Et le gras, c’est la vie.

Jours 35

Lundi 20 avril
La semaine de travail reprend mais sans Violette et sans devoirs. Je me concentre, je me motive et je deviens une machine. L’après-midi, un événement inédit vient perturber notre 6ème semaine de confinement. Un rendez-vous à l’hôpital de Bayonne pour Joseph. Pris en janvier pour le traitement de ses allergies, il n’a pas été annulé. Certaines personnes de notre entourage s’inquiètent de notre présence dans un établissement de santé pendant la crise sanitaire. J’imagine que si des professionnels du corps médical maintiennent le rendez-vous, c’est qu’il est sans danger.

La sortie du mois

Pour l’occasion, je quitte mon jogging, met une chemise, me maquille. C’est la sortie du mois ! Joseph ne raisonne pas comme moi et reste en jogging. Sur la route et dans Bayonne, seulement quelques véhicules circulent. Ce calme dénote de l’effervescence habituelle de l’autoroute et de la ville. Même atmosphère à l’hôpital. Très peu de monde. Un siège sur deux est condamné dans les salles d’attente. Tous les soignants sont masqués. Ainsi que la plupart des patients. Tout se déroule sans encombre. Nous repartons avec l’ordonnance de désensibilisation et le prochain rendez-vous en octobre. La vie continue. Je me demande comment nous vivrons en octobre. Joseph réalise que le rendez-vous, pendant les vacances scolaires, ne lui fera pas manquer de cours. Il imagine donc que la vie aura repris son cours.

Bilan de la journée

Boulot : intense avant et après le rendez-vous. Je retrouve le goût de travailler.
Cuisine : Saucisse de Toulousse avec pommes de terre / Brie gratinées au four pour accompagner des saucisses. Plat simple à réaliser quand on travaille et qui convient parfaitement à deux garçons en manque de viande et de gras.

Rigolade : appel visio avec ma copine Blanche. Dégoutée de ma vieille tête, je m’amuse tout en conversant à changer d’apparence avec les animations du téléphone – que je découvre pour la première fois. Exercice complètement régressif qui nous fait bien rire. C’est ce que j’aime avec Blanche. On peut froncer les sourcils en parlant très sérieusement littérature, dérives sociétales ou psychanalyse. Puis rire aux éclats et sans complexe pour des âneries. Une chouette récré. Je ne suis peut-être pas si vieille ? Pas pour tout 😉

Bricolage : tricot de la dernière manche du pull de confinement devant True Grit des frères Cohen. Je ne l’avais jamais vu. Ces réalisateurs sont décidément très forts, il arrivent à me faire aimer le genre Western !

Lecture : poursuite du Liseur du 6h27 de Jean-Paul Didierlaurent. Finalement les lectures gentilles ne sont pas pour moi. Je vais le finir et revenir à un roman plus dense ou sombre.

Jour 36

Mardi 21 avril
Il pleut. Contre toute attente, le gris de la météo n’affecte pas ma bonne humeur. Depuis le début du confinement, j’apprécie la pluie qui accentue son effet. La forêt est moins fréquentée et le voisinage plus calme.

La résistance des petits commerçants

J’écris pour le site de la radio un article sur les petits commerces et restos locaux qui se réinventent face à la crise. Pour rouvrir, fonctionner, exister, ils proposent des services adaptés aux mesures sanitaires. Je suis admirative de cette force de rebondissement. De leur capacité à dépasser la crise pour rebondir. Ils méritent décidément d’exister. J’espère que cette période que nous traversons ferons prendre conscience aux gens de l’importance de privilégier ce type de commerces de proximité face à la vente en ligne ou aux grandes chaines de magasin. Un bon sens économique – faire vivre son voisin plutôt que des actionnaires à l’autre bout du monde. Mais aussi une participation au tissu social, une reconnaissance de leur éthique de travail dans le choix des produits et l’offre de services.

Retour à l’école annoncé

Le gouvernement a exposé son plan de retour à l’école. S’il reste flou sur les modalités, je comprends que Violette en CM1 et Joseph en seconde n’y retourneront pas avant le 26 mai. Je partage le sentiment mitigé des parents entre l’envie d’un retour à une vie normale et mettre leurs enfants en danger en les laissant retourner en collectivité. Ce retour devrait être progressif par nombre limité. Les enseignants vont donc accueillir des enfants en respectant les mesures barrières tout en poursuivant l’enseignement à distance avec ceux qui restent à la maison… Ils sont vraiment mignons nos politiques. Inconscients de pas mal de réalité. Notamment qu’il est impossible de gérer une demi-classe de 15 enfants en respectant les gestes barrière. Tout en faisant l’école à distance pour les autres ! Comment dit-on déjà à l’école ? Peux mieux faire.

Bilan de la journée

Boulot : Je suis regonflée à bloc. J’ai été sollicitée pour un nouveau projet assez excitant dans le domaine de la musique avec des gens que j’apprécie et que j’admire.  Cette bonne nouvelle donne une tout autre dimension à mes journée de travail. Elle ouvre aussi des perspectives d’avenir. De réalisation future possible. D’une vie sans virus.
Cuisine : yaourts à la vanille, compote en prévision d’une tarte aux pommes. C’est au tour de Jo de préparer le repas du soir.
Tricot : manche terminée, reste à assembler les éléments pour en faire un pull.
Projet : préparer les 10 ans de Violette demain. Faire en sorte qu’elle se souvienne de manière positive de cet anniversaire en confinement.

Jour 37

Mercredi 22 avril
Boulot intense le matin et préparation de l’anniversaire de Violette l’après-midi. C’est l’avantage de l’indépendance, organiser son temps comme on le souhaite. Il y a encore quelques temps, j’aurai culpabiliser de faire autre chose que travailler. Aujourd’hui, je sais que cette adaptabilité est positive pour mon efficacité. Je m’attèle donc sans aucun scrupule à la pâte sablée de la tarte aux pommes.

Digression culinaire

Je prends la recette dans mon livre préférée de cuisine : Ripailles de Stéphane Reynaud. Il est beau mais pas dans le sens des livres de cuisine actuelle. Il est authentique avec des photos de vrais gens. Les recettes sont des basiques, des classiques de la cuisine française, ce livre est ma bible ! Stéphane Reynaud est chef du restaurant La villa 9 Trois à Montreuil. Je rêve d’y aller. On ira Marine un jour ?

ripailles livre cuisine de Stéphane Reynaud

Après la tarte, semblant de déco avec les quelques ballons trouvés, emballage des cadeaux, 2 livres achetés grâce au service confinement de la Librairie Le Vent Délire ! En même temps, je poursuis le rangement de mes étagères de cuisine et j’y trouve des pépites. Un pétillant sans alcool à la pêche, parfait pour l’anniv de ce soir, un vinaigre de riz périmé depuis… 2011 ! Et quelques bouteilles de vin. Il faudra que je me demande à mon papa si elles sont encore buvables avant de les recycler dans des bœufs bourguignon !

Joyeux anniversaire Violette !

Pour le repas d’anniv, je commande en ligne au fast food local Jack’s Burgers. Paradoxal avec mon style de vie ? Non car je ne suis pas une extrémiste. Le restaurant se distingue aussi de la plupart des établissements de restauration rapide : il cuisine de la viande française, propose des produits locaux. Et soutient de nombreuses manifestations ou activités associatives toutes l’année. Et les enfants adorent y manger ! Rien que pour le sourire de Violette à mon arrivée avec le sac Jack’s, cet écart est totalement justifié.

Penser à la célébration de ses 10 ans, il y a quelques semaines, faisait pleurer Violette. Les petites attentions, la présence de ses frères, la visio avec les grands-parents, vos messages et vos appels… Elle a finalement passé un chouette anniversaire malgré le confinement. Comme je suis de nature positive, je me dis aussi que la durée de notre isolement aura peut-être l’effet positif de ne pas permettre l’organisation d’un goûter d’anniversaire avec 10 filles aux voix aigües ! #mauvaisemère. Plus sérieusement, voilà un nouvel épisode de la vie qui me prouve que l’essentiel est d’être ensemble. Merci à vous d’être là 😉

Bilan de la journée

Anniversaire : réussi !
Péremption : le mousseux sans alcool n’était pas très bon. Peut-être parce qu’il était périmé depuis 2015…
Placards : parfaitement rangés et avec plus d’espace sans les produits périmés…