Confinement / Jours 38 à 41 : les montagnes russes

Journal d’un isolement

Se confiner : S’enfermer, être enfermé dans un lieu (Larousse). La vie en confinement réserve encore de belles surprises familiales. Et l’isolement physique n’estompe pas la richesse des relations amicales.  Il n’empêche pas non plus le monde extérieur, parfois, de surgir violemment dans notre bulle. Récit de ces montagnes russes.

Jour 38

Jeudi 23 avril
Je me sens plutôt heureuse dans cet isolement humain, à profiter au quotidien de mes 3 enfants. À alterner un travail que j’aime, les balades en forêt, de la cuisine et du bricolage. Pourtant, je dors mal. J’imagine que les angoisses liées mon avenir professionnel se rappelle à mon bon souvenir…

Parenthèse beauté

Malgré ces courtes nuits hachées, j’ai plutôt bonne mine. Ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas une reine de beauté. Je passe rarement plus de 5 mn dans la salle de bain. Et mon aspect m’importe peu. Parfois, j’ai des velléités de filles. Mais cela ne dure jamais plus de quelques minutes… Dans cette logique, j’utilise depuis des années des crèmes de jour soi-disant bio ou naturelle achetées en supermarché. D’abord parce que j’ai peu de moyens. Ensuite, parce que je préfère investir mon peu d’argent dans autre chose. Mais depuis une semaine, tout a changé.

J’étais en rupture de crème pour le visage. Parce qu’en cette période plus que jamais, je préfère donner de l’argent à des petits commerçants qu’aux hypers, j’ai donc étudié les produits cosmétiques sur le site de la Vrac Mobile. Et j’ai choisi la crème pour peaux sèches, déshydratées, matures (tout moi) Etxean Egina. D’abord, elle est locale : fabriquée dans une savonnerie artisanale de Saint-Étienne de Baïgorry au Pays Basque. Ensuite, elle est naturelle et bio : eau minérale naturelle, huile bio d’avocat, gel d’aloe vera bio, cire émulsifiante végétale, parfum 100% naturel, cosgard (conservateur en alternative aux paraben, agents parfumants citronellol, geraniol (aussi anti-moustiques naturel), hydroxycitronellol. Enfin, elle n’as pas si chère : 9,50 € les 30 ml, c’est plus que raisonnable.

Crème visage Etxean Egina, bio, local

Parce que je le vaux bien

Et je ne regrette pas. Elle a une texture crème fouetté hyper agréable à appliquer. Elle sent très bon avec une dominante de notes florales. Et surtout, son efficacité est impressionnante. Ma peau est de nature sèche. Et mes courtes nuits additionnées à ma mauvaise habitude de fumer font que j’ai un teint terne et une mine pas vraiment resplendissante. Après quelques jours d’application, ma peau est plus douce, mon teint illuminé.

Bref, cet aparté beauté superficielle pour vous dire qu’à 45 ans, j’ai trouvé MA crème de jour. Un événement dans une vie de ménagère de moins de 50 ans qui méritait d’être mentionné. Mais qui ne me donne pas envie de me transformer en blogueuse beauté, je vous rassure.

Bilan du jour

Teint : joli.
Boulot : efficace. Grand plaisir à écrire et enregistrer pour la radio une chronique de la dernière BD de David Snug, Dépôt de bilan de compétences, Éditions Nada. Je la poste bientôt sur le blog.
Cuisine : Yuri à l’œuvre avec ailes de poulet, riz, carottes râpées.
Plaisirs du jour : un cadeau déposé par une amie pour l’anniv de Violette, écriture, tricot, balade du chien.
Zoo : entente parfaire entre le poilu et le longues oreilles. Le jardin est notre nouvelle télé.

lapin bélier nain trop chou

Jour 39

Vendredi 24 avril
Je me suis lavée les cheveux. Désolée messieurs pour la nouvelle parenthèse beauté. Si je précise ce détail capillaire, c’est parce que c’est la première fois depuis 15 jours… Non, je ne fais pas partie des Français qui négligent leur hygiène pendant le confinement. Je pratique le soin capillaire le Low Pow No Pow. Et je viens de battre mon record. Mes cheveux semblent être aussi en pause, je n’avais aucune sensation de gras ou de démangeaisons. J’ai quand même fini par les laver. Je vous invite à profiter du confinement et de la distanciation sociale pour tenter d’espacer les shampoings. Parenthèse beauté terminée.

Les obligations

Dès le début du confinement, j’ai établi – comme tout le monde – une liste de choses à faire, en attente depuis plusieurs mois, voire des années, que je comptais réaliser pendant cette période de ralentissement. Après un mois, aucune mission de cette liste n’avait été cochée… J’ai donc laissé tomber ces projets pour arrêter de culpabiliser.

Depuis que je les ai sorti de ma tête, je me suis mise à les concrétiser… J’ai toujours eu un tempérament à la fois docile et contradictoire. Cela veut dire que souvent j’essaye de faire plaisir ou de me couler dans le moule du bon citoyen modèle de notre société judéo-chrétienne. D’autres fois, mon esprit et mon corps refusent de répondre à ces injonctions. Sociales ou personnelles. C’est le cas dans tous les domaines, le travail, les lectures, les sorties, la cuisine, les tâches ménagères… Si je lutte contre cette instinct rebelle, je mets des heures à réaliser ce qui pourrait me prendre quelques minutes. Et je souffre.

Sagesse de la liberté

Dans le cadre de ma vieillesse et de la sagesse qui est censée en découler, je me fixe donc de moins en moins d’obligations. Et finalement, je réalise de plus en plus de choses ! Cela s’appelle, escroquer son inconscient. Ou se défaire des injonctions. Surtout, cela me rend plus sereine. Comme pour notre chambre de filles, enfin rangée et astiquée dans tous les recoins la semaine dernière. Ou encore avec mes placards de cuisine qui attendaient depuis plusieurs années. La seule de bain me fait de l’œil mais je préfère ne pas trop y penser. Au risque de ne pas m’y mettre !

Bilan du jour

Boulot : facile avec la perspective du week-end !
Ravitaillement : Fruits et légumes aux Jardins de Castelnau. J’ai ai profité pour acheter des plants de tomates et un de framboisier à un pépiniériste local installé à côté.
Cuisine : muffins salés au fromage de brebis et champignon. Trouvé dans l’éphéméride de la revue Flow. C’est comme un cake salé mais plus présentable. Parfait pour accompagner notre salade de crudités.
Projets : jardiner, faire ma déclaration d’impôts.

Jour 40

Samedi 25 avril
Le week-end a démarré par un miracle. Yuri est venu en balade en forêt avec moi ! Même le chien n’y croyait pas et se retournait régulièrement pour réaliser ! C’est quand même la première fois en 5 ans. Lorsque je me suis levée ce matin, il n’était pas encore couché. Je lui ai proposé sans trop y croire et il m’a répondu : « Allez ! ». Un tête-à-tête rare et bien agréable. Je vous rassure pour sa santé, il s’est recouché ensuite et je l’ai réveillé pour le repas… du soir !

Garden therapy

Malgré certains voisins qui utilisent pendant des heures tondeuse, tronçonneuse et autres outils incompatibles avec un bien-être naturel, nous avons passé avec Violette la journée dans le jardin. J’ai préparé la terre, fait des trous et planté mes plants acheté le veille. Violette était censée m’aider. Elle a préféré jouer à côté et me solliciter toutes les 5 mn. Malgré cet environnement hostile, la garden thérapy a fait son effet. Et j’ai pensé aux confinés qui n’ont pas la chance d’avoir un jardin. Je ne suis jamais très ambitieuse pour le potager, seulement quelques plants. Je ne veux pas planter pour planter sans m’en occuper. Et ils ont besoin régulièrement d’être arrosés, désherbés.

Ces quelques pieds ne nous rendent pas autonomes en légumes. Mais ils me font du bien, me reconnectent à la terre, à l’essentiel. Une soupape tout le printemps et l’été après une journée de boulot et de maman solo.

Bilan du jour

Jardin : 4 plants de tomates et un pied de framboisier plantés avec amour et surveillés comme l’huile sur le feu pour que le longues oreilles ne les croque pas. Il s’est déjà attaqué à mes pieds de fraisiers…
Miracle : Après Martine à la plage, Yuri en forêt. Le titre est en cours d’écriture.
Fou-rire : Violette qui utilise mon hérisson de ménage comme monture et mime très sérieusement une cavalière. J’en ai pleuré. Ça fait du bien. Je croise les doigts pour qu’elle n’ait pas l’idée d’en faire un sport en compétition. Oui ça existe…
Cuisine : recyclage d’une salade flétrie en soupe selon la recette du chef Juan Arbelaez. Pour vous épargner les pubs sur le site de TF1 avant de visionner la recette : Faire revenir 3 gousses d’ail et un oignon dans une cocotte, ajouter la salade grossièrement coupée, mouiller, faites cuire 10 minutes, mixer. Pour l’adoucir, j’ai ajouté du fromage frais au mixage mais cela n’a pas suffit pour les enfants. J’ai adoré, eux moins. Ils ne valident pas l’idée de l’anti-gaspillage coûte que coûte.

Jour 41

Dimanche 26 avril
Violette est repartie chez son papa, les garçons dorment. Je profite de cette matinée calme et sans enfants pour écrire, lire, coudre. De ces quelques heures sans obligations ou impératifs.

Vivre sans les enfants

Il m’a fallu quelques années pour accepter de ne pas les avoir contre mon gré. La fatigue physique et psychologique d’élever trois enfants seuls au quotidien a fini par me faire apprécier ces pauses. En demie-semaine de garde alternée avec le papa de Violette, quelques week-ends et jours de vacances avec celui des garçons. Avec le confinement, j’ai les garçons tous les jours. Mais ils n’émergent jamais très tôt donc les matinées sont calmes.

L’homme est un loup pour l’homme, surtout pour la femme

Après le traditionnel brunch du dimanche, le monde extérieur dont le confinement nous coupe vient perturber mon dimanche paisible. C’est la première fois en 6 semaines. La violence en est décuplée. J’essaye comme je peux d’appliquer la théorie de la relativité. Mais elle ne fonctionne pas toujours. À la contrariété vient s’ajouter la culpabilité de laisser ce genre de bêtise humaine m’atteindre. Cet épisode me démontre que la carapace de sagesse que j’essaye de me forger depuis des années montre encore des failles.

Je passe donc au plan B et essaye moultes trucs & astuces pour sortir la tête de l’eau. Le soutien de mon parents et des copines fonctionnent bien. Le confinement n’empêche pas les oreilles attentives. Elles me soulagent. Et me divertissent de ma contrariété. La couture de mon pull de confinement fait aussi son œuvre. Chaque coup d’aiguille piquée m’éloigne de mes tourments. Et la satisfaction de l’ouvrage terminé me rend définitivement le sourire.

tricot pull col v noir laine et cashmere

Bilan de la journée

Tricot : pull de confinement terminé.
Projet : broder « Et merde » la nouvelle grille au point de croix mis en ligne gratuitement par Brode Pute.
Cuisine : Brunch, pâte carbo. Et pain à la cocotte ! J’en profite d’ailleurs pour partager quelques photos de vos belles miches 🙂