Confinement / jours 53 à 55 : derniers jours

Journal d’un isolement

Se confiner : S’enfermer, être enfermé dans un lieu (Larousse). Cela fait 55 jours que je tiens ce journal de cette période si particulière. J’ai souvent essayé de me mettre à la place de gens vivant dans un pays en situation exceptionnelle comme la guerre, la famine, un système politique différent. (oui la notion d’empathie va loin chez moi). Si nous ne sommes pas arrivés à ces extrêmes, le chamboulement de nos vies m’a donné envie de l’écrire, de garder une trace. Cet exutoire a permis aussi de garder le lien malgré l’isolement. Je clos aujourd’hui nos 55 jours de confinement.

Jour 53

Vendredi 8 mai
À l’inverse d’une majorité de français au chômage technique qui ne fait plus la différence entre les jours de la semaine et les week-end, j’accueille ce jour férié avec grand plaisir.

Violette passe le pont chez son papa. Commence donc une vrai pause de l’école à la maison, de la logistique enfant et du boulot. Ce vendredi se déroule comme un samedi : ménage, rangement et loisirs. Je profite au maximum de l’heure autorisée de sortie avec le poilu.

chien confinement landes pomme de pin

L’après-midi, c’est Joseph qui s’y colle. Parce que le chien a besoin de deux promenades. Et parce que ça fait prendre l’air à mon ado, l’éloigne de son écran… Mais depuis une semaine, le poilu fait de la résistance. Il se réjouit de voir la laisse puis se calme quand il s’aperçoit que je ne viens pas. À force de motivation, il finit par sortir. Mais jamais longtemps. Ils reviennent au bout de quelques minutes car il refuse d’avancer et fait marche-arrière…

Dépendance affective

Depuis que j’ai adopté ce chien il y a presque 5 ans à la SPA, je suis consciente que nous développons tous les 2 les symptômes de la dépendance affective. Lui parce que je l’ai sorti du refuge et d’une vie antérieure où il semble avoir été battu. Moi parce qu’il est arrivé au moment de ma séparation avec le papa de Violette. Pour toutes ces raisons, j’ai décidé à l’époque de n’appliquer aucune des règles de bon sens quant à la vie avec un chien. La seule consigne était le plaisir.

Il a par exemple le droit de se coucher sur le canapé et dans mon lit. Psychologiquement, cette proximité nous fait du bien à tous les deux. Son caractère non dominant fait qu’il n’en abuse pas. Sur le plan hygiénique, cela nécessite plus de ménage et un changement de linge de lit plus fréquent. Mais comme j’adore la sensation des draps propres, je ne me plains pas. Et la maison n’a jamais été aussi propre depuis que nous avons le poilu. Vous passez l’aspirateur tous les jours sur le canapé, vous ?

Déconfinement canin

Comme il est bien calmé après ses escapades quotidiennes en pleine nature et super sage, je peux l’emmener partout. Au bureau, en rendez-vous, en course, en vélo. Nous sommes rarement séparés. Donc en totale fusion. Je lis dans son regard son amour infini. Je lui parle comme une mamie à son chat. Nous sommes beaucoup l’un pour l’autre. Nous nous sommes sauvés. Je comprendrais que vous ne compreniez pas. Ou que vous trouviez ça ridicule. Moi-même – réputée pour mon regard critique hyper développé – je nous trouve parfois absurdes. Enfin, surtout moi. Mais au diable les conventions, on se fait du bien.

La vie quotidienne nous impose parfois des séparations. Ce n’est plus vraiment le cas depuis le confinement. Et le poilu en a profité pour développer à l’extrême ce lien de dépendance. Il faudra par conséquent penser à le déconfiner en douceur pour ne pas le faire souffrir…

Bilan du jour

Bricolage : ménage, repassage (juste pour Joseph à cause de son allergie aux acariens car je suis allergique au repassage). Mais aussi grand rangement : toujours dans l’optique de déménager, j’ai établi un plan de tri et rangement de toutes les étagères et placards de la maison. Comme tout le monde, je le fais (un peu) à chaque saison. Là, c’est un plan d’envergure. C’est parti ! Broderie sur un t-shirt et tricot l’après-midi.

Fils broderie sur T-shirt

Cuisine : risotto aux asperges et champignons. C’est la pleine saison des asperges dans les Landes. Je les fais souvent froides avec une bonne vinaigrette. J’avais envie de changer. Jo et moi nous nous sommes régalés. Yuri est moins fan des asperges chaudes. Je le note dans mon cahier de « J’ai 3 enfants et pas un seul qui aime les mêmes choses » !

Jour 54

Samedi 9 mai
Obligée de retourner faire des courses pour le prochain cocktail de Joseph – et oui le lycée et donc les travaux pratiques de cuisine / service ont repris -, je traîne les pieds. C’est dingue ces effets anxiogènes de la crise sanitaire et l’impact psychologique ! Au début du confinement, on avait l’impression de partir à Acapulco lorsque l’ont faisait une course. Puis, petit à petit, on s’est tous arrangé pour sortir le moins possible.

De la même manière, dès le début du confinement, je rêvais de boire un coup en terrasse. Aujourd’hui, je ne sais pas si j’en ai encore vraiment envie. Je ne pense pas être angoissée par la contamination du virus. Pourtant, je vis de plus en plus comme une recluse. Je me demande qu’elle sera notre vie déconfinée. Ce moi de mai mais aussi cet été. Et la fin d’année. Allons-nous tous revivre un jour comme avant ? Si oui arriverons-nous à savourer le luxe de nos libertés ?

Conjugaison au futur incertain

C’est la première fois depuis que nous sommes nés que nous ne savons pas de quoi demain sera fait. Cela nous est tous arrivé individuellement à un moment de notre vie. Suite à une rupture, un changement de carrière ou de configuration familiale. Mais pas de manière collective et aussi brutale. Je réalise que malgré mon attitude positive, la crise a réussi à me toucher. Comme vous, comme nous tous.

Il va falloir développer encore et encore des talents d’adaptabilité. Pour continuer à vivre autrement. Avec moins d’insouciance et plus de responsabilités. En se concentrant sur l’essentiel. Des changements dans l’ère du temps qui deviennent impératifs aujourd’hui. Et qui auront l’avantage d’être bénéfiques pour notre planète. Une fois que nous les aurons acceptés, digérés, ils nous ferons certainement le plus grand bien. Le changement, c’est maintenant !

Bilan du jour

Bricolage : poursuite du rangement / tri minutieux. Vivre encore plus légère devient un projet de vie. Tricot.
Cuisine : pain cuit à la cocotte, camembert rôti au four / salade. Avec supplément charcuterie pour les gars, ils n’ont pas – du tout – l’intention de devenir végétariens.
Lecture : alternance de Mermere d’Hugo Verlomme, éditions Actu SF et J’aurais pu devenir millionnaire, j’ai choisi d’être vagabond, de Alexis Jenni, éditions Paulsen. J’aime lire deux livres à la fois. Ces deux-là me plongent en pleine nature et dans des grands espaces chacun à leur manière. Et m’offrent un sentiment de liberté par procuration.

Compta : dépenses du mois d’avril dans mon bullet journal. Je fais ça depuis plus d’un an et cela me permet de contrôler mon budget par poste. Ce mois-ci par exemple, j’ai pu voir que notre budget alimentation a été multiplié par 2 ! La présence de Yuri et les repas du midi expliquent cette hausse. Tout comme notre tendance à compenser l’isolement par la cuisine et la nourriture… Je constate aussi que ces dépenses représentent plus que le budget habituel alimentation et cantine. Normal, les commerces de bouche ne m’appliquent pas une remise en fonction de mon coefficient Caf…

Jour 55

Dimanche 10 mai
On termine ce week-end et le confinement par une alerte orage avec risque d’inondation. Effectivement, en fin de journée hier, on a eu le droit à un bel orage suivi de trombes d’eau. Il pleut encore beaucoup ce matin. Je surveille une accalmie pour sortir le poilu. Phobique des coups de tonnerre, il se remet de sa nuit difficile en ronflant sur le canapé. La balade n’est pas urgente.

Chien mouillé confinement forêt landes

Je profite de ce temps gris pour poursuivre le rangement le matin. Pendant que Yuri termine sa nuit, brunch ensuite en tête-à-tête avec Joseph. puis, promenade humide avec le poilu qui se réjouit de la chute des températures. Avant le retour de Violette, je me mets à la couture de pochettes pour ranger les lingettes démaquillantes fait-maison. Cela faisait plusieurs jours que j’y pensais mais le beau temps m’incitait à préférer la broderie ou le tricot réalisables dans le jardin.

Loisirs de mamie

Plus je vieillis et plus j’apprécie ces tâches manuelles. Elles nécessitent une pleine attention qui vide la tête des soucis. Met en pause les ruminations. Et la satisfaction de fabriquer quelque chose de concret participe aux effets bénéfiques. Parfois, en cas d’humeur maussade, prendre des aiguilles se révèle plus efficace sur le moral que la lecture. J’ai 45 ans et des loisirs de retraités. J’aime la solitude. Des penchants à contre-courant de l’ambiance générale dans les Landes, terre de surf, festivals et concerts.

N’empêche qu’en confinement, ces passions m’ont permis de garder la tête hors de l’eau. Je compte bien les poursuivre après. Je souhaite comme tout le monde que cette période si particulière s’achève pour que la vie reprenne son cours. Et qu’il n’y ait pas de deuxième vague d’épidémie. Broder, coudre, tricoter représente le fil rouge de mon quotidien avant, pendant et après le confinement. Et si les choses rentrent dans l’ordre, ces loisirs ont le mérite de me préparer à une retraite équilibrée dans quelques années. Je suis prête !

couture pochette lingette sois toi et t es belle

 

Bilan du jour

Cuisine : œufs brouillés, pancakes.
Célébration : de notre dernier soir tous les 4. Violette est rentrée et Yuri repart demain à Bordeaux pour bosser. Je commande à emporter chez le fast food local pour leur faire plaisir. On fête aussi le rangement de sa chambre, demandé le premier week-end de confinement et réalisé aujourd’hui… J’ai glissé des masques, du gel hydroalcoolique et des recommandations dans son sac. Il m’écoute en souriant. Il a bientôt 19 ans mais sera toujours mon bébé.

Projets post confinement : poursuivre l’école et le travail à la maison. Trouver un rythme de vie qui nous met à l’abri des risques sans devenir parano. Arrêter ce journal pour reprendre des billets thématiques en lecture, bricolage, cuisine et humeurs. Revoir mes amis et ma famille. Restez positive.

 

 

Confinement / jours 49 à 52 : comme sur des rails

Journal d’un isolement

Se confiner : S’enfermer, être enfermé dans un lieu (Larousse). Cette 8ème semaine de confinement confirme que l’Homme s’adapte à tout. Entre télé-travail, école à la maison et vie de famille, on gère désormais notre rythme parfaitement. À tel point que l’échéance du lundi 11 mai ne changera pas grand chose pour nous. On reste sur ce modèle jusqu’à nouvel ordre.

Jour 49

Lundi 4 mai
La météo est estivale. C’est pourtant la reprise de l’école à la maison. Violette décide de réaliser tout son travail dans la matinée pour être tranquille ensuite. J’ai du travail, je la laisse en autonomie. Un mail de la maîtresse le soir nous précise que pour cette fois le vite-fait n’était pas bien fait. Elle a joué, elle a perdu…

Du côté de Joseph, c’est plus calme. Une classe virtuelle est programmée pour mercredi matin. Je le prépare psychologiquement en lui demandant de mettre ses cours au propre et de les classer. Comme d’habitude, il me répond « ok ». C’est un ado qui ne refuse jamais rien, qui ne s’oppose pas. Cela viendra peut-être un jour. En attendant, je savoure.

La tristitude

Côté travail, je m’active avec la reprise imminente. Pourtant, je me sens aussi seule qu’au début du confinement. Mes interlocuteurs ne répondent pas au téléphone, ni aux mails… Au début de l’isolement, ils n’avaient pas la tête au travail. J’imagine aujourd’hui qu’ils s’affairent à la reprise de leur activité. Je développe alors des talents d’humoriste, psychologue, conseillère en communication pour attirer leur attention sans les déranger. Je me sens quand même un peu seule et triste. Puis je souris en pensant à la chanson La tristitude de Oldelaf.

 

Bilan du jour

Travail : allez !
École : échec de la reprise en autonomie.
Cuisine : Focaccia au chorizo, salade de crudités.
Bricolage : tricot du pull de Violette le soir devant un film avec les enfants, La grande Muraille avec Matt Damon. Un film d’aventures historique et fantastique qui me fait sursauter à chaque attaque de monstres. Réaction qui agace prodigieusement mon fils. J’apprends à sursauter intérieurement.

Jour 50

Mardi 5 mai
Lors de la balade matinale, nous ne rencontrons pas âmes qui vivent avec le poilu dans la forêt. Aucun chien ou jogger ne croisent notre route et c’est la première fois depuis le début du confinement. Les gens s’essoufflent ? Ont repris le travail ? On ne se tracasse pas trop avec cette analyse sociologique et profitons du calme des grands espaces. De la beauté des nouvelles fougères qui verdissent les sous-bois. Du chant des oiseaux de plus en plus présents au fil des semaines de confinement. La nature aura repris quelques droits. C’est déjà ça.

confinement : la foret des landes retrouve son calme, le chien est ravi

L’été mais sans la plage

La journée s’organise entre les devoirs, mon travail, la restauration de tout mon petit monde. Le tout sous une chaleur digne du mois de juillet. On ressort les vêtements d’été, les tongs. Mais sans pouvoir aller à la plage… Et sans la perspective de bientôt y retourner puisque le gouvernement n’a pas autorisé leur réouverture le 11 mai à la fin du confinement. Des politiques se mobilisent pour la possibilité d’une plage dynamique. J’écris un article à ce sujet afin de préciser les enjeux loin d’être superficiels. Et je croise les doigts pour que l’amendement passe.

Sortie de confinement

À défaut de pouvoir aller à la plage, je fais deux pauses de ménagère dans ma journée de boulot. Un ravitaillement au supermarché pour tous les produits que je ne trouve pas chez les petits commerçants. Et une sortie aux containers de tri avec Yuri ! Interdits d’accès depuis le début du confinement, ils ont été remplacés par notre cabane de jardin. Qui déborde au bout de 7 semaines !

Suite à leur réouverture hier, nous nous motivons avec mon fils pour cette sortie palpitante. Avant de partir, nous hésitons à choisir le motif de sortie sur notre attestation… Ce n’est pas un déplacement pro, ni pour effectuer des achats de première nécessité. Il ne s’agit pas non plus de soins ou de motif familial. On hésite à prendre le chien pour pouvoir cocher la case déplacements brefs pour les poilus. Mais la voiture est pleine, il ne rentre pas dedans. Ce casse-tête superficiel et ubuesque me fait penser à Ubu roi d’Alfred Jarry. Je le note sur ma liste de relecture.

Bilan du jour

Boulot : la tristitude.
École : vite-fait et bien fait !
Recyclage : presque ! Marque de l’alcoolisme de la population, les containers de verre étaient plein. Signe du rangement des placards pendant le confinement, idem pour les bacs de vêtement. Nous rentrons donc avec notre verre et sacs de vêtements…
Cuisine : riz au safran et œufs, mi-espagnol, mi-marocain, les enfants adorent.
La bonne nouvelle : à défaut de reprendre l’école le 12 mai, Violette pourrait reprendre les cours d’équitation la semaine prochaine.

Jour 51

Mercredi 6 mai
La journée démarre par un événement inhabituel. Tôt ce matin, je bois mon café en compagnie de Joseph, levé pour sa classe virtuelle. Notre tête-à-tête garde sa nature silencieuse habituelle : il n’est pas un bavard et encore moins avant 8h !

Quand je lui demande en fin de matinée si tout s’est bien passé, il m’informe que la classe virtuelle n’était pas à 8h30 mais 9h30. Son décalage horaire me fait sourire. Depuis toujours, il vit décalé. In utero, le corps médical s’inquiétait de son poids et sa taille. Finalement, il n’a jamais utilisé la couveuse : il pesait 3,6 kg et mesurait 51 cm. Les médecins et sage-femmes n’ont rien compris… Il a marché tard – selon les normes – et sans passer par le stade 4 pattes. Il a parlé tard mais directement avec sujet, verbe et compléments. J’en ai cassé un verre en entendant sa première phrase.

Une différence qui fait toute la différence

Depuis, il parle peu mais jamais pour ne rien dire. Il est lunaire donc rarement sur la même planète que nous. En primaire, certains enseignants se sont inquiétés de ses apprentissages. Au collège, ils m’ont demandé de lui faire passer des tests et souhaitaient lui faire sauter une classe. Souvent dans des livres et passionné d’histoire, il a paradoxalement choisi la filière pro en section cuisine.

Très matures, ses réflexions psychologiques, politiques, économiques me font écarquiller les yeux depuis toujours. Déconnecté de la vie réelle qu’il juge superficielle, ses aptitudes logistiques et temporelles ont parfois le don de m’agacer. Si j’ai été inquiète ou dépassée, j’ai appris à le connaître et apprécier sa différence. J’essaye de l’aider à développer les interactions sociales nécessaires. Tout en l’armant pour ne pas souffrir des jugements quant à son décalage.

Quand les enfants nous élèvent

À la naissance de Violette, nous avions rencontré un super pédiatre qui avait sur sa carte de visite cette citation de Janusz Korczak, médecin-pédiatre, éducateur, pédagogue et écrivain polonais du début du XXème siècle.

C’est épuisant de s’occuper des enfants.
Vous avez raison.
Parce que nous devons nous mettre à leur niveau. Nous baisser, nous pencher, nous courber, nous rapetisser.
Là, vous vous trompez. Ce n’est pas tant cela qui fatigue le plus, que le fait d’être obligé de nous élever jusqu’à la hauteur de leurs sentiments.
De nous élever, nous étirer, nous mettre sur la pointe des pieds, nous tendre.
Pour ne pas les blesser. « 

Janusz Korczak – Quand je redeviendrai petit

C’est exactement ce que Joseph m’a appris à faire. Moi et mon fort caractère, pleine de certitudes, de raccourcis. Il m’a ouvert des fenêtres, appris à percevoir autrement des évidences , développé ma patience, mon écoute. Comme je ne suis pas parfaite, cela serait prétentieux de dire qu’il m’a rendue meilleure. Toutefois, je pense que je peux dire qu’il m’a rendue vraiment moins con.

Bilan du jour

Boulot : des gens me répondent aux mails, m’appellent… Proche de l’orgasme professionnel !
Bricolage : clôture très approximative pour freiner le longues oreilles dans sa dégustation de notre framboisier bien entamé… Chez nous, on ne clôture pas les animaux mais les végétaux. Recyclage du marche-pied des enfants pour qu’il puisse atteindre les branches du prunier.
Désespoir : ma balance de cuisine a rendu l’âme.
Cuisine : gâteau au yaourt à la vanille, idéal pour utiliser un laitage périmé et faire de la pâtisserie sans balance.
Bonheur du jour : cueillir un bouquet de pissenlits et trèfles pour le longues oreilles pendant la balade du poilu. Il a pris l’habitude et vient à notre rencontre dès notre retour.

Jour 52

Jeudi 7 mai
L’activité professionnelle semble reprendre son cours. Enfin. Et malgré le confinement. Des projets se réactivent. Avec l’incertitude de la continuité et les difficultés financières. Sans paraître légère, je prends en compte ses paramètres mais essayent de rester positive.

Je fais une pause à 11h pour me connecter en visio à une réunion d’informations organisé par le directeur d’école à propos de la reprise éventuelle. Non le 11 mai comme le claironne le gouvernement mais plutôt le 14 suite aux difficultés de mise en place par l’établissement et la mairie. En recevant 60 pages de consignes dimanche dernier, soit le 3 mai, il semblait impossible de les appliquer en une semaine…

Touche pas à mon stylo

Le directeur nous explique le mode d’organisation envisagée : l’accueil des enfants en temps scolaire seulement le matin pour laisser les enseignants poursuivre l’enseignement distanciel avec les élèves restés à la maison. Avec les effectifs réduits imposés par les mesures sanitaires et selon le nombre d’enfants à accueillir, un accueil périscolaire sera éventuellement mis en place parallèlement à ces temps scolaires. Le midi et l’après-midi sera assuré par l’équipe d’animation de la mairie.

Les enfants seront donc en petit groupe avec leur matériel d’école, leur couverts, leur verre. Ils ne pourront pas se toucher, jouer au ballon, échanger des jeux ou du matériel. Les groupes mangeront ou iront en récré à tour de rôle. Une expérience qui me semble plus traumatisante qu’autre chose pour les enfants. Des mesures sanitaires extrêmes qui me font réaliser que le risque d’épidémie reste bien présent. Et font de cette réintégration un danger pour les élèves et le personnel enseignant ou communal. Dans ces conditions et comme je peux poursuivre le télé-travail, je décide de ne pas renvoyer Violette à l’école.

Maître es école à la maison

Nous allons donc poursuivre ces journées en famille, entre enseignement, loisirs, cuisine et boulot. Je commence à trouver un équilibre entre pression, humour et discussion pour faire travailler les enfants sans leur hurler dessus. Jusque là, tout va bien ! On expérimente ainsi ce qui m’a parfois traversé l’esprit : l’école à la maison.

Je n’ai rien contre les enseignants, bien au contraire. Je suis plus dubitative à propos du système scolaire français… Et de la place de l’enfant dans ce système. Très clairement, les programmes, les emplois du temps, l’enseignement pédagogique prodigué aux apprentis enseignants n’intègrent pas les doctrines de Janusz Korczak. Contrairement à certains pays comme la Suède ou le Danemark. C’est dommage car l’école représente une part importante dans l’éducation de ces futurs adultes à se considérer et vivre ensemble… En attendant, je m’y colle. Et je pense très sérieusement à ajouter enseignement primaire et secondaire dans mes expériences professionnelles sur mon CV. Ainsi que confinement quand mes aptitudes.

Cure de phytoncides avec le chien dans la forêt des landes pour renforcer notre sysytème immunitaire

Bilan de jour

Boulot : premier jour vraiment concret depuis 8 semaines.
Bricolage : tricot du pull de Violette.
Lecture en cours : la réédition de Mermere de Hugo Verlomme, éditions Actu SF.
Cure : la forêt comme toujours au quotidien. J’ai lu dans l’éphéméride Flow du jour que « les arbres, en particulier les conifères, excrètent dans l’air des molécules appelées phytoncides qui ont un impact positif sur notre santé, notamment sur le système immunitaire ». Excellente nouvelle sachant que nous sommes en cure avec le poilu depuis plusieurs années. Si vous n’avez pas notre chance, achetez un sapin !
Déconfinement : entre télétravail et école à la maison, nous allons rester confinés en fait !
Perspective : aller marcher à la plage. Le gouvernement maintient l’interdiction mais laisse la liberté aux maires de demander l’autorisation aux préfets. À suivre !

relax dog confinement
Le poilu à la 8ème semaine de confinement…

 

Confinement / Jours 46 à 48 : reprise en main

Journal d’un isolement

Se confiner : S’enfermer, être enfermé dans un lieu (Larousse). Le moi de mai commence par un long week-end. Parfait pour reprendre les choses en main, se détendre avant la fin du confinement.

Bullet journal mai page de garde

Jour 46

Vendredi 1er mai
Nous y voilà. En mai. Le confinement depuis la mi-mars a fait défiler le temps. Comme si le début du printemps avait été effacé. Cette pause imposée et angoissante a provoqué chez de nombreuses personnes des envies d’activités pour contrer l’ennui. Entre les enfants, le boulot et la logistique famille, je n’ai pas encore eu le plaisir de m’ennuyer. Mais j’ai besoin de décompresser. Par exemple, j’ai pris plus de temps pour préparer la page de garde de mai de mon bullet journal. Plusieurs soirs, j’ai écris, reproduit le mot mai. Un exercice parfait pour me vider la tête. Pour ne pas me laisser avoir par la facilité de la répétition et rester concentrée sur chaque lettre, sa taille, sa position.

Un temps de chien

Jour férié. Pourtant, je travaille un peu. Le temps est pluvieux. Après avoir profité d’une accalmie pour promener le chien, je finis de cocher les missions pro de la semaine inscrites sur mon bullet journal avant le réveil des enfants. Machinalement. Pour avancer. L’arrivée d’un mail avec plusieurs pages d’une maquette me remonte le moral. C’est l’intérêt d’un projet collectif ambitieux. Il ne se concrétise que par la force des uns et des autres. La synergie entre des envies, des compétences, des tempéraments. Un équilibre entre les phases de découragement des uns et l’ébullition des autres. Ce mail tombe à point.

Comme un samedi

Une fois que les enfants sont levés, ce vendredi se déroule comme un samedi : rangement, ménage. L’après-midi, broderie, tricot et lecture. Le temps nous donne envie avec Violette de regarder un film tout en avançant sur notre coloriage géant acquis au Musée du Quai Branly il y a au moins 7 ou 8 ans. Le programme télé affligeant nous fait éteindre la télé et ranger le coloriage. Ce n’est pas ce week-end ni pendant ce confinement que nous le finirons. Il fait plus de 2 mètres. Violette se décourage. Je persiste. Un jour, il sera fini et accroché dans notre chambre !

Malgré la pluie nous laissons le lapin gambader dehors. Il ne cherche d’ailleurs pas à s’abriter et broute sous les torrents d’eau. Lorsque nous finissons par le rentrer pour le sécher, le poilu se prend pour sa mère et s’applique à le lécher. C’est la mignonnerie du jour.

Bilan de la journée

Boulot : un peu.
Bricolage : ménage, broderie, tricot, coloriage.
Ravitaillement : récupération de ma commande en ligne de fruits et légumes bio des Jardins de Castelnau.
Cuisine : sauté de porc et petits légumes au safran. Les garçons valident, Violette boude la viande. Elle devient presque végétarienne. Sauf pour le chorizo…

Jour 47

Samedi 2 mai
Le soleil est de retour. Le matin, je m’active dans la maison et fait une pause en forêt avec le poilu. L’après-midi, nous nous lançons dans une mission de reprise en main du jardin. Avec l’aide du papa de Violette. Et des enfants. Enfin, Joseph et Violette – Yuri dort…

En famille

C’est assez étrange d’évoluer tous les 4 dans un même espace, de se parler. D’être ensemble plus de 5 mn, 5 ans après la séparation. Nous remplissons notre mission avec succès. Le jardin est nickel. Nous sommes sales et en sueur. Tout le monde s’est parlé gentiment. Je suis touchée. Que les enfants aient participé de bon cœur – presque – sans râler. Mais aussi que le papa de Violette ait proposé son aide. Et que nous arrivions à nous parler gentiment. Si une séparation est toujours une douleur pour les enfants, j’imagine leur apaisement quand ils constatent des rapports sereins. À défaut d’avoir réussi à mener une vie de couple, nous ne nous débrouillons pas trop mal pour la séparation. Qui a dit que la notion de famille impliquait une cohabitation ?

La cuisine et la broderie, c’est la vie

Après le départ de Violette et de son papa, une bonne douche et Je me lance dans une pâtisserie. Après cet effort, je suis en hypo et des bananes se meurent dans la coupe à fruits. Pendant la cuisson des muffins bananes – pâte à tartiner, je me remets à la broderie à la lumière de jour. Quel plaisir d’être propre, fourbue et confortablement installée. C’est ce que j’aime dans l’effort. L’après !

Vans custom broderie

Je termine enfin la broderie de mes Vans commencée il y a un an. Après le tricot et la couture, j’avais très envie de me mettre à la broderie. Découvrir quelques comptes sur Instagram avec des réalisations plus modernes que « La petite maison dans la prairie » m’a fait sauter le pas. Comme celui de Jemma qui customise Vans ou Converse. J’avais une paire de Vans unie et tellement basique que je les portais peu. Je me suis donc lancée dans la broderie sur Vans. Quelle idée ! La toile est tellement dure qu’elle est difficile à piquer. Le concept de chaussures complique aussi la marge de manœuvre pour trouver le bon endroit pour piquer. Quand on débute en broderie, il faut apprendre à bien estimer les distances pour avoir un travail régulier et des motifs harmonieux. Mission quasi impossible sur des Vans…

Commencer et laisser de côté

J’ai la désagréable de manie de démarrer des ouvrages et de ne pas les terminer. Certains ont la zappette facile en télé. Moi, c’est en projet créatif… Après avoir réalisé l’arc-en-ciel et une fleur en m’esquintant les mains, en faisant et défaisant, j’ai laissé mes chaussures de côté pendant quelques mois. J’ai perfectionné mon piqué et mes gestes sur de la toile, des t-shirts. Bref, des supports plus souples pour un apprentissage. Puis, forte de ces expériences, j’ai repris mes tennis et j’ai terminé enfin cette customisation. Je suis ravie. Du résultat, et d’avoir terminé un projet. Et ce n’est pas fini.

Bilan du jour

Bricolage : Vans brodées, tricot du pull de Violette. Et jardin nickel, rasé, débarrassé des bambous, du lierre. Cette nudité ne me ressemble pas. Je me rassure en me disant que la nature va vite reprendre ces droits. Et que pendant ce temps, ma propriétaire a perdu une raison de râler.
Cuisine : muffins, saucisses, pommes de terre à l’eau (toujours en hypo), gariguettes des Landes.
Projet : terminer TOUS mes projets en cours pendant le confinement ! Une trousse brodée, une tête de rêne, des pochettes pour ranger les lingettes démaquillantes maison. Plus que une semaine, c’est pas gagné…

Jour 48

Dimanche 3 mai
Le soleil est toujours là. Je ne dors jamais les volets fermés. J’aime cet indicateur horaire et météo naturel. Je me lève tôt pour en profiter. Étendre la lessive au soleil quand le village dort encore. Partir en forêt avec mon poilu préféré. Avoir le reste de la matinée pour cuisiner, lire, tricoter, coudre.

Trouver sa place

J’ai connu quelques mésaventures dans la vie. Humaines, financières, professionnelles. Mais il y a au moins quelque chose que j’ai réussi – après mes enfants of course : ma migration dans les Landes. Je suis née et j’ai grandi en banlieue parisienne. Citadine de naissance, je pense que je suis campagnarde au fond de moi. J’aime la nature, c’est là que je me sens le mieux. En forêt, au bord de l’océan. Au calme et entourée par de grandes étendues naturelles. Installée depuis presque 12 ans dans les Landes, je savoure quotidiennement le bonheur d’être ici. C’est la première fois de ma vie, depuis que je vis dans ce paradis, que je suis contente de partir en vacances ET de rentrer. 12 ans que j’ai le sentiment de vivre en vacances. Que j’ai trouvé ma place. Est-il utile de préciser que cette impression est largement renforcée avec le confinement ?

Chien husky siberien foret des landes confinement

Transpirer sans bouger

Après une pause café – lecture, je reprends une trousse brodée à l’abandon depuis plusieurs mois. J’ai terminé la broderie, il reste la réalisation de la trousse. Comme je trouvais le mode d’emploi trop sommaire pour la piètre couturière que je suis, je l’avais laissé de côté pour le reprendre en compagnie de mon amie Soso, mon mentor en tricot, couture. Confinement oblige, je me motive en me répétant comme un mantra « Tu peux le faire » ! Je lis et relis la marche à suivre, je mesure, je tourne et retourne les tissus. Je me décide à couper. J’essaye d’assembler le tout dans le bon sens avant de me lancer dans la couture. Je transpire, fronce les sourcils. Joseph se lève et me sauve. Je vais préparer le brunch.

Le casse-tête de l’école

On termine ce dimanche en détente avec le retour de Violette. Demain reprise de l’école à la maison. Et peut-être dans une semaine à l’école tout court. Je n’ai pas encore pris ma décision. Un mail honnête du directeur m’apaise. Ils ne connaissent pas encore toutes les mesures à mettre en place. Ils vont y travailler la semaine prochaine et nous informerons des conditions d’accueil des enfants afin que nous puissions nous décider sur leur réintégration. J’imagine que certains parents salariés n’ont pas le choix. Le confinement s’arrête, ils doivent retourner travailler. Même s’il est plus complexe de travailler avec Violette et l’école à la maison, j’ai ce luxe. Je ne m’en priverai pas si je réalise que les pauvres enseignants et employés communaux n’ont pas les moyens d’appliquer les 60 pages de directives du ministère…

Bilan du jour

Yoga : 1. Quelle bêtise de ne pas m’y coller tous les jours. Prendre le temps pendant ce confinement. Les étirements détendent mes muscles endoloris par la mission SOS jardin de la veille.
Bricolage : J’ai abandonné mes velléités d’autonomie en couture, j’attends la fin du confinement pour profiter des conseils avisés de ma coach. Dans loisirs, il y a la notion de plaisir, pas de stress ! Reprise du tricot de Violette.
Cuisine : pain cuit en cocotte, brunch avec une omelette aux aillets et un délicieux smoothie jus d’orange frais, bananes, framboises, glace à la vanille, préparé par Joseph. + nouilles chinoises maison le soir. La cuisine, c’est la vie.

brunch dimanche confinement pain maison omelette aillets smoothie

Confinement / Jours 42 à 45 : espoirs et angoisses

Journal d’un isolement

Se confiner : S’enfermer, être enfermé dans un lieu (Larousse). L’impact psychologique de la 7ème semaine de confinement additionné à l’incertitude du déconfinement pèse sur le moral. On s’accroche coûte que coûte. Malgré les cons et la pression.

Chien couché sous le bureau
Le poilu s’accroche.

Jour 42

Lundi 27 avril
Depuis le début du confinement, j’ai le sentiment d’être en pause. Pourtant, entre le travail, l’école à la maison et l’alimentation de 4 personnes, je suis loin de chômer. Mais la notion de temps a changé. La distanciation sociale permet une reprise en main de nos emplois du temps. Et l’incertitude de l’avenir provoque une suspension de la vie. Malgré cette impression de flottement, le temps passe encore plus vite qu’à l’accoutumée. Les jours et les semaines défilent. La 7ème semaine de confinement débute. Et j’ai l’impression que c’est la seconde…

Que faire des cons ?

Après une bonne nuit de sommeil, je me remets au travail avec plaisir. Les projets avancent, je m’adapte à l’incertitude, trouve de nouvelles idées. Cette matinée de labeur agréable provoque l’arrêt définitif de mes ruminations sur les méchants cons et ma manière de les gérer. Je garde en tête de me replonger dans Que faire des cons, Pour ne pas en rester un soi-même, l’essai de Maxime Rovere. Une piqûre de rappel ne fera pas de mal pour la prochaine fois.

Confinement carnivore

Avant de me remettre au travail l’après-midi, je fais une pause cuisine. Le plat a besoin de mijoter. C’est parti pour des joues de bœuf à la moutarde et au Cognac à partir de la recette Papilles et Pupilles. Les garçons ont envie de viande. La recette est simple. Je n’ai pas tous les ingrédients mais au moins le bœuf, la moutarde et le Cognac, c’est le principal. La cuisson longue en cocotte rend la viande extra fondante. Bref un régal que je prends plaisir à préparer.

Au moment de la dégustation le soir, j’apprends à Yuri – qui vient de se lever – que notre Premier ministre va annoncer le plan de déconfinement demain à 15h. Il s’étonne de cet horaire : « Il veut faire ça en toute discrétion ? Que les gens ne l’écoutent pas ? ». Son second degré à propos de son rythme de vie nous fait beaucoup rire.

Bilan de la journée

Boulot : au top, pourvu que ça dure.
Cuisine : les joues de bœuf.
Petits plaisirs : éplucher et couper carottes, oignons, viande, herbes à 14h un lundi.
Bricolage : Il me reste de la laine pour faire un pull à Violette mais je m’impose d’abord de finir tous les projets en cours et inachevés, une mauvaise habitude. Je me remets donc à la broderie.

Jours 43

Mardi 28 avril
Matinée classique de confinement : boulot, balade en forêt. À 15h, Yuri se lève ! Il a mis son réveil pour écouter le Premier ministre. Après son discours, nous restons mitigés. Sur la réouverture des écoles. Et sur toutes ces propositions conditionnelles et conditionnées aux nombres de cas avant le 11 mai. Pour la reprise des lycéens, dont Joseph fait partie, le gouvernement ne se prononcera qu’à la fin du mois de mai. Je me demande l’intérêt de les faire reprendre en juin. Et commence à envisager qu’il termine son année à distance.

Reprise de l’école ?

Les bars et les restaurants restent fermés mais les écoles rouvrent ? Pour Violette en CM1, elle pourrait reprendre en mai. Si cette proposition de reprise a le mérite de ne pas laisser sur le carreau les enfants en situation difficile (maltraités ou en décrochage scolaire), elle favorise à nouveau la propagation du virus.

Même avec des effectifs de 15 enfants par classe, il est impossible pour un enseignant ou un personnel d’animation de leur faire respecter les distances. Ce sont des enfants de 3 à 10 ans donc des êtres mobiles et tactiles. À qui il va falloir demander de se reculer toutes les minutes, de ne pas se toucher ou toucher la table du voisin. Tout en assurant la classe, l’hygiène et l’école à distance pour les élèves restés à la maison. Si les membres du gouvernement s’occupaient d’enfants, ils sauraient que c’est impossible. Et ce ne sera pas de l’école mais de la garderie.

Avec jardin et sans plage

D’autres dispositions me semblent contradictoires. Les parcs et jardins pourront être à nouveau fréquentés mais pas les plages… Sur quels critères objectifs arrivent-ils à différencier ces étendues naturelles et y appliquer deux régimes ? Surtout, ils n’ont pas dû avoir vent des bienfaits de l’air marin et de la pratique d’activités sportives marines pour renforcer son immunité. Je me désole pour les surfeurs, les écoles de surf.

Réorganisation de la vie

Comme nous ne sommes pas du genre à ruminer pendant des heures, nous réfléchissons à l’organisation qu’implique cette reprise potentielle en mai. Yuri, qui travaille dans les restauration, est au chomage technique depuis le début du confinement. Il a été rappelé il y a quelques semaines par son patron pour une reprise du travail suite à la mise en place des livraisons de repas. Mais confinement oblige, Yuri n’a pu revenir à Bordeaux. Nous essayons donc de trouver une solution pour son retour le 11 mai.

Pour le travail, je fais le point sur tous les projets. Comment les poursuivre dans ces conditions, selon quelles échéances. Et avec qui. Bref, on s’adapte. En restant optimiste. Mais avec une pointe d’angoisse sur les mois à venir. À propos de la situation financière mais de l’impact psychologique aussi de l’isolement, de la crise. Il va falloir être fort.

Bilan de la journée

Boulot : avancer, avancer.
Cuisine : boudin noir, pommes de terre, pomme. Le genre de repas que nous ne faisons que lorsque Violette n’est pas là.
Ravitaillement : faute d’avoir pu conclure un drive – le paiement en ligne ne fonctionnait pas – je suis allée dans le petit supermarché du coin pour tous les produits que je ne peux pas trouver chez les petits commerçants. Uniquement des produits consommés par les enfants. Je me projette lorsqu’ils seront grands et que je ne mettrais plus un pied en supermarché. Oui je vois loin !

Jour 44

Mercredi 29 avril
En très grande forme. Suite à ma confrontation désagréable avec le monde extérieur dimanche et passée la période de rumination, j’envisage de déménager. Ce n’est pas une fuite, je sais que l’herbe n’est jamais plus verte à côté. C’est un besoin de changement, latent depuis plusieurs années. Mis de côté par manque de courage et qui m’apparait aujourd’hui faisable. Je reste réaliste, cela ne sera pas dans un futur proche. Mais cette nouvelle perspective m’allège et me booste. Je réalise une fois de plus que les expériences de vie négatives sont riches d’enseignement et débouchent souvent sur des éléments positifs.

Violette revient ce soir, je profite de cette journée de travail sans elle pour avancer au maximum. Car si elle est encore en vacances et que je n’ai pas à faire la maîtresse, se concentrer quand elle me parle ou me sollicite toutes les 5 mn se révèle compliqué.

Travailler en famille

Les rapports professionnels ont d’ailleurs beaucoup évolué depuis le confinement. Ayant l’habitude de travailler à la maison, j’ai toujours fait en sorte de m’isoler pour passer un coup de fil afin que mon interlocuteur ne perçoive pas la sphère familiale. Avec le télé-travail imposé par la crise, ce genre de précautions n’est plus de mise.

J’ai eu une conversation de plusieurs minutes avec une femme aujourd’hui et j’ai dû lui faire répéter ses réponses plusieurs fois. Les cris de ses enfants couvraient un mot sur deux… Cela ne semblait pas la gêner et m’a beaucoup amusée. On revient à des rapports plus honnêtes, sans faux-semblants. Cela m’arrange, j’ai toujours eu du mal à me glisser dans le costume de la pro ultra sérieuse. Pourvu que ce formalisme détendu perdure…

Bilan de la journée

Boulot : on avance…
Jardinage : J’ai taillé des bambous et commencé à creuser pour enlever leurs racines. Une mission physique et compliquée. Mais les coups de pioche et de pelle me défoulent.
Cuisine : C’était le tour de Joseph. Oui chez nous, les hommes cuisinent pendant que les femmes s’occupent des gros travaux.
Bricolage : J’ai craqué… Mes vieux yeux ne me permettent pas de broder le soir. J’ai donc démarrer un nouveau pull pour Violette avec des restes de laine.

Jour 45

Jeudi 30 avril
Tout en profitant de ce dernier jour travaillé sans école à la maison, je rumine le déconfinement. L’école a sondé les parents d’élèves pour savoir si nous comptions remettre nos enfants à l’école. Sans même mentionner quelles mesures de précaution ils envisageaient de mettre en place. Dans ces conditions, comment me décider ?

Une fausse reprise

Pour le travail, ce semblant de reprise le 11 mai, m’impose également de concrétiser des projets en pause. Pourtant, de nombreux professionnels ne sont pas autorisés à reprendre leur activité : bars, restaurants, salles de spectacles, écoles de surf, hébergements touristiques. Difficile là encore de reprendre vraiment. Pourtant, je dois avancer.

Nous avons subi cette période de pause inquiets de l’avenir. Nous devons maintenant reprendre le cours de la vie mais au ralenti. Avec, latente, cette inquiétude de parvenir. Et l’angoisse de propagation du virus. Et d’un nouveau confinement. La pression se révèle finalement plus forte au déconfinement.

Espoir vs angoisse

En faisant quelques courses, j’ai croisé des commerçants, des restaurateurs, des professionnels du tourisme et du spectacle. Tous sont abattus. Ils ne savent pas s’ils pourront se remettre de cette crise. Ils travaillent pour s’adapter aux précautions sanitaires. En investissant dans du matériel pour envisager une reprise. En dépensant de l’argent qu’ils n’ont pas et sans savoir s’ils ne vont pas participer à la reprise du virus ou subir de nouvelles fermetures.

La fin du confinement tant espérée représentait une lueur d’espoir. Elle se transforme en source d’angoisse. Lire le journal d’un ambulancier au front m’a beaucoup touchée. Et fait relativiser. La théorie de la relativité fonctionne toujours. Nous allons devoir plus que jamais rester optimiste, nous adapter. Faire attention aux uns et aux autres. Faire taire ou apaiser notre colère, nos inquiétudes pour avancer tous ensemble. Se réinventer. Comme ce mot « déconfinement » qui n’existait pas et que mon correcteur orthographique continue à souligner. Au boulot.

Bilan de la journée

Boulot : plus que jamais, je m’accroche à mon bullet journal pour enchaîner les missions et cocher les cases… Yuri se prépare à rentrer à Bordeaux le 11 pour reprendre le boulot. Sa copine étudiante ne sera pas autorisée à le suivre. Vivre seul, travailler, sans voir d’amis, tous restés dans les Landes. Je sens que cette perspective ne le réjouit pas. Mon bébé…
Cuisine : nouveau pain cuit à la cocotte avec un mélange de farine de petit épeautre et semi-complète. Yuri passe en cuisine le soir.
Bricolage : Courbatue des coups de pioche et de pelle hier, je fais une pause de la mission bambou. Et reprends le tricot du pull de Violette. Apaisant.

 

 

 

 

Confinement / Jours 38 à 41 : les montagnes russes

Journal d’un isolement

Se confiner : S’enfermer, être enfermé dans un lieu (Larousse). La vie en confinement réserve encore de belles surprises familiales. Et l’isolement physique n’estompe pas la richesse des relations amicales.  Il n’empêche pas non plus le monde extérieur, parfois, de surgir violemment dans notre bulle. Récit de ces montagnes russes.

Jour 38

Jeudi 23 avril
Je me sens plutôt heureuse dans cet isolement humain, à profiter au quotidien de mes 3 enfants. À alterner un travail que j’aime, les balades en forêt, de la cuisine et du bricolage. Pourtant, je dors mal. J’imagine que les angoisses liées mon avenir professionnel se rappelle à mon bon souvenir…

Parenthèse beauté

Malgré ces courtes nuits hachées, j’ai plutôt bonne mine. Ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas une reine de beauté. Je passe rarement plus de 5 mn dans la salle de bain. Et mon aspect m’importe peu. Parfois, j’ai des velléités de filles. Mais cela ne dure jamais plus de quelques minutes… Dans cette logique, j’utilise depuis des années des crèmes de jour soi-disant bio ou naturelle achetées en supermarché. D’abord parce que j’ai peu de moyens. Ensuite, parce que je préfère investir mon peu d’argent dans autre chose. Mais depuis une semaine, tout a changé.

J’étais en rupture de crème pour le visage. Parce qu’en cette période plus que jamais, je préfère donner de l’argent à des petits commerçants qu’aux hypers, j’ai donc étudié les produits cosmétiques sur le site de la Vrac Mobile. Et j’ai choisi la crème pour peaux sèches, déshydratées, matures (tout moi) Etxean Egina. D’abord, elle est locale : fabriquée dans une savonnerie artisanale de Saint-Étienne de Baïgorry au Pays Basque. Ensuite, elle est naturelle et bio : eau minérale naturelle, huile bio d’avocat, gel d’aloe vera bio, cire émulsifiante végétale, parfum 100% naturel, cosgard (conservateur en alternative aux paraben, agents parfumants citronellol, geraniol (aussi anti-moustiques naturel), hydroxycitronellol. Enfin, elle n’as pas si chère : 9,50 € les 30 ml, c’est plus que raisonnable.

Crème visage Etxean Egina, bio, local

Parce que je le vaux bien

Et je ne regrette pas. Elle a une texture crème fouetté hyper agréable à appliquer. Elle sent très bon avec une dominante de notes florales. Et surtout, son efficacité est impressionnante. Ma peau est de nature sèche. Et mes courtes nuits additionnées à ma mauvaise habitude de fumer font que j’ai un teint terne et une mine pas vraiment resplendissante. Après quelques jours d’application, ma peau est plus douce, mon teint illuminé.

Bref, cet aparté beauté superficielle pour vous dire qu’à 45 ans, j’ai trouvé MA crème de jour. Un événement dans une vie de ménagère de moins de 50 ans qui méritait d’être mentionné. Mais qui ne me donne pas envie de me transformer en blogueuse beauté, je vous rassure.

Bilan du jour

Teint : joli.
Boulot : efficace. Grand plaisir à écrire et enregistrer pour la radio une chronique de la dernière BD de David Snug, Dépôt de bilan de compétences, Éditions Nada. Je la poste bientôt sur le blog.
Cuisine : Yuri à l’œuvre avec ailes de poulet, riz, carottes râpées.
Plaisirs du jour : un cadeau déposé par une amie pour l’anniv de Violette, écriture, tricot, balade du chien.
Zoo : entente parfaire entre le poilu et le longues oreilles. Le jardin est notre nouvelle télé.

lapin bélier nain trop chou

Jour 39

Vendredi 24 avril
Je me suis lavée les cheveux. Désolée messieurs pour la nouvelle parenthèse beauté. Si je précise ce détail capillaire, c’est parce que c’est la première fois depuis 15 jours… Non, je ne fais pas partie des Français qui négligent leur hygiène pendant le confinement. Je pratique le soin capillaire le Low Pow No Pow. Et je viens de battre mon record. Mes cheveux semblent être aussi en pause, je n’avais aucune sensation de gras ou de démangeaisons. J’ai quand même fini par les laver. Je vous invite à profiter du confinement et de la distanciation sociale pour tenter d’espacer les shampoings. Parenthèse beauté terminée.

Les obligations

Dès le début du confinement, j’ai établi – comme tout le monde – une liste de choses à faire, en attente depuis plusieurs mois, voire des années, que je comptais réaliser pendant cette période de ralentissement. Après un mois, aucune mission de cette liste n’avait été cochée… J’ai donc laissé tomber ces projets pour arrêter de culpabiliser.

Depuis que je les ai sorti de ma tête, je me suis mise à les concrétiser… J’ai toujours eu un tempérament à la fois docile et contradictoire. Cela veut dire que souvent j’essaye de faire plaisir ou de me couler dans le moule du bon citoyen modèle de notre société judéo-chrétienne. D’autres fois, mon esprit et mon corps refusent de répondre à ces injonctions. Sociales ou personnelles. C’est le cas dans tous les domaines, le travail, les lectures, les sorties, la cuisine, les tâches ménagères… Si je lutte contre cette instinct rebelle, je mets des heures à réaliser ce qui pourrait me prendre quelques minutes. Et je souffre.

Sagesse de la liberté

Dans le cadre de ma vieillesse et de la sagesse qui est censée en découler, je me fixe donc de moins en moins d’obligations. Et finalement, je réalise de plus en plus de choses ! Cela s’appelle, escroquer son inconscient. Ou se défaire des injonctions. Surtout, cela me rend plus sereine. Comme pour notre chambre de filles, enfin rangée et astiquée dans tous les recoins la semaine dernière. Ou encore avec mes placards de cuisine qui attendaient depuis plusieurs années. La seule de bain me fait de l’œil mais je préfère ne pas trop y penser. Au risque de ne pas m’y mettre !

Bilan du jour

Boulot : facile avec la perspective du week-end !
Ravitaillement : Fruits et légumes aux Jardins de Castelnau. J’ai ai profité pour acheter des plants de tomates et un de framboisier à un pépiniériste local installé à côté.
Cuisine : muffins salés au fromage de brebis et champignon. Trouvé dans l’éphéméride de la revue Flow. C’est comme un cake salé mais plus présentable. Parfait pour accompagner notre salade de crudités.
Projets : jardiner, faire ma déclaration d’impôts.

Jour 40

Samedi 25 avril
Le week-end a démarré par un miracle. Yuri est venu en balade en forêt avec moi ! Même le chien n’y croyait pas et se retournait régulièrement pour réaliser ! C’est quand même la première fois en 5 ans. Lorsque je me suis levée ce matin, il n’était pas encore couché. Je lui ai proposé sans trop y croire et il m’a répondu : « Allez ! ». Un tête-à-tête rare et bien agréable. Je vous rassure pour sa santé, il s’est recouché ensuite et je l’ai réveillé pour le repas… du soir !

Garden therapy

Malgré certains voisins qui utilisent pendant des heures tondeuse, tronçonneuse et autres outils incompatibles avec un bien-être naturel, nous avons passé avec Violette la journée dans le jardin. J’ai préparé la terre, fait des trous et planté mes plants acheté le veille. Violette était censée m’aider. Elle a préféré jouer à côté et me solliciter toutes les 5 mn. Malgré cet environnement hostile, la garden thérapy a fait son effet. Et j’ai pensé aux confinés qui n’ont pas la chance d’avoir un jardin. Je ne suis jamais très ambitieuse pour le potager, seulement quelques plants. Je ne veux pas planter pour planter sans m’en occuper. Et ils ont besoin régulièrement d’être arrosés, désherbés.

Ces quelques pieds ne nous rendent pas autonomes en légumes. Mais ils me font du bien, me reconnectent à la terre, à l’essentiel. Une soupape tout le printemps et l’été après une journée de boulot et de maman solo.

Bilan du jour

Jardin : 4 plants de tomates et un pied de framboisier plantés avec amour et surveillés comme l’huile sur le feu pour que le longues oreilles ne les croque pas. Il s’est déjà attaqué à mes pieds de fraisiers…
Miracle : Après Martine à la plage, Yuri en forêt. Le titre est en cours d’écriture.
Fou-rire : Violette qui utilise mon hérisson de ménage comme monture et mime très sérieusement une cavalière. J’en ai pleuré. Ça fait du bien. Je croise les doigts pour qu’elle n’ait pas l’idée d’en faire un sport en compétition. Oui ça existe…
Cuisine : recyclage d’une salade flétrie en soupe selon la recette du chef Juan Arbelaez. Pour vous épargner les pubs sur le site de TF1 avant de visionner la recette : Faire revenir 3 gousses d’ail et un oignon dans une cocotte, ajouter la salade grossièrement coupée, mouiller, faites cuire 10 minutes, mixer. Pour l’adoucir, j’ai ajouté du fromage frais au mixage mais cela n’a pas suffit pour les enfants. J’ai adoré, eux moins. Ils ne valident pas l’idée de l’anti-gaspillage coûte que coûte.

Jour 41

Dimanche 26 avril
Violette est repartie chez son papa, les garçons dorment. Je profite de cette matinée calme et sans enfants pour écrire, lire, coudre. De ces quelques heures sans obligations ou impératifs.

Vivre sans les enfants

Il m’a fallu quelques années pour accepter de ne pas les avoir contre mon gré. La fatigue physique et psychologique d’élever trois enfants seuls au quotidien a fini par me faire apprécier ces pauses. En demie-semaine de garde alternée avec le papa de Violette, quelques week-ends et jours de vacances avec celui des garçons. Avec le confinement, j’ai les garçons tous les jours. Mais ils n’émergent jamais très tôt donc les matinées sont calmes.

L’homme est un loup pour l’homme, surtout pour la femme

Après le traditionnel brunch du dimanche, le monde extérieur dont le confinement nous coupe vient perturber mon dimanche paisible. C’est la première fois en 6 semaines. La violence en est décuplée. J’essaye comme je peux d’appliquer la théorie de la relativité. Mais elle ne fonctionne pas toujours. À la contrariété vient s’ajouter la culpabilité de laisser ce genre de bêtise humaine m’atteindre. Cet épisode me démontre que la carapace de sagesse que j’essaye de me forger depuis des années montre encore des failles.

Je passe donc au plan B et essaye moultes trucs & astuces pour sortir la tête de l’eau. Le soutien de mon parents et des copines fonctionnent bien. Le confinement n’empêche pas les oreilles attentives. Elles me soulagent. Et me divertissent de ma contrariété. La couture de mon pull de confinement fait aussi son œuvre. Chaque coup d’aiguille piquée m’éloigne de mes tourments. Et la satisfaction de l’ouvrage terminé me rend définitivement le sourire.

tricot pull col v noir laine et cashmere

Bilan de la journée

Tricot : pull de confinement terminé.
Projet : broder « Et merde » la nouvelle grille au point de croix mis en ligne gratuitement par Brode Pute.
Cuisine : Brunch, pâte carbo. Et pain à la cocotte ! J’en profite d’ailleurs pour partager quelques photos de vos belles miches 🙂